Prise en grippe?

L’UQAM se prépare à la grippe H1N1

Des classes à moitié vides, des professeurs en convalescence, des corridors désertés: l’UQAM se dit prête à affronter les pires scénarios à l’aube d’une deuxième vague de la pandémie de grippe H1N1.

«Avez-vous peur de la grippe A (H1N1)?» Oui, disent 30% des répondants à un sondage effectué sur le site de l’UQAM, selon les résultats obtenus par Montréal Campus au moment de mettre sous presse.

Ouste la panique: selon les spécialistes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le scénario de la «grippe espagnole» de 1918-1919, qui a fait plus de 20 millions de morts, ne se répètera vraisemblablement pas. Mais la prévention s’orchestre en fonction du pire et, conscient de ce fait, un comité institutionnel de l’UQAM peaufine son plan d’urgence pour amoindrir les effets d’une deuxième vague de la pandémie en ces temps de rentrée scolaire.

«Grâce à notre plan de continuité, nous serons prêts à affronter un taux d’absentéisme de 35% parmi le personnel enseignant, affirme Alain Gingras, directeur du service de prévention et de la sécurité de l’UQAM et membre du comité. Les services essentiels seront maintenus en maximisant le travail des individus toujours aptes à fonctionner.»

Le comité dont il fait partie a été formé en 2006 suite à l’épisode de grippe aviaire et s’est donné pour rôle de «coordonner et d’implanter des solutions visant à limiter les effets d’une pandémie auprès des membres de la communauté universitaire.»

Une des premières mesures implantées pour informer la communauté uqamienne de la grippe H1N1 et pour actualiser les recommandations visant à freiner sa progression est la mise en ligne récente de l’adresse pandémie-prévention.uqam.ca. Le site présente notamment une grille d’aide en cas de syndromes grippaux. «On encourage les étudiants dont les symptômes s’apparentent à ceux de la grippe à rester la maison», indique le directeur du service de la prévention et de la sécurité de l’UQAM.

Mais pas question que la pandémie soit un prétexte pour dispenser les étudiants de leurs obligations académiques. «On est en train d’élaborer un système de contrôle et de recensement des absences avec les professeurs et les chargés de cours pour ne pas pénaliser les malades. On veut faire confiance aux étudiants, mais aussi éviter que ça devienne une échappatoire pour justifier des absences aux examens.»

Doser la peur

Le nombre de pertes humaines dues à l’influenza pandémique d’origine porcine se rapproche de celui des grippes saisonnières, mais le profil des victimes diffère. Selon l’OMS, les malades frappés par le virus sont inhabituellement jeunes. Autre particularité: un pourcentage élevé des 2837 décès dans le monde implique des personnes en bonne santé et sans antécédents médicaux.

Alain Gingras se veut toutefois rassurant: «Rien ne laisse croire que la population étudiante sera plus touchée. La majorité des cas concerne des jeunes de 5 à 19 ans. Évidemment, ça ne veut pas dire non plus qu’il faille négliger les actions à entreprendre.»

À ce jour, l’UQAM a eu vent de deux cas de contamination entre ses murs. «Un membre de la communauté a contracté le virus lors de la première vague, au printemps, tandis qu’un deuxième malade vient tout juste d’être diagnostiqué», relate Alain Gingras.

Pour atténuer la propagation du virus, des bornes de nettoyant antiseptique seront prochainement installées dans les pavillons de l’UQAM, une démarche qui tarde puisque l’UdeM et l’Université de Concordia ont déjà les leurs.

Bénigne chez la plupart des patients, la maladie ne semble pas vouloir muter pour devenir plus virulente. Et selon les observations de l’OMS, les cas où le virus est venu à bout de l’oseltamivir, un antiviral administré aux personnes atteintes, demeurent exceptionnels.

Seule certitude pour l’OMS, Santé Canada, le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec et Alain Gingras: il y aura d’autres malades et fort probablement d’autres victimes. Si la situation venait à s’envenimer, l’UQAM s’est offerte pour gérer l’administration de vaccins à toute sa population. «Nous avons affirmé notre disposition aux instances gouvernementales. S’ils nous fournissent les infirmières et l’équipement comme prévu, nous allons pouvoir vacciner toute la communauté universitaire et peut-être même la population avoisinant nos bâtiments.»

Novartis, un géant pharmaceutique suisse, a déjà trouvé un vaccin et se dit prêt à commercialiser des millions de doses par semaine dès cet automne. Le fournisseur principal du Canada, l’entreprise britannico-américaine GlaxoSmithKline, procèdera sous peu à des essais cliniques de son vaccin et a garanti 50,4 millions de doses au gouvernement, un contrat évalué à 400 millions de dollars. Les premières campagnes d’immunisation, financées à hauteur de 60% par Ottawa, devraient être lancées au cours du mois de novembre.

Les étudiants et les employés de l’UQAM sont invités à consulter Montréal Campus, le Journal UQAM, les écrans géants des pavillons, les affiches dans les salles de bain et les tableaux d’affichage pour prendre note de l’évolution du virus et des mesures d’hygiène à respecter.

Mais si tout se déroule comme prévu, les uqamiens pourront dire «bas les masques» sans même les avoir enfilés!

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