Corniches dangereuses, maçonneries et fondations à refaire, les pavillons de l’UQAM présentent de nombreux signes de dégradation. Longtemps, l’Université a négligé ses anciens bâtiments au profit d’une politique immobilière expansionniste. Aujourd’hui, une partie du campus tombe en ruine.
L’édifice Labelle, construit en 1910, n’est pas le seul immeuble que l’UQAM doit restaurer. Plusieurs bâtiments demandent d’importantes rénovations, dont le pavillon Saint-Denis, situé au coin de la rue du même nom et de Sainte-Catherine Est, et le pavillon de Danse, rue Cherrier. Le SECAR projette de les restaurer, mais attend toujours le budget pour le faire.
Seul le pavillon V aura droit à une cure de jeunesse. Après plusieurs années de négligence, l’administration de l’UQAM a accordé une enveloppe d’un million$ au SECAR pour revamper l’édifice. «C’est une bouffée d’air frais pour nous», avoue Odette Béliveau. Les travaux pourraient nécessiter la réparation des fondations qui ont été grugées par le calcium présent sur les trottoirs en hiver. Une telle opération mènerait à la destruction d’une partie des éléments patrimoniaux. «Jusqu’où pourrons-nous aller pour sauvegarder les ornements architecturaux, je l’ignore. Si la fondation doit être refaite, il sera extrêmement difficile de conserver le marbre présent dans l’immeuble.»
Si l’UQAM n’a pas entretenu régulièrement son patrimoine bâti, c’est surtout à cause de ses aventures immobilières périlleuses. Odette Béliveau rappelle que l’Université souhaitait restaurer ses immeubles les plus délabrés au début des années 2000. «Mais la rénovation de l’édifice Labelle a été mise en attente avec les projets immobiliers des dernières années.» L’entreprise s’est avérée un échec. Le déficit engendré notamment par la construction de l’îlot Voyageur et du Complexe des sciences a forcé l’UQAM à revoir ses plans.
Dinu Bumbaru croit par ailleurs que l’UQAM ne devrait pas attendre qu’un pavillon menace de tomber en ruine avant de le rénover. Selon lui, les universités montréalaises devraient mettre leurs champs d’expertise respectifs en commun. «L’Université de Montréal, par exemple, possède une longue expérience en restauration du patrimoine bâti et pourrait sans doute en faire bénéficier l’UQAM.» Il suggère fortement que les nombreux experts uqamiens en histoire de l’art soient mis à contribution pour sensibiliser la population et les étudiants au patrimoine architectural qui les entoure. Lucie K. Morisset pense plutôt que l’état des bâtiments n’a rien d’effroyable et que, compte tenu de la situation financière, l’Université a d’autres priorités. Elle avance qu’ailleurs, d’autres institutions connaissent une situation plus préoccupante que la nôtre. «Les universités en France ont de sérieux problèmes avec leurs édifices. Quelques années plus tôt, alors que j’enseignais là-bas, la moitié du plafond de ma classe est tombée en plein cours!»
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