Tendre la main aux victimes d’agressions sexuelles

Dans la vague du mouvement #MoiAussi, une formation à titre d’intervenant est proposée aux membres des comités exécutifs des associations étudiantes. Les différentes associations facultaires ont des avis mitigés sur l’intérêt de cette proposition.

L’initiative d’obtenir cette formation vient de l’Association facultaire étudiante de langues et communication (AFELC), pour qui ces mesures sont d’une importance capitale. La formation offerte permettra aux membres de savoir comment réagir lors d’une dénonciation et d’être en mesure de diriger la personne vers les ressources appropriées, explique la responsable à la coordination, Chanel Vincent-Dubé.

La formation sera dirigée par Isabelle Fortin de l’organisme Trêve pour Elles.  « On ne peut pas se considérer comme des intervenants. Ce n’est pas parce qu’une personne reçoit la formation qu’elle a les capacités et l’expérience d’intervenir », affirme la responsable.

« Nous avons démarré un énorme mouvement à l’AFELC afin que les gens viennent parler. On veut s’assurer que tous les membres soient capables d’aider dans ce mouvement », ajoute-t-elle. Le site internet de l’AFELC possède un onglet « Sans oui, c’est non » où il est possible de partager un témoignage anonyme à l’adresse courriel prévue à cet effet. Une tournée de classe a également été faite de sorte à informer les étudiants. Selon la coordonnatrice, ces initiatives portent déjà fruit et quelques personnes ont déjà demandé de l’aide.

Chose certaine, c’est que les avis des étudiants sont mitigés. « Je pense que c’est bien qu’il va y avoir plus de personnes formées. Par contre, pour ma part, j’irais vers quelqu’un ayant plus d’expérience dans l’écoute afin de régler de genre de situations », croit une étudiante en communications, Maxime Bellefleur.

Du chemin à parcourir

Du côté de l’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED), elle reste hésitante face à ces formations. « On n’en a pas beaucoup discuté, mais on est un peu réticent à l’idée, car c’est un sujet plus sensible. Il y a tout l’aspect de la confidentialité », mentionne le responsable à l’information et aux communications Louis-Simon Besner.  « Je ne crois pas qu’on soit tous aptes à faire ça, d’où le fait que l’on préférerait peut-être pousser l’UQAM à embaucher des intervenants spécialisés », poursuit-il.

«On veut accueillir les gens quand on sera prêt et que l’on aura reçu la formation. Mais on sait qu’on ne sera pas nécessairement une ressource appropriée puisqu’il y a souvent une rotation au sein des membres», mentionne l’exécutante en matière de harcèlement de l’Association des étudiants et étudiantes des sciences de l’éducation (ADEESE) Raphaëlle Vallières.  L’association est toutefois intéressée à la suivre. Au printemps prochain, des formations auront lieu autant pour les exécutants facultaires que modulaires, et cela touchera beaucoup le cadre des initiations. L’Association étudiante du secteur des sciences (AESS) est également intéressée à recevoir la formation à la session d’hiver 2018.

Une autre étudiante met un bémol sur ces initiatives. « Je crois sincèrement que le problème n’est pas le manque d’intervenants, mais bien le sentiment de honte qui habite les victimes et qui les empêchent de dénoncer. Je ne crois pas qu’au final, cela va changer quelque chose », entrevoit une étudiante en journalisme de l’UQAM Amélie Brissette.

L’ESG entreprend différentes mesures

Outre la formation donnée par Trêve pour Elles, L’ESG a mis en place plusieurs mesures afin de prévenir les agressions et le harcèlement auprès de ses membres.

« Nous travaillons actuellement à étendre des formations obligatoires aux plus grands nombres d’étudiants et d’étudiantes impliqués à l’ESG », rapporte l’attaché à l’exécutif de l’AéESG, Mathieu Oligny.

La vice-présidente aux affaires internes et aux communications de l’AéESG, Valérie Bourgeois, rappelle que l’association ouvrira sous peu un bar dans le Quartier latin où le système « commande un Angelot » sera en fonction. Ce système consiste à aviser un membre du personnel du bar en utilisant un code lors de sa commande, qui sera alors responsable de venir en aide à la personne en question selon la formation suivie.

L’exécutante en matière de harcèlement de l’ADEESE Raphaëlle Vallières rapporte que plusieurs problèmes ont lieu dans les bars. L’association souhaite créer des accréditations dédiées aux bars non problématiques. Les conditions seraient d’inclure l’initiative Angelot, l’inclusion des membres de la communauté LGBTQ et autres.

photo : Félix Deschênes MONTRÉAL CAMPUS

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