Cher Montréal Campus,

J’ai envie de te dire que tu m’as donnée les plus belles années de ma vie. Mais ce serait faux. Tu m’as donné les plus difficiles. Des années à souffrir, des années durement (et pauvrement) gagnées. Mais au fond, à bien y repenser, ce furent des années superbes… Trois ans à réviser des articles, les miens et ceux des autres. Trois ans à se faire dire de recommencer, de refaire des entrevues, de revoir le style, de revoir mes citations, de revoir la structure de l’article, revoir le contenu, tout revoir. À chaque article, comme plusieurs d’entre nous, je me disais que c’était le dernier. Mais à chaque fois je revenais. Mon rédacteur me téléphonait pour un dernier article (toujours le dernier), un sujet intéressant (parce qu’ils l’étaient tous), une édition spéciale (une autre). Et je disais oui. Sans hésiter, en fait. Parce que le Montréal Campus, il est tatoué quelque part entre notre plume et notre cœur.

On y est tous allés, on y est tous retournés parce qu’on savait que sans le Campus, le saut sur le marché du travail serait difficile. Parce que le Campus, c’est un peu comme la vraie vie. Mais en pire. Durant mon court passage dans le monde des médias, puis dans ma carrière académique, je n’ai jamais eu à prendre autant les critiques qu’au pavillon V, entre deux cafés noirs et un beigne. Je n’ai jamais tant appris. Et je n’ai jamais autant rencontré de gens incroyables, de gens talentueux, des gens qui iront loin.

Quand j’ai appris que tu allais peut-être mourir, Campus, j’ai eu peur. Peur que tous ces apprentis journalistes aillent sur le marché du travail sans passer entre tes murs. Sans savoir ce que c’est réellement, une heure de tombée, sans savoir ce que c’est réellement, se faire corriger un article à répétition avant qu’il soit digne d’être publiable en page 5. J’ai eu peur pour la profession, peur pour les médias québécois. Parce qu’on ne va pas se mentir : la majorité des journalistes québécois sont passés par l’UQAM. Mais les meilleurs d’entre eux sont passés par le Montréal Campus. Parce que le bacc en journalisme a beau nous en apprendre sur le métier de journalisme, le Montréal Campus nous en apprend sur la vie de journaliste.

J’ai envie de te dire merci, Campus. Merci parce que tu m’as rendue meilleure. Une meilleure journaliste, une meilleure correctrice, une meilleure personne.

Maïka Sondarjée
Chef de pupitre web
Candidate au M.Sc. Science politique à l’Université de Montréal

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *