La mère de Marc Lépine revient sur son passé


Vingt ans après la tuerie de Polytechnique, Monique Lépine était de passage à l’Université du peuple le 18 février dernier lors d’une conférence donnée par le groupe chrétien de l’UQAM, Iktus. La mère de l’auteur de la tragédie a révélé un pan peu connu du drame: sa propre vie après le 6 décembre 1989.

«Non, je ne suis pas une sans-dessein et non, mon fils n’était pas un drogué, s’est défendue Monique Lépine avec une note d’amertume. J’ai entendu beaucoup de reproches à mon égard. On a souvent affirmé que j’ai abandonné mes enfants… Je ne les ai jamais abandonné. J’ai tout fait pour les protéger.» 
«Lorsque j’ai entendu parler d’un tueur fou qui a assassiné quatorze jeunes filles, j’étais terrassée. À ma réunion de prières quelques heures plus tard, j’ai demandé qu’on prie pour la mère, sans me douter que c’était moi. Le lendemain, au boulot, deux policiers sont entrés dans mon bureau et j’ai dû les suivre pour un interrogatoire. Je venais tout juste d’apprendre la nouvelle. J’ai mis énormément de temps à m’en remettre», témoigne Monique Lépine devant son auditoire troublé. «Des meutes de journalistes voulaient me parler, je ne pouvais même plus entrer chez moi», déplore-t-elle. Abattue, elle a dû se réfugier chez un ami.
Une vie de famille difficile
 
Le choix de Monique Lépine de placer ses enfants chez des familles d’accueil pour poursuivre des études universitaires lui a valu de virulents reproches. La mère monoparentale qu’elle était ne voyait Marc et Nadia, sa fille, que les fins de semaine. «À l’époque, je croyais que le plus important, c’était de m’assurer que mes enfants et moi ayons une meilleure vie, pour qu’ils puissent faire ce qu’ils veulent de leur avenir… Mais je crois qu’ils avaient une carence du côté émotionnel»,  suppose-t-elle. Monique Lépine avait divorcé de son mari – dont elle n’a jamais mentionné le nom – après qu’il l’ait battue et blessé Marc.

Son fils était un homme secret, qui ne parlait jamais de ses sentiments. Elle déplore ce trait de caractère, un stéréotype masculin selon elle. «Encore aujourd’hui, c’est très difficile pour les hommes de se montrer vulnérables. Dans cette société où on veut tant la paix, il faut s’ouvrir aux autres pour changer les choses», commente-t-elle.
Selon Monique Lépine, les évènements de Polytechnique aurait aussi condamné sa fille, sept ans plus tard. Cette dernière, morte d’une overdose, aurait eu trop honte des crimes de son frère.
Un modèle pour les âmes en peine

Aider son prochain constitue désormais la principale motivation de celle qui est passée au travers des actes de son fils et de la mort de sa fille. «J’ai pris beaucoup de temps à guérir et à être capable de vivre à nouveau, j’espère que je peux aider les gens à faire de même avec leurs problèmes personnels», confie-t-elle. 

La mère de Marc Lépine a souligné l’importance de la foi dans les moments de détresse. Madeleine Delisle, vice-présidente de l’Iktus, espère que Monique Lépine inspirera les gens dans leur quête de sens. «Je crois que les Québécois ont peu de valeurs auxquelles se référer. Il y a un vide spirituel en ce moment.»

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