Dis-moi qui est la plus belle

Je n’ai jamais vraiment envie d’écouter un film lorsqu’on me dit: «ben voyons, il a gagné tout un paquet d’Oscars!» Et au risque de paraître snob, les palmes de Cannes et les ours de Berlin me semblent souvent beaucoup plus crédibles que les strass et paillettes du petit chauve hollywoodien. Et ce n’est pas tellement parce que je remets en cause la qualité des gagnants. Au contraire, et ce, même si souvent les choix de l’Académie me laissent davantage sur un «onnnn» que sur un «wow». On a qu’à penser aux gagnants des dernières années. Au-delà de ça, c’est plutôt le branle-bas de combat précédent la remise des statuettes qui me laisse perplexe.

Il est toutefois vrai que les Oscars fascinent. Après tout, le glamour fait rêver, attire. Peut-être que ça vient du tapis. Carminé, ce dernier s’étale de tout son long chaque année, à la mi-février, prêt à être foulé par les vedettes de ce monde. Et ces derniers foulent. Foulent, sont foule et défilent. Vêtus de leurs plus beaux apparats, mis sur leur 36, ils pavanent, ne s’arrêtant que pour faire la pose pour les objectifs.

Avec du recul, il serait difficile de définir clairement cette cérémonie. Après tout, bien qu’elle soit la deuxième soirée télévisuelle en importance aux États-Unis – après le Superbowl – la soirée des Oscars n’en demeure pas moins un retentissant défilé de robes de bal. Et que celui qui ne s’est jamais rivé à son écran pour analyser et commenter les tenues des stars hollywoodiennes me lance la première pierre. Et qu’il en lance à tous les autres un coup parti!

Car, on peut bien se l’avouer, avec son heure et demie de durée, la «précérémonie », celle qui se passe entre la limousine et la porte d’entrée a de quoi en attirer bien plus que celle réellement programmée par l’Académie réputée. Et pendant cette heure et demie, le spectateur ne peut pas faire grand-chose. Exit les films, les comédiens et tout le tralala cinématographique. Pendant une heure et demie, on se croirait de retour dans la polyvalente de notre adolescence, la dernière soirée avant les vacances. «As-tu vu sa robe? Elle est beaucoup trop courte, trop rose, trop fleurie, trop si, trop ça…» Que ce soit à l’écran ou dans les salons, les commentaires fusent et les qualités professionnelles des nominés sont relégués au second plan, au profit des voilettes et crinolines hors de prix.

Et au final, ce sont les robes et coiffures qui retiendront le plus longtemps l’attention. La jambe droite dénudée d’Angelina Jolie a déjà son propre compte Twitter. C’est de ce que les gens parleront pendant les prochaines semaines. Quant au prix que la sulfureuse comédienne remettait, que nenni. Il a déjà sombré dans l’oubli.

Florence Sara G. Ferraris
Chef de pupitre Culture
culture.campus@uqam.ca

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