Assurer son avenir

Avant d’arriver à l’UQAM, je n’avais jamais vraiment loué d’équipement. Des livres et des films, oui. En sciences humaines, avec un crayon, du papier et de la concentration, j’ai pu passer au travers du programme. Aucun souci durant les deux premières années de mon baccalauréat. Quand la caméra, l’ensemble d’éclairage et le trépied se sont ajoutés à la liste de matériel nécessaire à un tournage, j’ai commencé à prêter attention aux petits caractères à l’endos du contrat de location. Avec les trois mallettes et un sac d’une valeur de 10 000 dollars, j’avais une bonne raison de me ronger les ongles.

Sur ce court papier, quelques lignes ont retenu mon attention. À l’article 6.1, «par leur signature du formulaire de prêts, les usagers s’engagent à rembourser le Service de l’audiovisuel la valeur de remplacement du matériel s’il est perdu ou volé, ou à payer des frais de réparation si des dommages sont causés au matériel autrement que par un usage normal». Même si on m’avait averti en classe au préalable, l’anxiété s’est seulement manifestée au moment de la location, papier en main et la valeur d’un an de salaire sur mes épaules. C’est lourd à porter. Aux dires de mon professeur, ça arrive. Ça n’arrive pas souvent, mais ça arrive.

À un dixième de point plus loin, «l’usager qui omet ou refuse toute somme au Service de l’audiovisuel ne pourra emprunter d’autres appareils tant et aussi longtemps que cette dette n’aura pas été acquittée». Non seulement ça pourrait compromettre les études d’un uqamien sans moyens, mais le pire est à venir. Toujours dans l’article 6.2, «s’il s’agit d’un étudiant le montant dû sera ajouté à ses frais de scolarité, et aucun diplôme ou relevé de notes ne sera émis avant le paiement complet de la somme due». Certes, le risque est minime et l’UQAM n’a pas inventé la roue. Sur l’Île, les universités Concordia, McGill et de Montréal affichent une politique similaire. Mieux ne pas venir d’une classe moins fortunée pour étudier en communication. Pour le groupe des nombreux maladroits auquel je m’inclus, un accident et mes études se changeront en emploi à temps plein.

Pourquoi ne pas augmenter les frais d’assurances de l’AFELC pour assurer leurs membres en cas de vol ou de bris d’équipement? Une simple suggestion qui pourrait régler bien des maux de tête puisque de toute façon «l’Université n’assume aucune responsabilité pour les inconvénients causés par la perte ou le bris d’un appareil». Inutile de vous dire qu’à la seconde où je me suis débarrassé de cet équipement de tournage, la pesanteur a fait place à la légèreté.

Frédéric Comeau

Chef de pupitre UQAM

uqammontrealcampus@gmail.com

Twitter: @ComeauFred

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *