Tandis que la population peine de plus en plus à joindre les deux bouts, les coûts des soins dentaires peuvent représenter une dépense de trop pour plusieurs. Malgré tout, diverses initiatives tentent d’élargir l’accès aux soins dentaires.
Selon Statistique Canada, les ménages canadiens paient en moyenne près de 370 dollars par année en soins dentaires. « Personne ne devrait avoir à choisir entre sa santé dentaire et le paiement des factures à la fin du mois », est-il écrit dans le budget fédéral de 2023, dévoilé le 28 mars dernier.
Le gouvernement canadien prévoit débourser 13,3 milliards de dollars sur les cinq prochaines années pour mettre en place le Régime canadien de soins dentaires. Dès la fin de l’année 2023, une protection sera offerte aux familles non assurées dont le revenu total est inférieur à 90 000 dollars. Le programme visera d’abord les mineur(e)s, les personnes âgées et les personnes en situation de handicap à faible revenu. Il s’agit d’une approche « étape par étape », a déclaré la ministre des Finances, Chrystia Freeland.
Selon Colin Pratte, chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, ce régime dentaire permettra de réduire les inégalités entre les plus démuni(e)s et les plus riches.
Québec a une dent contre le régime dentaire fédéral
Puisque la santé entre dans le champ des compétences provinciales, le gouvernement du Québec désire obtenir un droit de retrait du programme de soins dentaires fédéral, ainsi qu’une compensation financière d’environ trois milliards de dollars sur cinq ans.
Toutefois, la Constitution canadienne prévoit l’égalité d’accès aux services essentiels entre tous les Canadiens et toutes les Canadiennes, et le retrait du Québec de ce programme soulève des enjeux constitutionnels. « Si Québec demandait une compensation financière au gouvernement fédéral, et que par la suite, le gouvernement du Québec manquait à mettre en place son propre programme d’assurance dentaire, le gouvernement fédéral contreviendrait à la Constitution canadienne », déclare M. Pratte.
Des initiatives sociales et des ressources
Plusieurs initiatives sociales ont aussi été mises en place pour venir en aide aux clientèles plus démunies. C’est le cas du projet Bouche B, de la Fondation de l’Ordre des dentistes du Québec, qui permet d’offrir des soins dentaires gratuits aux personnes en situation de vulnérabilité. La clinique dentaire SPOT de Québec offre également des soins dentaires aux communautés marginalisées et démunies.
Françoise Targowski, gestionnaire du Projet Bouche B, déplore le manque d’éducation par rapport aux couvertures offertes. « Il existe des couvertures gouvernementales via la RAMQ pour les enfants de moins de 10 ans et pour les prestataires de l’aide sociale. Il existe également le PFSI [Programme fédéral de santé intérimaire] pour les demandeurs d’asile, mais malheureusement, ces couvertures sont assez peu connues des bénéficiaires », explique-t-elle.
Pour la communauté étudiante de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), les associations étudiantes offrent des régimes d’assurance en soins via l’Alliance pour la santé étudiante au Québec (ASEQ). Ce régime d’assurance dentaire offre une couverture allant jusqu’à 750 dollars pour la période couverte, soit du 1er septembre au 31 août. En combinant ce régime aux rabais offerts par les cliniques et dentistes membres du réseau de l’ASEQ, les étudiants et les étudiantes peuvent être remboursé(e)s jusqu’à 100 % des frais de leurs soins dentaires.
Une partie intégrante de notre santé
« Lorsqu’une personne a des problèmes sur le plan de sa santé buccodentaire, cela peut avoir un effet “domino” sur le reste de sa santé, par exemple sur sa façon de s’alimenter, sur la santé mentale et sur l’estime de soi », explique Marie-Pier Landry, coordonnatrice générale de la clinique communautaire SPOT.
« C’est difficile de se concentrer à l’école et de rester calme quand on est un enfant qui a une dent brisée ou de la carie. Quand il nous manque des dents ou que nos dents sont très cariées, trouver du travail et remonter son niveau de revenu est un défi considérable », soutient Françoise Targowski. La douleur reliée aux problèmes dentaires peut même entraîner la surconsommation d’analgésiques et mener à des problèmes aux reins.
Mention illustration : Malika Alaoui|Montréal Campus
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