Le Campus au rendez-vous

Les bureaux en désordre, les murs tapissés d’affiches, les copies éparpillés autour desquelles s’animent des journalistes aux grands espoirs: par delà l’univers foisonnant du Montréal Campus, la caverne d’Ali Baba. Le petit cagibi qui jouxte le local du Campus renferme, parmi un bric-à-brac de papier, de trombones et de boîtes vides, des dizaines de volumes sagement alignés.
  
«Du haut de cette bibliothèque, trois décennies de journalisme étudiant vous contemplent !» Une solennelle voix d’outre-tombe? Ah non, tiens, c’est Rémi, le «roc de Gibraltar du Campus» comme disent certains, l’unique et vaillant représentant publicitaire qui assure la survie du journal depuis 27 ans.
 
Feuilleter les pages de ces volumes d’archives, c’est se rendre compte à quel point ce journal étudiant est un tremplin pour les journalistes en herbe. Cette ancienne collabo signe aujourd’hui à La Presse, celui-là au Devoir, ceux-ci à L’Actualité
 
Tout au long des trente ans d’existence du journal que vous tenez aujourd’hui entre vos mains, ces «anciens» ont fait leurs armes en couvrant les enjeux qui tenaillaient leurs collègues étudiants. En 1987, le centième numéro du Campus est publié alors que les uqamiens sont en grève pour protester contre le refus du gouvernement de Robert Bourassa de réformer l’Aide financière aux études et maintenir le gel des frais de scolarité. «La force du Campus réside non pas dans son affiliation à un groupe qui le finance, mais dans la volonté de ceux qui y travaillent de produire un journal sans l’aide de personne, écrit le rédacteur en chef d’alors, Miville Boudreault. Un journal qui fait ses frais et qui offre aux étudiants, peu importe leurs allégeances, de faire du journalisme.» Il répond ainsi à des militants ayant accusé le journal d’être «contre la cause étudiante» pour avoir continué à publier malgré le débrayage.
 
Le Montréal Campus étayera dans ses pages les enjeux et les débats qui font rage autour du financement universitaire. Il couvrira aussi la grève de 1990, déclenchée après l’annonce par Québec du dégel des frais.
 
En 2004, le Campus traite des compressions majeures dans le programme d’aide financière aux études effectuées par le gouvernement Charest, fraîchement élu. À peine quelques mois plus tard, les étudiants descendent dans les rues pour réclamer un réinvestissement dans ce programme. Le Campus fêtera ses 25 ans quelques temps après.
Aujourd’hui encore, les débats refont surface. Le gouvernement s’apprête à poursuivre les hausses de frais de scolarité: seul reste à définir dans quelle mesure. Le Campus souhaite encore une fois profiter de cette année marquante de son histoire pour apporter des faits et offrir des points de vue pertinents sur des questions qui préoccupent les étudiants d’aujourd’hui et détermineront la réalité de ceux de demain.
 
Si je pouvais me permettre un seul souhait, avant de souffler les trente bougies du Campus, ce serait de souligner l’importance de poser le débat actuel autour du financement universitaire sur le socle d’un principe cardinal: l’accessibilité. La beauté de l’aventure campussienne des trente dernières années repose beaucoup sur le fait que les journalistes en herbe d’hier et d’aujourd’hui ont pu aspirer à collaborer peu importe l’épaisseur de leurs portefeuilles. Vivement que les futures archives du Campus puissent refléter pareille diversité.
 
Guillaume Jacob
societe.campus@uqam.ca

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