Une uqamienne en finale à Miss Québec

Manel Boutouili, qui sera étudiante au baccalauréat en relations internationales et droit international à l’UQAM à compter de l’automne prochain, s’est taillé une place parmi les 39 finalistes du concours de personnalité Miss Québec. Toutefois, l’événement semble toujours accorder de l’importance à l’image corporelle, selon une experte.

Bien qu’elle soit indifférente aux réelles intentions du concours, Manel n’a pas annoncé sa participation à l’ensemble de son entourage, ayant peur de passer pour une femme arrogante « qui pense qu’elle peut gagner Miss Québec ».

« L’image derrière le concours de Miss, c’est toujours des images de beauté, que ce soit au niveau national ou international », ajoute-t-elle.

Cette compétition, qui se dit juger la « personnalité et l’attitude » des candidates, souhaite se distancier de l’image traditionnelle des concours de Miss généralement orientés vers la beauté physique, selon Rania Aoun, chargée de cours en communication sociale et publique à l’UQAM et chercheuse associée à l’Institut de recherches et d’études féministes.

Les énoncés « personnalité avant tout » et « pas de défilé en maillot de bain » sont mis en évidence sur la page d’accueil du site web de l’événement.

« Parce qu’elle cherche vraiment des personnes engagées et des personnes intelligentes, [Miss Québec] ne fait plus seulement des défilés et intègre les notions d’implication sociale et de comportement dans son processus d’évaluation », explique Mme Aoun. « On cherche une forme de “beauté intérieure”. »

Rechercher une expérience

À l’été dernier, Manel s’est inscrite à la compétition avec l’intention de vivre une expérience atypique et de s’ouvrir des portes en lien avec le jeu d’actrice, un métier qu’elle a « toujours voulu faire ». Pour y participer, elle a rempli un formulaire et a eu un entretien d’une heure avec une représentante de Miss Québec. Après un premier tri, 75 femmes ont été retenues pour participer au concours qui s’étale sur l’ensemble de l’année scolaire.

C’est à travers des journées d’épreuves et d’activités sportives, d’engagement social et de journées de gala que l’attitude et la personnalité des candidates sont évaluées tout au long de l’année.

À la demi-finale, en décembre dernier, les concurrentes devaient prononcer un court discours sur scène et faire des défilés en robe de gala et en habits civils. Manel croit que, même si le défilé chic n’est pas évalué, il existe pour que les participantes aient leur moment à elles.

« Je pense que de s’être mises à leur plus belle et d’aller sur scène devant leur famille, ça aide beaucoup à la confiance en soi de certaines filles. Ça fait partie de l’expérience de Miss Québec qu’elles viennent chercher. »

Cette étape dure toute la journée et elles sont évaluées tant sur leur présence scénique que sur leur attitude dans les coulisses. Manel estime que le jugement final des candidates est appuyé sur une vingtaine d’heures d’évaluation, qui se déroulent autant individuellement qu’en groupe. Le gala de la grande finale se tiendra le 18 mai prochain.

Un « écart » avec des intentions progressistes

Manel a remarqué que les juges et les organisatrices des journées de Miss Québec étaient à peu près toutes des femmes. Rania Aoun explique que c’est fait dans l’intention de « donner plus de visibilité aux femmes », mais elle n’est pas convaincue de cette stratégie. « Exclure les hommes du jury, c’est exclure une partie de la société qui fait aussi partie d’un public qui peut voter », soutient-elle.

La chercheuse en études féministes ajoute qu’il « faut donner l’exemple aux autres générations. Le regard masculin est important, mais il faut qu’il porte au-delà des critères corporels et des normes sociales ».

Bien que l’organisation revendique une vision plus moderne de la beauté, Mme Aoun remarque que plusieurs éléments de Miss Québec demeurent axés sur le physique. « Les images sur les profils des filles sont très typiques des réseaux sociaux et ne mettent pas vraiment en valeur leur engagement social ou leur participation aux activités, explique-t-elle. On voit davantage de photos où elles mettent en valeur leur corps. »

Mme Aoun souligne que l’événement montre cette tendance « que la beauté extérieure et la beauté corporelle priment sur la beauté intérieure et intellectuelle » et qu’il existe un « écart » entre le discours progressiste de Miss Québec et la réalité du concours.

Rania Aoun appelle à la nuance vis-à-vis de cette entreprise, mais admet qu’elle peut apporter de nombreux bienfaits aux candidates, notamment dans leur estime personnelle.

« J’ai vraiment aimé l’expérience et j’ai rencontré des filles avec qui je suis totalement amoureuse depuis », conclut Manel.

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