Îlot débiteur

L’UQAM paie encore pour l’îlot Voyageur

Être responsable d’un chantier abandonné peut donner beaucoup de fil à retordre. C’est ce que constate l’UQAM ces jours-ci, alors qu’elle doit assumer les coûts exorbitants de l’entretien hivernal du squelette de l’îlot Voyageur et gérer des démêlés avec la justice.

Photo Frédérique Ménard
 

L’îlot Voyageur n’a pas fini de coûter cher à l’UQAM. L’Université aurait payé 32 millions de dollars pour l’entretien du chantier abandonné en plus d’être aux prises avec des procédures judiciaires impliquant la Station centrale d’autobus Montréal. Ces deux problèmes alourdissent la facture déjà salée de l’aventure immobilière dans laquelle l’institution s’est embourbée en 2005.

Montréal Campus a appris que l’Université aurait déboursé 18M$ cet hiver et 14M$ l’an dernier pour l’entretien et la sécurité de l’îlot Voyageur. Malgré l’arrêt de la construction, en juin 2007, ces investissements sont nécessaires afin de protéger les structures en place et d’éviter leur détérioration. Ils servent notamment à payer l’électricité, le chauffage, les toiles protectrices, le déneigement et les salaires des gardiens de sécurité. Les matériaux exposés aux intempéries requièrent un soin particulier puisqu’ils devaient se situer à l’intérieur du bâtiment et ne sont donc pas adaptés aux conditions hivernales.
Ces importantes dépenses soulèvent la grogne dans les hautes sphères de l’établissement. «Personne n’est content de la situation», confirme une source proche du dossier. L’UQAM refuse toutefois de commenter la situation à cause d’une entente de confidentialité. La directrice des relations avec la presse, Francine Jacques, infirme toutefois les chiffres révélés à Montréal Campus par deux sources. «Selon Monique Goyette, la vice-rectrice aux Affaires administratives et financières, les chiffres ne proviennent pas de l’UQAM et ne correspondent aucunement à la réalité.»
Tant que l’Université ne s’entend pas avec son partenaire dans le projet, la compagnie immobilière Busac, elle est responsable du site et doit assurer les frais d’entretien. En novembre dernier, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, et la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Michelle Chourchesne, annonçaient la création d’une fiducie de 200M$ pour tenir l’UQAM indemne des conséquences financières de l’îlot Voyageur. Cette somme devrait rembourser toutes les dépenses de l’Université pour l’entretien et la sécurité du site une fois qu’elle aura rélé ses démêlés avec Busac.
 
 
La cerise sur le chantier
La Station centrale d’autobus Montréal, qui devait déménager dans l’îlot Voyageur dès l’été 2007, s’est par ailleurs mêlée du dossier en décembre dernier. La compagnie qui administre le terminus d’autocars a eu recours aux tribunaux pour demander le réaménagement de l’accès à son site, perturbé par le chantier. Selon elle, l’unique entrée au terminus, rue Saint-Hubert, constitue un risque pour la sécurité publique et une contrainte opérationnelle pour les chauffeurs.
Elle souhaite avoir accès aux embarquements de la nouvelle gare, achevée avant l’interruption des travaux. Un lien direct entre le métro et la station n’a cependant jamais vu le jour alors qu’il s’agit d’une condition sine qua non au déménagement complet du service. L’injonction est adressée à l’UQAM ainsi qu’à Busac, et au ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport.
Les ouvriers ont quitté le chantier lorsque le scandale entourant les dépassements de coût du projet immobilier a éclaté en 2007. Depuis, un conflit perdure entre les partenaires et paralyse la construction. «La station se voit littéralement prise en otage par le litige existant entre Busac et l’UQAM», explique le porte-parole de la Station centrale, Gilles Corriveau.
Alors que les parties devaient passer devant les tribunaux en janvier, «les discussions ont progressé suffisamment bien pour que toutes acceptent de repousser l’échéance d’une comparution devant la Cour où un juge devra trancher. En ce sens, la Station centrale maintient l’espoir d’en arriver à une solution satisfaisante», dit Gilles Corriveau. Il estime toutefois que «le dossier a assez duré. Il doit se régler et c’est la raison pour laquelle Station centrale a déposé sa requête d’injonction.»  L’UQAM n’a pas voulu répondre aux questions de Montréal Campus à ce sujet

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