Le lundi 8 décembre, des millions de Québécois iront – ou n’iront pas – aux urnes pour élire un nouveau gouvernement provincial. Lors des nombreux débats, l’économie a hélas éclipsé tout les sujets, y compris l’éducation. À quelques jours du scrutin, voici donc un condensé des promesses électorales des cinq principaux partis pour l’enseignement postsecondaire.
En avril 2007, André Boisclair, alors chef du Parti québécois (PQ), a fait de l’éducation son cheval de bataille. Un an et demi plus tard, force est de constater que le destrier s’est transformé en canasson sous la bride de la nouvelle dirigeante, Pauline Marois. Dans Le plan Marois – la plate-forme électorale du PQ – elle s’engage néanmoins à réformer l’aide financière aux études et à «réinvestir de façon significative dans l’enseignement supérieur», mais ne donne aucun détail financier.
Sous un éventuel règne de Marois, les frais de scolarité seraient gelés jusqu’à la tenue, en début de mandat, d’un obscur «sommet québécois sur le financement des études postsecondaires». Ce dernier permettrait aux électeurs de connaître, une fois les élections terminées – donc trop tard – le véritable plan du PQ en matière d’éducation supérieure.
Jean Charest, le chef du Parti libéral du Québec (PLQ) joue aussi à cache-cache avec les Québécois dans son programme électoral. Il oublie d’y préciser que son parti veut hausser les frais de scolarité pour rejoindre la moyenne canadienne – 4800$ par an selon Statistique Canada – et attribuer la majorité aux membres issus du privé sur les conseils d’administration des universités.
Le PLQ s’engage tout de même à consacrer 25 millions de dollars pour indexer l’aide financière aux études – probablement pas au coût de la vie – et 35 M$ pour l’embauche de professeurs dans les universités. Additionnées ensemble, ces sommes représentent 4% du 1,5 milliard$ de promesses électorales du PLQ.
Le programme électoral du Parti vert du Québec (PVQ) en matière d’éducation supérieure est encore plus maigre. Dans sa plateforme électorale, le mot université apparaît une seule fois, en page 7. Le PVQ s’y engage à «mettre en place dans les universités un programme d’un an de formation en pédagogie pour les détenteurs d’un baccalauréat désirant obtenir le permis d’enseignant au primaire ou au secondaire […]». C’est la seule et unique promesse des verts pour l’éducation postsecondaire…
L’autonomie partout
Le chef de l’Action démocratique du Québec (ADQ), Mario Dumont promet l’autonomie pour tout le monde et les universités ne font pas exception. En fait, elles seraient tellement autonomes qu’un gouvernement adéquiste les forcerait, tout comme le PLQ, à mettre leur conseil d’administration entre les mains d’une majorité de membres indépendants.
L’ADQ s’engage également à «libérer les universités du carcan étatique» en assouplissant la Loi modifiant la Loi sur l’administration financière et la Loi sur le ministère des Finances. Cette loi, adoptée à la suite du fiasco financier de l’UQAM, contraint les universités d’attendre l’approbation du gouvernement provincial avant d’effectuer un emprunt important.
Fait intéressant pour les Uqamiens, Mario Dumont veut donner la pleine autonomie aux différentes constituantes de l’Université du Québec, une demande formulée par le recteur de l’UQAM, Claude Corbo, cet automne. Une belle promesse qui ne parvient toutefois pas à faire oublier l’absence de position sur les frais de scolarité et sur l’aide financière aux études.
De l’autre côté du spectre politique, la plateforme électorale de Québec Solidaire (QS) promet la gratuité scolaire, une réforme de l’aide financière, où les prêts deviendraient des bourses, et un réinvestissement massif dans l’éducation postsecondaire pour combler le sous-financement, qui est de 400 M$ par an dans les universités seulement. Cette belle utopie ne verra toutefois pas le jour le 8 décembre: les deux porte-paroles du parti, Françoise David et Amir Kadhir, sont les seuls candidats de QS qui ont une chance réelle de se faire élire.
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