L’Assemblée nationale en quête de rajeunissement

Malgré la popularité descendante des vieux partis politiques, le constat à la suite des élections du 3 octobre dernier est clair : les politiciens et politiciennes âgé(e)s de 35 ans et plus dominent toujours le Salon bleu. Seulement sept député(e)s de moins de 34 ans ont été élu(e)s lors du dernier scrutin.

Plusieurs nouveaux visages se sont ajoutés parmi les 125 député(e)s siégeant à la colline parlementaire. Pourtant, aucun(e) d’entre eux et elles n’est dans la vingtaine. En comparaison, à l’élection provinciale de 2018, 12 député(e)s de 34 ans et moins dont cinq dans la vingtaine avaient fait leur entrée au Salon bleu, selon les statistiques de l’Assemblée nationale.

Le Montréal Campus s’est entretenu avec trois jeunes femmes impliquées en politique québécoise qui mettent en lumière les problématiques liées au manque de jeunes député(e)s au Québec.

Un manque de représentativité

Selon les trois politiciennes interviewées, les jeunes ont de plus en plus de difficulté à se reconnaître dans les hautes institutions. « Le plus grand facteur qui influence positivement le vote des jeunes, c’est la présence de modèles dans les candidatures proposées par les partis politiques », martèle Catherine Fournier.

La mairesse de Longueuil et ex-députée du Parti québécois (PQ) avait publié un message sur Instagram après les élections expliquant « qu’il y a encore un coup de barre majeur à donner pour améliorer la représentativité des jeunes Québécois·es » à l’Assemblée nationale.

Âgée de seulement 24 ans au moment où elle est devenue députée, la jeune femme a toujours voulu représenter les jeunes. « Je me levais souvent au sein de mon caucus pour partager la réalité des jeunes qui était peut-être moins comprise par mes collègues plus âgés », explique-t-elle.

La candidate du PQ défaite dans Sainte-Marie-Saint-Jacques à la dernière élection, Phoeby Laplante, croit qu’il n’est pas facile pour les jeunes de se faire élire. « Les gens ont tendance à élire des figures connues et rassurantes, alors que la jeunesse représente un certain inconnu », analyse-t-elle. Les statistiques tendent à lui donner raison : 129 candidats et candidates de moins de 30 ans se sont présenté(e)s à l’élection de 2022 selon le Directeur général des élections du Québec, et aucun(e) d’entre eux et elles n’a été élu(e).

Parallèlement à la parité entre les hommes et les femmes, Mme Fournier souligne qu’il est tout aussi important pour le Parlement d’être représentatif de tous les âges. « Les 18 à 30 ans sont une part importante des adultes québécois. Ils paient des taxes et des impôts, ils méritent d’être représentés dans nos instances démocratiques », affirme-t-elle.

Alejandra Zaga Mendez, nouvellement élue dans Verdun pour Québec solidaire et âgée de 34 ans, partage cette vision, tout en rappelant l’importance des changements climatiques pour la nouvelle génération. « On a besoin de responsabiliser les citoyens pour les générations futures », croit-elle.

Cependant, la solution ne passe pas seulement par un rajeunissement du Salon bleu, selon la députée. « On peut avoir des idées jeunes peu importe l’âge », lance-t-elle. Une hypothèse partagée par Catherine Fournier, qui croit que les élu(e)s devraient porter la voix des différents groupes de la population, peu importe leur âge.

Un mode de scrutin à revoir 

Selon Élections Québec, le taux de participation de l’électorat âgé de moins de 35 ans en 2018 était de 53,41 %, soit 16,27 points plus bas que les électeurs et les électrices âgé(e)s de 35 ans et plus. Même si le manque de jeunesse parmi les candidats et candidates explique partiellement ces chiffres, la solidaire Alejandra Zaga Mendez croit que le meilleur moyen d’inciter les jeunes à voter et à s’impliquer est de changer le mode de scrutin actuel.

Phoeby Laplante ne croit d’ailleurs pas qu’il est possible de réaliser de grands projets de société avant de régler le problème du mode de scrutin. « Ce n’est pas ça une démocratie. Une démocratie, c’est lorsqu’on est capable d’être représenté convenablement », ajoute-t-elle.

Le manque d’accès au logement, la hausse du coût de la vie, le climat et la santé mentale ne sont que la pointe de l’iceberg des enjeux qui touchent les jeunes d’aujourd’hui. Selon la députée solidaire de Verdun, les quatre prochaines années seront définies par les projets que la Coalition avenir Québec mettra sur la table. « À quel point vont-ils prendre en considération l’avenir de la jeunesse québécoise ? », se demande-t-elle. 

Mention photo : Ville de Longueuil

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