Le CARé déborde de partout

Le Centre d’aide à la réussite croule sous la demande

Les demandes de tutorat en français ne cessent de s’accumuler au Centre d’aide à la réussite de l’UQAM. Les moniteurs courent après le temps pour aider les étudiants avant leurs examens. Huit mois peuvent être nécessaires pour obtenir de l’aide, parfois trop tard.

 

 

Illustration Pascaline Lefebvre

Le Centre d’aide à la réussite de l’UQAM (CARé) croule sous la demande. Une soixantaine d’étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation sont sur une liste d’attente pour bénéficier d’aide en français. Faute de financement, le CARé peine à leur venir en aide.

«La demande est constante, on fait de la gestion de crise, on est en survie», explique Sylvie Marcotte, monitrice au CARé, qui a récemment aidé un étudiant qui patientait depuis huit mois. Le nombre de demandes a explosé depuis la mise en place en 2006 d’un test diagnostique, qui évalue le niveau de français des étudiants à leur entrée au baccalauréat en sciences de l’éducation. Cet examen permet de mesurer leurs compétences en vue du test de certification en français écrit pour l’enseignement (TECFÉE), essentiel pour obtenir leur baccalauréat.

En 2007-2008, 1144 étudiants ont demandé de l’aide au CARé, contrairement à 59 lors de la fondation du Centre en 2003. Il comptait alors deux moniteurs, contre 40 aujourd’hui. En plus de l’aide individuelle ou collective en français, le CARé offre un soutien en gestion du stress ou à l’apprentissage à ses étudiants. Mais la plupart des demandes portent sur le français, éclipsant les autres services. «Le Centre sert presque exclusivement à préparer au TECFÉE», affirme Naholi Allard, monitrice au CARé. Le délai d’attente pour les dix heures d’aide individuelle offertes chaque session à tout étudiant qui en fait la demande se situe généralement entre trois et six mois. «Tout dépend de la disponibilité des moniteurs et des étudiants», explique la directrice du CARé, Nicole Beaudry. Les étudiants en sciences de l’éducation qui ont échoué au test diagnostique sont aidés en priorité, mais ils ne sont pas les seuls à avoir besoin d’un monitorat.

Le cœur du problème est le financement, souligne la directrice du CARé. «On a des budgets très restreints.» Seul le Bureau de l’enseignement et des programmes offre une subvention fixe, soit près de 20 000 dollars par année. Le reste vient de l’aide ponctuelle offerte par l’Université et l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE). «C’est insuffisant, affirme la directrice. On a fait nos preuves, il faudrait une plus grande reconnaissance de la part de l’UQAM.»

«Il n’y a pas de manque de financement, juste un constat que le volume du projet qu’est le CARé peut augmenter», réfute le doyen de la Faculté des sciences de l’éducation, Marc Turgeon. Une évaluation du CARé sera effectuée à la fin de l’année. «On verra ce qu’on va faire. Plutôt que d’investir dans le CARé, il est possible qu’on demande une meilleure maîtrise du français aux finissants du cégep et, par conséquent, qu’on augmente le contingentement.» Ces mesures s’inscriraient dans le cadre du plan gouvernemental publié en juin dernier pour améliorer le français au primaire et au secondaire.

 

Baccalauréat inadapté ?

Plusieurs étudiants qui fréquentent le CARé affirment que les baccalauréats en éducation sont mal adaptés puisqu’ils ne proposent pas de cours de grammaire à l’exception du programme en enseignement secondaire du français.

«Tous les étudiants devraient avoir un cours de grammaire», affirme le président de l’ADEESE, Maxime Tassé. Un besoin d’autant plus important que le TECFÉE s’adresse à presque tous les futurs bacheliers en sciences de l’éducation et que la langue n’est pas toujours la priorité dans la Faculté. «La plupart des professeurs n’évaluent pas la qualité du français des étudiants. Il n’y a pas non plus de mesures pour encadrer le corps enseignant, on trouve des erreurs dans leurs PowerPoint.»
La Faculté est consciente des critiques et des discussions ont présentement lieu pour tenter de trouver une solution. «On ne peut pas ajouter un cours sans en enlever un autre, il y a un équilibre à trouver», rappelle le doyen.

En attendant, les moniteurs du CARé redoublent de débrouillardise pour pallier les lacunes en français. «Les moniteurs ici sont autodidactes, on crée notre matériel pour les ateliers, comme les cahiers d’exercices. C’est frustrant, on a plein d’idées mais on ne peut pas les réaliser. Le manque de budget nous oblige à tout faire en panique, sans temps de relecture, donc on fait des fautes», ironise Naholi Allard.

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