Dégeler pour sortir du trou

Hausse des frais de scolarité

Le dégel des frais de scolarité de 50 dollars par session se poursuivra jusqu’en 2016. Du moins, c’est «l’hypothèse financière» sur laquelle s’est basée l’UQAM pour produire le Plan de retour à l’équilibre budgétaire (2009-2016), rendu public en juin dernier.


Dans ce document, l’Université prévoit que l’étudiant moyen payera 700$ de plus par année d’ici sept ans. Avec une moyenne de fréquentation de 40 000 étudiants, chaque augmentation annuelle de 100$ par étudiant donnerait à l’UQAM des revenus supplémentaires de près de quatre millions de dollars.

Bien que l’UQAM semble trouver opportun que le dégel des frais de scolarité continue, seul le ministère de l’Éducation des Loisirs et du  Sports (MELS) peut fixer de telles hausses. Une petite polémique a d’ailleurs éclaté dans les médias lors du dépôt du plan au début de l’été, car il laissait entendre que le ministère prévoyait continuer la hausse des frais de scolarité. La ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, s’est alors empressée d’affirmer qu’aucune décision n’avait été prise quant aux frais de scolarité après 2012. Peu après cette sortie de la ministre, le recteur de l’UQAM, Claude Corbo, a aussi apporté quelques nuances en précisant que le plan se base sur une «hypothèse» et que jamais le gouvernement n’avait affirmé que les frais de scolarité continueraient d’augmenter après 2012.


Comme le rappelle Jenny Desrochers, relationniste à l’UQAM, la facture étudiante est fixée par décision gouvernementale et les universités ne font qu’appliquer cette décision. «Cependant, étant donné que le Plan de retour à l’équilibre porte sur une période plus longue que les augmentations connues, l’Université a fait une projection avec l’hypothèse du maintien des mêmes paramètres d’augmentation pour l’avenir.», explique-t-elle. Ainsi, les frais universitaires pourraient continuer d’augmenter de 50$ par session.
Rappelons qu’un dégel des frais de scolarité de 50$ par session est déjà en cours dans les universités québécoises depuis 2006. À l’échéance de cette mesure du ministère de l’Éducation, en 2012, les étudiants payeront 500$ de plus par année qu’en 2006.

«Pure hypocrisie»
Selon Christian Pépin, président de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), le comportement du ministère de l’Éducation (MELS) relève de la «pure hypocrisie». Selon lui, «la table est en train d’être mise pour continuer les hausses de plus belle». Il ajoute qu’en remettant le débat à plus tard, le gouvernement ne fait qu’étouffer la grogne populaire.

Devant le flou de la part du MELS, Christian Pépin n’attribue pas toute la faute à l’UQAM. «Une université dans un état critique comme celui-là ne sait plus trop où chercher l’argent qui lui manque.»

Le président de la fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Jean Grégoire, bien qu’il ne souhaite pas faire de commentaires hâtifs sur le plan de retour à l’équilibre de l’UQAM, ne croit pas que la faute soit plus attribuable au ministère qu’à l’Université. «D’un côté comme de l’autre, il y a un flou. Claude Corbo dit une chose, puis le ministère en dit une autre.» Le président de la FEUQ croit que le plan de retour à l’équilibre de l’UQAM, s’il inclut une hausse continuelle des dépenses étudiantes pourrait se révéler dramatique pour l’accessibilité à l’éducation.

L’UQAM se veut rassurante en affirmant que le plan de retour à l’équilibre sera revu à chaque année, en fonction de tous les paramètres qui peuvent s’ajouter. Cela peut autant relever des frais de scolarité que du salaire de ses employés. Le règlement de la convention collective du syndicat des professeurs, par exemple, a probablement pesé dans la balance lors de la conception du plan de relance. Chaque dollar est compté, alors que l’UQAM tente un retour désespéré vers l’équilibre budgétaire.

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