Chroniques d’une victime du système judiciaire

Avec Présumé coupable, Vincent Garenq est à des années-lumière de son dernier film Comme les autres, sorti en 2008, traitant d’un couple homosexuel qui veut avoir des enfants. Ici, on est dans un univers beaucoup plus sombre, basé sur une histoire vraie qui a ébranlé la France entre 2001 et 2005. C’est le récit d’Alain Marécaux, faussement accusé de pédophilie. D’abord entraîné dans la spirale infernale du système judiciaire, puis incarcéré, il sera finalement acquitté. Bien fait et d’un réalisme déconcertant, le film transporte le spectateur au cœur de ce qu’a vécu l’individu injustement accusé de manière très efficace.

Le style du film s’apparente beaucoup au cinéma direct, qui cherche le plus possible à coller au réel en captant la parole et les gestes de l’homme en action. Grâce à cette technique, le cinéaste parvient avec brio à nous faire vivre le cauchemar de Marécaux. Soulignons les excellents plans de caméra à l’épaule, et de cadre instable qui sont d’une grande authenticité. Les images plus floues nous plongent dans la tête de l’accusé. Ces dernières témoignent très bien de sa confusion, de son manque de force et de son désespoir. Les éclairages sobres, parfois naturels, ajoutent au réalisme de l’œuvre, ce qui est tout à son honneur. Fait non négligeable, l’absence de trame sonore dans le film est volontaire, dans un souci de l’épurer de tout ajout mélodramatique. Choix intéressant, qui fait vivre au public la solitude et l’impuissance de l’homme. Parfois aride et dur émotivement, le film adopte toujours un ton juste et colle de manière exemplaire à la réalité. Il est d’ailleurs basé sur le journal personnel qu’a écrit Alain Marécaux durant sa détention. Phillipe Torreton, son interprète, entre à merveille dans la peau de son personnage. L’émotion est palpable et sincère dans son jeu, sans jamais tomber dans la caricature.

 

Par contre, le film manque à certains égards de recul vers la fin, car il est collé sur les évènements qui viennent d’arriver. Selon moi, le long métrage n’accorde pas assez de place à la victoire à l’arraché de Marécaux sur le système judiciaire français. Le spectateur reste sur sa faim et garde plus l’impression d’un homme qui fut écorché par la justice française que celui qui s’en est tiré la tête haute. Un film à voir. Âmes sensibles, s’abstenir…

Présumé coupable de Vincent Garenq, France, 102 minutes.
En salles le 27 janvier.

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