Merci

« Un roi faible affaiblit même le plus fort des peuples. »

— Luis de Camoens

 

Le 26 février dernier, la population estudiantine du Québec avait les yeux rivés à la télévision pour suivre le débat sur la hausse des frais de scolarité à l’émission Tout le monde en parle. Le porte-parole de la Coalition de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante élargie (CLASSE), Gabriel Nadeau-Dubois, entrait dans l’arène contre Arielle Grenier, porte-parole du Mouvement des étudiants socialement responsables du Québec (MESRQ).

Or, Arielle Grenier était de toutes les tribunes depuis quelques jours, se disant victime d’intimidation parce qu’elle est en faveur de la hausse. La même semaine, les «grands méchants grévistes» devaient justifier l’action irrationnelle de certains participants à la manifestation du 23 février, qui avaient cru bon d’occuper le pont Jacques-Cartier à l’heure de pointe.

Bien honnêtement, je m’attendais à ce que Gabriel Nadeau-Dubois soit bombardé de toutes parts et se lance dans de grandes envolées dépourvues de nuances pour nous vendre les avantages de la grève étudiante. Finalement, l’étudiant en histoire, culture et société s’est bien débrouillé. Il faut dire qu’à côté de la cacophonie d’arguments décousus et individualistes pro-hausses d’Arielle Grenier, n’importe quel argumentaire a l’air rationnel et posé.

Loin de moi l’idée d’attaquer personnellement Arielle Grenier; le tribunal du meme s’en est chargé suffisamment cette semaine. Néanmoins, dimanche soir, je me disais que le MERSQ devait bien avoir quelqu’un de plus raisonnable pour défendre la hausse des frais de scolarité.

J’ai obtenu réponse à mon interrogation assez rapidement. Le 28 février, le Devoir publiait la lettre ouverte de deux étudiants de l’Université Laval, Vincent Morin et Philippe Goulet Coulombe. Sympathisants du mouvement pro-hausse, ils souhaitaient se dissocier du «ramassis de pensées individualistes» de la jeune rouquine et relever le niveau du débat sur les frais de scolarité.

Or, après la lecture de cette lettre – très posée, respectueuse des idées d’autrui et raisonnable –, la vérité s’est imposée à moi: le mouvement pour la hausse n’a pas d’arguments. Ses adhérents ne font que hausser les épaules en se disant que eux ont les moyens de payer, alors pourquoi pas? Je doute même qu’ils soient profondément convaincus de la nécessité de la hausse. J’ai plutôt l’impression qu’ils se contentent de balayer du revers de la main toutes les pistes de solutions proposées par la CLASSE ou toute autre association étudiante militant contre la hausse. À preuve, dans leur lettre de plus de 700 mots, les deux étudiants ne proposent pas l’ombre d’un argument. À peine se demandent-ils si la mise en place d’un système d’imposition à 10 paliers aurait des conséquences économiques, avant de passer à un tout autre sujet. «Il y a tellement à dire sur les questions économiques et sociales que l’enjeu des droits de scolarité soulève», écrivent-ils. Je suis parfaitement d’accord. Mais le fait de dire qu’il faut en parler ne constitue pas un argument, en soit.

Oui, les solutions proposées par la CLASSE pour financer les universités dans une perspective de gratuité scolaire sont imparfaites. Mais au moins, la Coalition a un argumentaire. On ne peut pas en dire autant du côté du MERSQ. Je suis peut-être en grève, mais j’ai appris quelque chose cette semaine.

Merci!

 

Émilie Clavel

Rédactrice en chef

redacteur.campus@uqam.ca

 

 

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