Fin de session en quatre temps

Le ridicule en chiffres

1. Une journée. C’est le délai nécessaire au gouvernement Charest pour annoncer son soutien financier si un Québécois souhaite acquérir le club de hockey Canadien. Un mois et trois semaines. C’est le laps de temps écoulé depuis le début de la grève à l’UQAM pendant lequel les libéraux n’ont rien fait, si ce n’est de brandir le spectre d’une loi spéciale pour mettre fin au conflit de travail. Drôle de sens des priorités que celui du gouvernement provincial.

2. Dix-neuf semaines. C’est le temps total d’enseignement perdu en grèves pour un étudiant en communication et science politique qui a commencé son baccalauréat en 2006-2007. C’est un peu plus d’une session complète. Et l’UQAM affirme encore qu’elle n’offre pas de diplômes à rabais. Ridicule. Si la qualité de ses programmes lui tenait tant à cœur, elle ne prolongerait pas la session d’une semaine seulement alors que ses professeurs ont fait la grève pendant près de deux mois.

Marc-André Sabourin

Rédacteur en chef

 

Échec pour la ministre de l’Éducation

Le temps d’une chronique, je me mets dans la peau des chroniqueurs politiques du Devoir qui, à chaque session parlementaire, décernent à nos élus un petit bulletin scolaire. J’attribue donc la mention ÉCHEC à notre ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, pour:

Son projet de loi 107, mort au feuilleton lors des élections provinciales. Il imposerait que les deux tiers des conseils d’administration des universités soient composés de membres du secteur privé. Une façon peu élégante de dire que l’ensemble des acteurs du monde universitaire étaient des incompétents, incapables de gérer leurs propres établissements, et qu’il fallait donc des chiens de garde du monde des affaires pour les surveiller;

Son ingérence dans les négociations entre les professeurs de l’UQAM. Elle a imposé un médiateur du Conseil du Trésor pour accélérer les négociations, une mesure qui pour l’instant s’est avérée peu effective. Auparavant, elle avait exigé l’étude d’étalonnage d’une firme privée;

Son refus systématique aux demandes d’entrevues des médias étudiants de l’UQAM, journaux ET radio compris. Ce serait la moindre des choses qu’elle daigne répondre aux questions des journalistes étudiants;

Sa lenteur à régler la crise financière de l’UQAM. Il a fallu près de deux ans avant que l’UQAM ne reçoive les 465 millions dont elle avait besoin pour éviter la banqueroute. Deux ans durant lesquels les frais d’intérêts se sont accumulés. En septembre 2008, rappelons qu’ils s’élevaient à 56 000$ par jour.

Mme la Ministre, votre poste à l’Éducation n’est-il pour vous qu’un stage dans l’attente de briguer un jour le poste de ministre des Finances?

Gabrièle Briggs

Chef de pupitre UQAM

Des élections d’abord, oui!

Vous finissez cette session (ou espérez la terminer avant juillet) et vous avez une étrange sensation de vide, comme si vous aviez oublié vos clés à la maison. «Ai-je nourri les poissons rouges?» Oui. «Ai-je étudié pour mon examen de machin-truc-et-démocratie?» Affirmatif. «Ai-je eu droit à ma grève annuelle de plus de cinq semaines?» À n’en pas douter! «Me suis-je retrouvé dans un isoloir, un objet pointu et lisse à la main, hésitant entre deux candidats?» Bingo!

Au moment de la parution de ce journal, cela fera quatre mois et 14 jours que vous n’aurez pas voté pour un mini-Trudeau completely bilingue, un médecin de gauche lanceur de godasses ou une ministre ignorant qu’elle peut voter dans sa circonscription électorale. Quatre longs mois sans Bernard et sa tendance qui se maintient, sans un tournant vert qui tourne au vinaigre, sans un adéquiste qui se menotte à un sapin de Noël pour sauver l’identité québécoise. Angoisse et apitoiement! Au diable la crise économique, donnez-nous des élections!

Heureusement, vous pourrez très bientôt courir aux urnes pour élire un nouveau maire en novembre: le sortant, qui ne sait pas dans quel sens porter son casque de vélo et dont les bras, droit et gauche, semblent être en conflit d’intérêts, ou la grande gueule du centre-ville qui tapisse les murs du métro de son sourire entendu, essayant de faire oublier qu’il n’a fait déneiger qu’un côté de rue tout l’hiver?

Et il y a le frisé de Québec, celui qui perd des points dans les sondages chaque fois que le soleil se lève, et les yeux de chat d’Ottawa, celui qui enfile les annonces à saveur électorale comme des crevettes sur une brochette.

Vous ne vous ennuierez pas, pas même de moi et de mes envolées de – pas – bon goût.

Caroline Chrétien

Chef de pupitre société

Bouge, Montréal!

Amis de Québec, débattez-vous encore de la validité du but d’Alain Côté en 1986? Il y a alors de fortes chances que l’annonce du retour du Moulin à images de Lepage et celui du Cirque du Soleil dans la Vieille Capitale ait eu pour vous une douve saveur de victoire.

Et pour cause! Alors que la politique culturelle montréalaise se complaît dans l’immobilisme le plus complet, à Québec, les entreprises se multiplient. Pas sans controverse, il est vrai: le maire Régis Labeaume dû se battre pour faire avaler la pilule de 22 millions de dollars à ses citoyens. Mais il se trouve qu’en culture, rien n’est simple. Les retombées financières sont souvent difficiles à évaluer, les consensus populaires, rares.

Seuls les beaux risques peuvent créer de belles surprises, devront se dire les élus montréalais s’ils veulent cesser de se faire damer le pion. Ce que je souhaite à mon successeur au pupitre culturel? Qu’il ou elle puisse enfin écrire sur des résultats concrets plutôt que des promesses en l’air, critiquer la réalisation du mythique Quartier des spectacles. Que ça bouge enfin à Montréal, bref.

Ariane Aubin

Chef de pupitre culture

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