Gare à vos poches!

Épidémie de pickpockets sur le Plateau-Mont-Royal

Durant la belle saison, le Plateau-Mont-Royal se transforme en caverne d’Ali Baba pour les pickpockets, au grand désarroi des nombreux Montréalais détroussés alors qu’ils profitent de l’été sur les terrasses. Vigilance et prévention sont les mots d’ordre des tenanciers et policiers du secteur, aux prises avec ces malfaiteurs ingénieux et expérimentés.

Illustration: Dominique Morin (spoutnikmorin.net)

Quelques secondes d’inattention ont suffi au pickpocket pour dérober le précieux contenu du sac à main de Marjolaine Simard au Bar Plan B situé avenue du Mont-Royal. «J’avais placé ma sacoche sous le comptoir du bar. Elle était fermée en plus. Le pickpocket a profité du fait que je saluais une amie et a volé mon porte-monnaie», témoigne-t-elle, un peu frustrée. Marjolaine Simard admet qu’elle aurait dû être plus vigilante, surtout qu’en tant que serveuse au Bily Kun, un autre bar du Plateau Mont-Royal, elle est constamment exposée au phénomène des vols. Le quartier semble être devenu une cible de choix pour les pilleurs de portefeuilles qui n’hésitent pas à faire la tournée des bars pour renflouer leurs poches. 

«Des vols à la tire, il y en a beaucoup sur le Plateau, mais surtout l’été, affirme le commandant au Service de prévention de la Ville de Montréal (SPVM), Stéphane Bélanger. À partir d’avril, on dénombre énormément de vols à cause des terrasses qui ouvrent et des bars plus achalandés». Selon Guillaume Cloutier, attaché politique du maire de l’arrondissement, Luc Ferrandez, le Plateau serait très convoité par les voleurs à la tire à cause de son attrait touristique. «Le mont-Royal, les nombreux bars et restaurants, surtout sur le boulevard Saint-Laurent, rendent le quartier très populaire et animé. Si je me mets dans la peau d’un pickpocket, le Plateau est le lieu de prédilection», indique-t-il.

Habiles tours de passe-passe

Les pickpockets ne manquent pas d’imagination et de finesse. «Souvent, le pickpocket entre, ne boit rien et attend», remarque Marjolaine Simard. C’est après qu’il passe à l’acte et profite de l’insouciance des clients qui laissent leurs sacs au sol sans surveillance. «Le voleur utilise souvent un manteau ou un parapluie pour cacher la sacoche et dérober son contenu», ajoute le commandant Stéphane Bélanger. 

Joël Dupuis, gérant et serveur au resto bar Le Réservoir, rue Duluth à Montréal, en a vu des vertes et des pas mûres au cours de sa carrière. Celui qui a déjà pris en flagrant délit un voleur à la tire a été surpris à maintes reprises par l’ingéniosité de ces dépouilleurs de bourses. «Une fois, j’ai retrouvé des dizaines de portefeuilles et de sacoches vidés de leur contenu dans les toilettes du restaurant. J’ai su par la suite que des pickpockets avaient pillé les clients du Bar Blue Dog», se souvient-il encore, étonné par l’anecdote. Je suis certain que si on fouillait les poubelles de la ville, on serait surpris par le nombre de sacs à main volés!»

La serveuse du Bily Kun, Marjolaine Simard, commence à reconnaître certains pickpockets qu’elle a vus plusieurs fois à l’œuvre. «Je vois souvent une femme qui se promène dans les divers bars du Plateau-Mont-Royal avec un très grand sac. Tu ne pourrais pas te douter que c’est une voleuse. Elle n’est pas habillée comme la chienne à Jacques», s’exclame-t-elle. 

Meilleur remède: la prévention

«Dû à une épidémie de pickpockets sur le Plateau, nous vous demandons de faire très attention à vos portefeuilles et sacs à main.» Cette mise en garde se trouve sur chacune des tables du resto-bar Le Réservoir et fait partie du plan de prévention mis en place par le restaurant. 

Les policiers encouragent fortement les tenanciers à diffuser des mises en garde dans les bars. Quant aux clients insouciants, ils sont rappelés à l’ordre par le personnel. Le temps d’un verre entre amis, Ingrid Viranyi Décary, jeune étudiante, a été interpellée par un serveur du Bily Kun: «Mon sac était un peu entrouvert et on m’a bien mis en garde de le surveiller, car le bar n’est pas responsable des vols». 

Malgré ces tactiques, au moins deux clients par mois se font voler, selon Joël Dupuis, gérant au Réservoir. Il affirme toutefois que le nombre de personnes détroussées est en chute depuis un an. Cette baisse a également été observée par Marjolaine Simard du Bily Kun. Les mesures préventives mises de l’avant par les policiers et les tenanciers pourraient expliquer la diminution des vols.

 

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