Dix ans de militantisme étudiant

Enfant terrible du mouvement étudiant, l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE) souffle ses dix bougies. Si elle se mobilise pour des revendications quasi inchangées, elle a toutefois adapté son discours pour une meilleure image médiatique. 

L’ASSE a deux éternels ennemis : toute hausse des frais de scolarité et la «marchandisation de l’éducation», autrement dit l’adaptation des formations et de la gouvernance des écoles aux besoins des entreprises.

Le «syndicat étudiant» prend forme au début des années 2000,  alors que l’insatisfaction monte envers la Fédération étudiante collégiale du Québec et la Fédération étudiante universitaire du Québec, taxées de corporatisme par certaines associations étudiantes plus militantes. Parallèlement, le Mouvement pour le droit à l’éducation (MDE), principal regroupement en opposition aux fédérations de l’époque, mourait à petit feu. C’est dans ce contexte que l’acte de naissance de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante est signé le 25 février 2001, à Sherbrooke, par une cinquantaine de délégués représentant 23 associations étudiantes.

À sa conception, l’ASSE s’inscrivait dans la lignée du MDE : une alternative axée sur le syndicalisme de combat. «Nous voulions laisser tomber le lobbying pour créer un discours mobilisateur et créer un rapport de force entre État et mouvement étudiant», explique Jonathan Aspireault-Massé, un des membres fondateurs de l’ASSE.
Dix ans plus tard, l’ASSE représente 40 000 étudiants membres de 18 associations étudiantes collégiales et universitaires. À l’UQAM, les quatre associations étudiantes affiliées sont l’Association étudiante des cycles supérieurs de science politique, l’Association étudiante du module de science politique, l’Association facultaire de sciences humaines, l’Association facultaire des étudiants en arts.

Crise de la dizaine
De sa première décennie, le regroupement étudiant retient les résultats  probants de l’escalade de ses moyens d’action. «Les seuls reculs de l’accessibilité aux études qu’on a pu empêcher, c’est lors de mobilisations de masse, pas en serrant des mains dans des couloirs», affirme son secrétaire aux communications, Gabriel Nadeau-Dubois.
Le plus grand succès du syndicat étudiant? Aux yeux de son porte-parole, c’est la grève générale illimitée de 2005, déclenchée à la suite des coupures de 103 millions de dollars au régime de prêts et bourses de l’Aide financière aux études. Deux plus tard survenait son plus grand échec, soit la «lutte ratée au dégel des frais de scolarité de 2007» due, selon l’ASSE, à des problèmes d’organisation et de transmission du message. «La leçon à retenir, selon Gabriel Nadeau-Dubois, c’est l’importance d’être près des étudiants et d’adapter le discours à leurs préoccupations.»

Mais aujourd’hui, l’ASSE éprouve plus de difficulté à attirer ses membres dans les assemblées générales. «Une organisation a de la crédibilité auprès des décideurs quand les gens qu’elle représente la suivent», martèle Jacques Théorêt, ex-membre du MDE, prédécesseur de l’ASSE. Pour lui, la faible participation des étudiants aux assemblées handicape l’association étudiante. Cet essoufflement «ne fait toutefois pas exception à l’ensemble du mouvement syndical et communautaire», nuance Jonathan Aspireault-Massé, membre fondateur de l’ASSE.

Dans ce contexte, il est capital que les demandes de l’ASSE soient portées non seulement par le mouvement étudiant, mais par l’ensemble de la population québécoise, selon Jacques Théorêt. Pour convaincre la population québécoise d’appuyer les revendications du mouvement, il faut «tenir compte des médias sans édulcorer notre discours», répond Gabriel Nadeau-Dubois. Ce qui n’est pas du goût de tous les fondateurs. «À force de toujours réfléchir au reflet public, médiatique, de ses actions, les moyens d’action et le discours de l’ASSE semblent s’être ramollis», déplore Jonathan Aspireault-Massé, membre fondateur de l’association. Mais selon le secrétaire aux communications de l’ASSE, c’est cette stratégie médiatique qui a donné «crédibilité et résonnance dans le monde des médias et de l’éducation.»

L’ASSE manifestera aux côtés de l’Alliance sociale pour protester contre le budget Bachand samedi le 12 février prochain à la Place du Canada.

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