Un gagne-pain dans votre poubelle

Simon Martel et Jean-Sébastien Martineau sont comme deux alchimistes ayant découvert la pierre philosophale. Grâce à la magie du compostage, vos déchets, c’est de l’or pour les deux étudiants de l’UQAM. Ils arpentent les rues de Montréal pour collecter vos restes de repas et les transformer en engrais naturel.
Les deux vieux amis ont fondé ensemble la compagnie Services d’entretien ménager Martel, enregistrée il y a un an et demi. L’idée d’offrir un service de compostage leur est venue après l’opulence des célébrations de fin d’année. «Pendant le temps des fêtes, j’ai pris conscience de tous les déchets de table qui partaient à la poubelle et qui auraient pu être recyclés. C’est de là que tout est parti», relate Simon, étudiant en science des religions.

Depuis, Simon et Jean-Sébastien sillonnent les rues de Montréal pour collecter les déchets alimentaires de leurs clients. Chaque vendredi, seul jour de congé des deux étudiants à temps plein, ils louent pour quelques heures une voiture via le service de partage d’automobile Communauto – pour respecter leur démarche écologique. Ils récupèrent alors les sacs biodégradables – qu’ils fournissent –  lorsqu’ils sont pleins des restes de repas et transforment le tout en compost. L’engrais naturel est remis aux clients par la suite.
Passer au vert, ce n’est pas tout rose

Lorsqu’ils ont commencé à parler de leur projet autour d’eux, les deux compères ont été surpris de la méfiance de leurs clients potentiels. «Les gens sont étonnamment réticents. On a souvent eu des “non catégoriques”», rapporte Simon. «Il y a vingt ans c’était comme ça avec le recyclage parce que c’était nouveau, aujourd’hui, c’est la même chose avec le compostage», ajoute Jean-Sébastien, étudiant en science politique.

En échange du service à domicile, la modique somme de 4$ par semaine (3,50$ pour les étudiants) est réclamée. Bien qu’aucun de leurs clients ne semble aisé,  les deux amis pensent que c’est le prix qui rebutent le plus les gens à adhérer au service. «Maintenant il y a des sites de compostage, des éco-quartiers…Mais c’est difficile de composter quand on habite en appartement, et il faut aussi une certaine volonté», souligne Jean-Sébastien, qui reste malgré tout motivé.

Un brin anti-commercial – ce qui va parfaitement avec leurs idéaux – ils espèrent ne plus avoir à composter pour les autres «quand la population sera plus conscientisée et que la Ville de Montréal aura davantage pris les choses en main.»
Vert l’avenir

Les étudiants comptent déjà quelques clients réguliers et espèrent agrandir leur petite entreprise d’ici quelques mois. «Ça ne fait que commencer, explique Simon. Jusqu’à présent, on a dépensé plus d’argent pour les poubelles et les sacs de nos usagers qu’on en a gagné.» Pour subsister, Simon et Jean-Sébastien comptent sur l’autre facette de leur entreprise: le service de nettoyage ménager, toujours selon des principes respectueux de l’environnement. «Nous utilisons des produits écologiques pour l’entretien et nous lavons les planchers à l’eau froide», souligne Simon.

Pour les prochaines semaines, ils comptent focaliser leurs efforts sur la promotion. Toutefois, pas question de renier leur éthique écologique contre la croissance de leur affaire. «Pour la publicité de notre nouveau service, nous avons favorisé Internet, le bouche à oreille et on évite les flyers», signale Jean-Sébastien. Les deux entrepreneurs écolos pensent même faire du porte à porte. Attention donc si on frappe chez vous, la révolution verte est peut-être à votre porte.

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