Le fossé se creuse entre le Syndicat des professeures et professeurs de l’UQAM (SPPEUQAM) et l’UQAM, à quelques jours du 3 février, date de déclenchement de la grève générale illimitée (GGI) des 2100 chargé(e)s de cours de l’université. Les négociations sur les conditions de travail liées à l’enseignement en ligne sont au point mort, les deux parties ne réussissant pas à s’entendre.
« Suivant la séance du 16 janvier dernier, nous étions en attente de contre-propositions syndicales précises. Devant l’absence de contre-propositions, le conciliateur a suspendu la négociation en cours », explique Jenny Desrochers, directrice des relations de presse de l’UQAM, dans un courriel envoyé au Montréal Campus.
« [Le conciliateur] faisait le constat qu’à ce moment, aucune des deux parties n’envisageait de contre-propositions sur les dernières offres déposées par l’autre sur les trois priorités des membres [du syndicat] », a rétorqué le SPPEUQAM dans un communiqué le 23 janvier.
« l’UQAM semble toujours ne pas avoir de vision [de l’enseignement en ligne] et semble être un peu au même point »
Olivier Aubry
Près de 86 % de membres du syndicat ont voté en faveur d’un mandat de GGI, le 2 décembre dernier. Les négociations actuelles portent exclusivement sur les conditions de travail des chargé(e)s de cours offrant l’enseignement en ligne. La réouverture des pourparlers sur l’enjeu des cours en ligne a eu lieu à l’automne 2023, plus d’un an après la signature de la convention collective des membres du SPPEUQAM en avril 2022.
Ce sursis a été planifié afin de laisser le temps à l’UQAM de se positionner sur la manière dont les cours en ligne devraient fonctionner pour tous et toutes, d’après Olivier Aubry, président du SPPEUQAM. Or, « l’UQAM semble toujours ne pas avoir de vision [de l’enseignement en ligne] et semble être un peu au même point », avance-t-il. « C’est sûr que ça agace [le syndicat] un peu. »
Les conditions de travail au cœur de l’enjeu
Le syndicat souhaite que l’UQAM privilégie l’enseignement en présence. « Il peut y avoir plus de cours en présence qu’en ligne, mais s’il y a un cours en ligne, il faudrait qu’il y ait son équivalent en présence », explique M. Aubry. De plus, la taille d’un groupe-cours en ligne devrait être limitée à 40 étudiant(e)s. Sinon, le nombre d’étudiant(e)s par groupe à distance devrait être choisi en fonction de la limite déterminée par chaque faculté pour les cours en présence, considère le président du syndicat.
« Pour [les chargés de cours], les cours en ligne sont plus exigeants, donc il devrait y avoir une compensation pour la surcharge de travail occasionnée », estime-t-il. Selon lui, les cours en ligne nécessitent « plus d’encadrement à l’extérieur des cours, soit par des rendez-vous sur Teams ou sur Zoom, soit par la gestion des courriels ».
« Quand nous commençons à analyser la situation, c’est vraiment grave. [L’UQAM] nous demande de payer l’ordinateur, la chaise, l’espace et la formation, en plus de devoir devenir expert [à donner des cours en ligne] », estime Carmen Sofia Sauma, chargée de cours donnant deux cours d’espagnol en ligne.
La proportion de cours offerts en ligne à l’UQAM est passée de 22,3 % en 2022 à 24,6 % en 2024, selon les calculs du SPPEUQAM. Environ deux tiers des cours du premier cycle sont donnés par des chargé(e)s de cours, indique le syndicat.
« Un quart des cours est maintenant offert en ligne sans que l’UQAM […] veuille conventionner les conditions de travail pour [les chargés de cours] qui donnent la majorité des cours au premier cycle », déplore Olivier Aubry, lui-même chargé de cours au Département des sciences biologiques.
L’UQAM se dit « bien au fait des demandes syndicales » et assure avoir « soumis plusieurs propositions et offert différentes solutions depuis janvier 2024 ».
La menace de grève persiste
La direction de l’UQAM mentionne que l’arrêt des pourparlers « suscite une vive déception » de son côté et se dit « prête à reprendre de bonne foi la négociation avec le SPPEUQAM ». Quant au syndicat des chargé(e)s de cours, il indique se rendre « disponible à tout moment pour retourner en conciliation ».
L’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) et l’Association facultaire étudiante de science politique et de droit (AFESPED) ont voté en faveur d’une grève de solidarité avec les chargé(e)s de cours. Les membres de ces associations débrayeront leurs cours tout aussi longtemps que le feront les membres du SPPEUQAM. Les membres de l’Association facultaire étudiante des arts (AFEA) et de l’Association des étudiantes et étudiants en science de l’éducation (ADEESE) se prononceront jeudi sur la grève en solidarité aux chargé(e)s de cours.
En cas de grève, l’UQAM demeurera ouverte et poursuivra ses activités, à l’exception des cours donnés par les chargé(e)s de cours.
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