Gaspillage alimentaireUne seconde chance pour les aliments

220 000 livres de légumes : c’est ce que Pretty Ugly a sauvé l’an passé. Cette compagnie de salsas et de croustilles combat le gaspillage alimentaire en donnant une deuxième vie aux aliments.

Chaque année au Québec, 1,2 million de tonnes d’aliments comestibles sont gaspillées à différentes étapes de la chaîne d’approvisionnement. Lysanne Bourret et Pierre-Olivier Gendron luttent contre ce fléau depuis la création de leur compagnie, Pretty Ugly, en 2021.

Selon les données de Recyc-Québec, la tomate est un aliment particulièrement gaspillé au Canada. La salsa, comme principal produit, était donc un choix naturel pour ce couple d’entrepreneurs.

« La catégorie d’aliments la plus fortement gaspillée, c’est les fruits et les légumes. Ça représente 45 % du gaspillage alimentaire au Québec », indique Daphnée Champagne, conseillère en communication chez Recyc-Québec.

Profiter de l’économie circulaire 

Une entreprise comme Pretty Ugly bénéficie d’avantages économiques notables. « On peut payer de trois à quatre fois moins cher la livre de tomates qu’on sauve du gaspillage alimentaire, contrairement à ce qu’on pourrait acheter en épicerie », affirme Pierre-Olivier Gendron.

« C’est l’une de nos missions de montrer que l’économie circulaire, c’est rentable et qu’il y a de la valeur là-dedans », déclare-t-il d’un ton dynamique.

« Pour un pot de salsa produit, deux livres de légumes ont été sauvées »

Pierre-Olivier Gendron, cofondateur de Pretty Ugly

Pretty Ugly récupère et revalorise aussi la drêche des microbrasseries pour en faire des croustilles. M. Gendron considère qu’il atteint ses objectifs en agissant en faveur de l’écologie. Cette année, l’entreprise devrait sauver 450 000 livres de légumes : une projection considérable en termes d’émissions de gaz à effet de serre évitées et de litres d’eau économisés.  

Autant d’un point de vue environnemental que d’un point de vue économique, il y a beaucoup de gains à faire de la récupération et de la transformation d’aliments. 

SPB Solutions est un autre exemple d’entreprise basée sur l’économie circulaire. Elle récupère, depuis plus de 40 ans, des sous-produits issus principalement des boulangeries pour en faire de la nourriture pour animaux.

« On évite l’enfouissement de 100 000 tonnes de rejets alimentaires par année », souligne Fazia Ait Amirat, directrice de l’assurance qualité chez SPB Solutions. À titre comparatif, 100 000 tonnes de surplus alimentaires équivalent au poids moyen de 7 000 camions à ordures. 

Payer pour des surplus alimentaires ?

Le fait que les rejets alimentaires doivent être achetés pourrait en surprendre plusieurs, sachant que sans ce type d’entreprise les surplus alimentaires se seraient retrouvés aux ordures. Néanmoins, le cofondateur de Pretty Ugly est en faveur de payer pour ceux-ci. « Pour nous, c’est important de payer pour les surplus qu’on sauve, parce qu’on n’est pas là pour faire de la charité, tout le monde a des business à rouler », précise M. Gendron.

Au contraire, Mme Ait Amirat trouve ironique de devoir débourser pour se procurer des matières premières qui allaient se retrouver à la poubelle. « Notre objectif serait de ne pas payer pour ça, mais malheureusement tant qu’il y a de la demande, les usines alimentaires vont vouloir être payées », soutient-elle.

La Tablée des Chefs récupère aussi des restes de nourriture. Elle le fait pour lutter contre le gaspillage et l’insécurité alimentaire au sein de la population.  « Le don reste l’option numéro un à privilégier pour nourrir les gens dans le besoin, mais les organismes communautaires ne peuvent pas récupérer toute la nourriture qu’on leur donne », explique Véronique Robitaille, la coordonnatrice du volet Nourrir de l’organisme à but non lucratif.

Selon elle, « il y a vraiment de la place pour toutes sortes d’initiatives » pour contrer le gaspillage alimentaire. Mme Robitaille est d’avis que « l’économie circulaire est importante et qu’elle mérite d’être reconnue par le gouvernement comme une économie sociale et environnementale. »

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *