Beaucoup de vœux de prospérité en ce début de 2011. Autant de vœux pieux, dans les circonstances. La population en général, et les étudiants en particulier, devront plonger la main encore plus profondément dans leurs poches cette année. En effet, depuis le premier janvier, nous payons 1 % plus de Taxe de vente provinciale (TVQ). Et, vous l’aurez constaté à votre première balade en métro, la Société de transport de Montréal a haussé ses tarifs étudiants pour la carte mensuelle de 38,75 $ à 41 $. Des miettes, diront certains, mais des miettes qui, mises ensemble, en viendront à compromettre le pain quotidien de la frange la plus vulnérable de la société, dont les étudiants sont souvent membres de facto.
Parlant de pain quotidien: quelques-unes des premières manchettes de cette nouvelle année de grâce du troisième millénaire nous apprennent que le prix des aliments de base est promis à une hausse vertigineuse dans les prochains mois, tant en raison des caprices de Dame Nature aux quatre coins de la planète que de l’avidité des spéculateurs de la bourse de Chicago (là où se fixent les cours des céréales).
On pourra toutefois se consoler en se disant que l’on profite d’un répit cette année du côté de la facture d’électricité. Mince réconfort, qui sera toutefois de courte durée. En avril, nos rapports d’impôt nous rappelleront les 25$ de l’impopulaire contribution santé imposée par le budget Bachand à partir de 2010.
Seules les entreprises ont de quoi se réjouir pour le nouvel an. En effet, le gouvernement Harper a généreusement fait passer le seuil d’imposition des entreprises de 18% à 16,5%. Les caisses du gouvernement fédéral, rappelons-le, devraient accuser un déficit de près de 45 milliards de dollars pour 2010-2011. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, fait toutefois le pari que de telles baisses d’impôts attireront davantage d’investissements étrangers au Canada dans les prochaines années. Espérons que ce sera pari gagné. De toute part, on appréhende le prochain budget fédéral comme celui du retour à l’équilibre. Un budget de la trempe de celui de 1995. Vous vous rappelez? Non? Vous avez raison. Ce sont de mauvais souvenirs. Paul Martin, ministre des Finances de l’époque, avait équilibré son budget principalement en sabrant dans les transferts aux provinces. S’était ensuivi un budget tout aussi austère de la part de Québec, avec des compressions importantes en santé et en éducation. D’ailleurs, ne parlons pas des hausses de frais de scolarité qui se poursuivront cette année encore, et ce, jusqu’à on ne sait quand, pour l’instant.
Le dénominateur commun de toutes les tuiles financières susmentionnées? Ce sont tous des frais et des ponctions qui viendront d’abord faire mal aux portefeuilles des plus démunis. En effet, la taxe de vente, les tarifs publics de tout acabit (dont les tarifs de transport et la contribution santé), le prix de la nourriture et les frais de scolarité ne sont pas moins chers si vous êtes pauvre.
Depuis leur arrivée au pouvoir, tant les conservateurs de Stephen Harper que les libéraux de Jean Charest collectionnent les politiques régressives. Stephen Harper baisse de deux points la TPS (plutôt que de baisser le taux d’imposition des ménages à bas et moyen revenus), Jean Charest en profite ensuite pour hausser la taxe provinciale (plutôt que de hausser les impôts des plus riches), instaure une contribution santé obligatoire qui ne tient pas compte de votre niveau de revenu, et annonce la hausse de plusieurs tarifs publics. Tout cela pour juguler le déficit, alors qu’en 2007, en pleine campagne électorale, il profite d’un transfert fédéral de 750 millions pour baisser d’une minuscule fraction les impôts (progressifs, doit-on le rappeler).
S’ils avaient une résolution à prendre pour 2011, nos élus devraient (entre autres) se souvenir que tout est relatif. Si les plus démunis paient autant que les autres pour les services publics qui profitent à tout le monde, la facture demeure, pour eux, plus difficile à assumer.
Guillaume Jacob
Chef de pupitre Société
societe.campus@uqam.ca
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