Ma chère UQAM, c’est à ton tour…

Quarantième anniversaire de l’UQAM

Sans tambours ni trompette, l’Université du peuple souffle cette année quarante bougies. Pour l’occasion, Montréal Campus vous offre un dossier sur le passé de l’UQAM et son futur.

La fête invisible 

Yves Lavoie

 

Des banderoles dans les rues Saint-Denis et Sainte-Catherine le clament: l’UQAM fête ses 40 ans. Comment l’Université célèbrera-t-elle son anniversaire? Très timidement.

 

Aucune grande fête, aucun événement majeur ne sont présentement prévus pour rassembler la communauté uqamienne. L’Université avait vu plus gros, en 1984, lorsqu’elle a invité l’Orchestre symphonique de Montréal à jouer à la Place des Arts pour célébrer ses quinze ans.

 

Pour ses quarante ans, l’UQAM propose plutôt un vaste regard sur son passé et offre de raconter son histoire. Expositions, réelles et virtuelles, sont au rendez-vous, tout comme un grand rassemblement de diplômés. L’École des sciences de la gestion et les six facultés auront chacune un mois d’honneur consacré à leurs activités.

 

Si vous espériez des feux d’artifice, un gros party, ou même un petit verre de mousseux, vous devrez attendre encore. Peut-être, qui sait, au cinquantième de l’Université?

 

L’UQAM du futur

«L’effet UQAM.» Ce slogan publicitaire est-il à l’image de l’avenir de l’Université du peuple? Le travail des uqamiens bouleversera-t-il des pays à l’autre bout du monde, un peu comme l’effet papillon? André Bourret, directeur du Bureau de l’enseignement et des programmes, a laissé Montréal Campus regarder dans sa boule de cristal pour répondre à ces questions.

 

Le visage de l’UQAM changera, prédit André Bourret. Malgré quelques années difficiles marquées par la débâcle financière du projet de l’Îlot Voyageur et de multiples grèves, l’Université connaîtra un dynamisme nouveau. Un changement auquel les professeurs et les étudiants ne seront pas étrangers.

 

L’embauche importante de nouveaux professeurs, un des gains réalisés lors de la grève du corps professoral l’hiver et le printemps dernier, aura un impact direct sur la recherche et l’enseignement aux cycles supérieurs. «Dans les années 1990, l’UQAM était plutôt considérée comme une université de premier cycle, explique André Bourret. Depuis, il y a eu des progrès dans ce domaine avec, par exemple, l’ouverture et le développement de programmes à la maîtrise et au doctorat.» Tous ces nouveaux professeurs, animés d’une volonté de faire progresser leur université, devraient avoir l’effet d’un coup de butoir.

 

La diversité de la population étudiante de l’Université devrait également augmenter grâce aux étudiants étrangers. «L’UQAM possède un certain pouvoir d’attraction sur les étudiants d’Europe, d’Amérique latine et même d’Asie du Sud-Est, observe André Bourret. On assiste d’ailleurs à une hausse des ententes avec les universités étrangères.» Cet état de fait devrait selon lui contribuer à l’internationalisation des enjeux préoccupant l’UQAM.

 

Le directeur du bureau de l’enseignement et des programmes annonce également un retour des intellectuels universitaires dans les débats et sur la scène publique. «Dans les dernières années, l’énergie était surtout concentrée sur la recherche pointue. Mais cela a changé. Avec des développements sur les aspects sociaux de la santé, la communication et l’environnement, par exemple, le rôle social des intellectuels de l’UQAM devrait revenir.»

«Ce qu’il faut comprendre, c’est que la crise majeure est derrière nous, conclut André Bourret. Le bateau flotte; il faut maintenant décider où le porter.»

 

Le vétéran

Nouredine Muelhi fait partie des meubles de l’UQAM. D’abord étudiant au baccalauréat en philosophie en 1976, il a quitté l’Université du peuple pendant un an avant d’y poursuivre son cheminement à la maîtrise et au doctorat.  Aujourd’hui, il y enseigne l’épistémologie, l’éthique et la philosophie politique. Voici son regard sur l’évolution de l’Université.

 

Montréal Campus: Pourquoi avez-vous choisi de rester à l’UQAM, l’université où vous avez étudié?

Nouredinne Mouelhi: Je suis resté parce que l’UQAM représente pour moi beaucoup plus qu’une institution d’enseignement universitaire. J’y ai mes amis. Avec le temps, c’est devenu mon milieu de vie. J’ai toujours bien apprécié la rigueur et l’attention de mes pairs.

De plus, durant les années 1970 c’était véritablement un milieu de critique et de contestation. Comme je suis moi-même un peu anticonformiste, j’ai aimé vivre cette atmosphère, nouvelle au Québec, en compagnie des professeurs et de mes collègues étudiants.

MC: Selon vous, quelle est la caractéristique fondamentale de l’UQAM?

NM: Autrefois, beaucoup plus que maintenant, l’Université démontrait une ouverture aux étudiants anticonformistes qui souhaitaient remettre en question les valeurs sociales, politiques, religieuses, etc.

MC: Pourquoi dites-vous autrefois, plus que maintenant?

NM: Aujourd’hui, l’UQAM se compare aux autres universités québécoises. L’atmosphère de contestation des années 1970 s’est effacée, surtout en dehors des sciences humaines. Maintenant, les étudiants qui sortent des cégeps n’ont plus les mêmes préoccupations.

MC: Est-ce à déplorer?

NM: Les diplômés de l’UQAM ressemblent dorénavant à ceux d’autres universités du réseau de l’UQ, de l’Université de Montréal ou de Sherbrooke. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose: l’UQAM n’a plus rien à envier aux autres institutions en ce qui concerne la qualité de ses programmes et de son enseignement.

MC: Que souhaitez-vous à l’UQAM pour les vingt prochaines années?

NM: D’abord, un investissement en éducation. Ensuite, donner à l’UQAM la place qu’elle mérite, c’est-à-dire cesser de considérer qu’elle est moins performante que les autres universités au Québec. C’est malheureusement ce qu’il nous arrive d’entendre, encore aujourd’hui.

Je souhaite aussi qu’elle soit mieux gérée, ce qui n’a pas nécessairement été le cas dans les dernières années. Les problèmes financiers que connaît l’Université depuis quelque temps, à cause du projet de l’îlot Voyageur entres autres, en témoignent.

 

Sept choses à savoir sur l’UQAM

Daniel Blanchette Pelletier

 

1. L’Université Sainte-Marie? C’est le nom que l’UQAM aurait porté si elle avait été créée dès 1960 à la suite de la demande des jésuites. L’Université Louis-Jolliet et l’Université Louis-Joseph Papineau sont d’autres noms qui ont été envisagés à l’époque.

 2. Lors de la première phase de construction du campus de l’UQAM, le chantier a été pour un temps le plus gros chantier de construction au Québec, après celui de la Baie-James. En 1977, 800 ouvriers y travaillaient.

3. Avant son acquisition par le gouvernement du Québec en 1973, le pavillon Athanase-David a accueilli l’École Polytechnique, l’Agence de voyage Tourbec  et le Cégep du Vieux-Montréal. C’est d’ailleurs ce dernier qui lui a donné son nom en 1969.

4. Depuis 1969, neuf recteurs se sont succédé à la tête de l’UQAM, dont deux femmes. Claude Corbo, l’actuel recteur, a pour sa part occupé le poste à deux reprises. Son premier mandat date de 1986 à 1996.

5. L’UQAM n’est pas basée uniquement au centre-ville de Montréal. Elle compte quatre centres de formation régionaux: UQAM Lanaudière, UQAM Laval, UQAM Montérégie et UQAM Ouest-de-l’île.

6. L’Université du Peuple a déjà servi de modèle pour la République populaire de Chine: en 1975, une délégation universitaire chinoise est venue s’inspirer de la politique d’admission en vigueur à l’UQAM.

 7. Le logo de l’UQAM a été créé en 1997 par Frédéric Metz, designer et professeur à l’École de design de l’UQAM qui a pris sa retraite en mai dernier. La présence de l’accent grave sur le À avait alors soulevé une controverse linguistique. La décision finale stipule que l’accent ne doit être utilisé que pour le logo et non l’acronyme.

 

L’UQAM : D’hier à aujourd’hui

En 40 ans d’histoire, le visage de l’UQAM a changé. Aménagé sur l’ancien site du Quartier latin, le campus de l’Université compte désormais 31 pavillons, concentrés au centre-ville de la métropole. Court historique d’un long et fastidieux développement urbain.

 

Décembre 1968 – Adoption du projet de loi 88 qui enclenche la création de l’Université du Québec. L’UQAM est alors le regroupement de cinq institutions scolaires déjà existantes: l’École normale Jacques-Cartier, l’École normale Ville-Marie, l’École normale de l’enseignement technique, l’École des Beaux-Arts de Montréal et le Collège Sainte-Marie. 

9 avril 1969 – Création officielle de l’UQAM en vertu de la loi sur les universités du Québec. Déjà, 120 programmes d’études y sont offerts. À la première session d’automne, 3845 étudiants sont inscrits, à temps plein ou à temps partiel.

1971 – Inauguration du premier pavillon de l’Université, le Pavillon des sciences.

13 avril 1979 – Inauguration des pavillons Hubert-Aquin et Judith-Jasmin. Ce dernier est érigé sur le site de l’ancienne église Saint-Jacques, la première cathédrale de Montréal, construite de 1823 à 1825. À l’époque, 18 000 étudiants fréquentent l’UQAM.  

1987 – Le Département de danse emménage dans le Pavillon Latourelle, alors occupé par les activités sportives de l’Université. Le Pavillon devient dès lors l’un des seuls espaces au monde entièrement consacré à la danse.

16 février 1999 – Fin de la phase IV des travaux de construction du campus de l’UQAM avec l’inauguration du Pavillon J.-A.-DeSève.

Automne 2005 – Rattachement de la Télé-Université à l’UQAM. Soixante-cinq programmes d’études s’ajoutent à ceux déjà offerts du premier au troisième cycle.

 1993-2006 – Construction du Complexe des sciences Pierre-Dansereau. Le Complexe compte quatre pavillons, des résidences universitaires ainsi que le centre Sportif.

2005 –  L’UQAM se lance dans le projet de l’îlot Voyageur. Les imposants dépassements de coûts de celui-ci et du Complexe des Sciences forcent l’Université à cesser les travaux et à obtenir une aide gouvernementale. Le bâtiment est toujours inachevé aujourd’hui.

9 avril 2009 – L’UQAM à 40 ans, c’est: 31 pavillons, 243 500 diplômes décernés à 199 000 diplômés, 61 000 étudiants, dont 20 000 à distance, plus de 300 programmes de formation et un déficit d’une vingtaine de millions de dollars.

 

Déménager, c’est du sport!

À l’automne 2007, l’UQAM fêtait les dix ans de son Centre Sportif. Si les équipes de l’Université du peuple n’est toujours pas aussi puissantes que celles de l’Université Laval ou de l’Université de Montréal, reste qu’elles font des pas de géants.

Au début de l’UQAM, les activités sportives se déroulent au Pavillon Lafontaine. Le sport uqamien est toutefois déplacé jusqu’en 1986 au Pavillon Latourelle, actuel Pavillon de Danse et ancienne Palestre nationale, un centre sportif voué au développement d’athlètes professionnels. Lorsque le Département de danse occupe la totalité du Pavillon Latourelle, l’UQAM redirige ses activités vers les locaux de l’École de technologie supérieure. Ce dernier déménagement est toutefois temporaire puisqu’on entame quelque temps plus tard la construction d’un Centre Sportif, rue Sanguinet, en 1994. Et depuis 1997, aucun déménagement.

«Chaque année, la participation des usagers de l’UQAM au Centre Sportif augmente de 1 à 2%», chiffre Mario Dufour, actuel directeur du Centre et employé de l’UQAM depuis 22 ans. Les nouvelles installations y sont pour beaucoup.

«L’ouverture du centre sportif a permis à l’UQAM de reprendre une place dans l’échiquier du sport universitaire», croit Michel Dufour. C’est d’ailleurs en 1998, un an après l’ouverture du Centre, que l’UQAM a participé pour la première fois au championnat canadien de soccer.

En 2002-2003, deux équipes de basketball (masculin et féminin) sont créées à l’UQAM sous la bannière des Citadins. L’année 2003 marque le début des compétitions. Quelques années plus tard, en 2006, les Citadins remportent le Championnat provincial du sport universitaire et obtiennent ainsi une première participation aux championnats canadiens.

Outre le basketball et le soccer, les Citadins représentent également l’UQAM dans d’autres disciplines sportives, dont le badminton et le cheerleading. Et que ceux qui croient que les uqamiens ne sont que des hippies se le tiennent pour dit: l’UQAM se montre très performante sur la scène provinciale en golf et en ski alpin!

 

Le cœur de l’UQAM

Yves Lavoie

 

La Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM est une bête imposante. Elle forme environ le quart des diplômés en enseignement du Québec. Sur l’île de Montréal, ce sont plus de 60% des maîtres qui passent par l’Université du peuple. Rien d’étonnant, puisque former des enseignants fait partie de la mission fondamentale de l’UQAM.

Les années 1960 ont été marquées, dans la foulée du rapport Parent, par l’abolition des écoles normales, d’où était issue une partie des enseignants du Québec. Il incombait donc aux universités de former les maîtres et l’UQAM a joué un rôle crucial. Sa création, en 1969, résulte du regroupement de cinq institutions d’enseignement, dont les trois écoles normales francophones étatiques de Montréal.

Avec les années, la Faculté des sciences de l’éducation s’est développée fidèlement à la mission de l’Université. «Si bien que l’on confond souvent Faculté de l’éducation avec domaine de l’enseignement, constate la doyenne Monique Brodeur, alors qu’en fait l’éducation est à la croisée des chemins d’une multitude de disciplines en constante évolution.»

Dont une maîtrise en orthopédagogie sur la voie d’être accréditée par le ministère de l’Éducation, des Loisirs et du Sport. Ou la neuroéducation, qui se développe à l’UQAM sous l’œil attentif du professeur Martin Ripoel. Après avoir fouillé l’espace à l’aide de rayons infrarouges, l’astronome de formation s’apprête à scruter le fonctionnement du cerveau des apprenants à l’aide de la même technologie.

Selon Monique Brodeur, on assiste présentement à un essor de la recherche en éducation, qui vise à améliorer la formation universitaire. «Cette culture de recherche est récente, explique-t-elle, mais continue la mission de formation des maîtres.»

 

 

 

 

 

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