Malgré les exploits de l’équipe féminine canadienne sur la scène internationale, le hockey féminin au Canada demeure sous-financé, notamment au niveau universitaire. Hockey Canada s’est engagé à changer cette dynamique, d’ici 2030.
Pour Isabelle Leclaire, entraîneuse-chef des Carabins de l’Université de Montréal depuis 2008, il y a trop de différences entre les volets masculin et féminin.
« Voir qu’on n’est pas en mesure de financer les hommes et les femmes de la même façon et de leur accorder les mêmes privilèges, alors qu’on en est au même stade de développement, c’est assez dérangeant »,
Isabelle Leclaire
L’un des objectifs mentionnés par Hockey Canada est d’augmenter le nombre de joueuses canadiennes de 108 000 à 170 000. La fédération souhaiterait également améliorer la situation financière du hockey universitaire féminin.
C’est ce que l’on apprend dans un document de travail publié le 22 octobre dernier par Hockey Canada, dans lequel il expliquait vouloir changer le visage du hockey féminin dans le pays d’ici 2030.
Moyens financiers inférieurs
Selon un sondage mené par Radio-Canada Sports en 2022, le budget accordé au hockey universitaire féminin était environ 50 % moins élevé que celui du hockey universitaire masculin.
Le sport féminin est souvent négligé et dispose de moyens inférieurs à celui de son homologue masculin. Le hockey au Canada ne fait pas exception, malgré que l’équipe féminine rayonne dans les compétitions internationales depuis très longtemps.
Avoir plus d’argent permettrait aux équipes féminines d’engager plus de personnel à temps plein et d’améliorer leurs infrastructures, comme leur aréna.
Actuellement, une équipe de hockey féminine possède moins de personnel qu’une équipe masculine. Par exemple, à l’Université McGill, le programme masculin compte huit membres dans son personnel d’entraîneurs et d’entraîneuses, contre seulement six pour les femmes.
Alexandre Imbeault, entraîneur adjoint de la Victoire, l’équipe montréalaise de la Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF), pense que les femmes pratiquant ce sport sont sur une pente ascendante. Par exemple, la saison dernière, plusieurs salaires de la Ligue professionnelle de hockey féminin étaient semblables à ceux de la Ligue américaine de hockey.
« Le hockey féminin est en effervescence, le calibre s’améliore chaque année et plus la ligue va continuer à progresser, plus la popularité va grimper, et donc les salaires vont augmenter », dit M. Imbeault.
Le système universitaire américain plus attrayant ?
La ligue professionnelle de hockey féminine en Amérique du Nord a été lancée en 2024. Lors de cette saison inaugurale, 22 des 29 joueuses de l’équipe montréalaise avaient la nationalité canadienne.
Toutefois, seulement 6 d’entre elles sont passées par le circuit universitaire canadien, contre les 23 qui ont préféré aller jouer aux États-Unis.
L’attrait pour le circuit américain, la National Collegiate Athletic Association (NCAA), plutôt que pour le circuit universitaire canadien, s’explique en partie par les campus et les installations dont les programmes états-uniens disposent.
« Davantage de services sont offerts, les athlètes ont accès à tout ce qu’ils veulent et c’est ce qui fait probablement leur coup de cœur », rapporte Isabelle Leclaire.
Selon Mme Leclaire, une autre raison expliquant que le tiers des joueuses canadiennes universitaires évoluent dans le circuit américain serait due à une incitation générale de la part de Hockey Canada.
En ce moment, toutes les joueuses représentant le Canada à l’international sont passées par la NCAA. Quant aux Québécoises, les seules portant le chandail de l’équipe nationale sont des joueuses qui y sont depuis plus de dix ans, soit Marie-Philip Poulin et Ann-Renée Desbiens.
Provenance du recrutement
Pour Alexandre Imbeault, le recrutement massif du côté de la NCAA s’expliquerait simplement par le fait qu’il y ait plus de joueuses dans ce circuit.
« Le niveau de la NCAA est probablement un brin supérieur au hockey universitaire canadien, mais les bons programmes au Québec, comme Concordia, n’ont rien à leur envier », constate également M. Imbeault.
L’un des recruteurs de la Victoire a assisté au deux tiers des matchs des Carabins la saison dernière, mentionne Mme Leclaire. Quatre joueuses de l’Université de Montréal ont ensuite été invitées à des camps d’entraînement d’équipe de la LPHF cette année. La présence accrue des recruteurs et des recruteuses témoigne de l’intérêt grandissant pour les talents locaux.
Laisser un commentaire