De deux femmes est née une forêt

Tantôt refuges, tantôt bestiales, deux histoires forestières se répondent dans la lecture-spectacle Femmes pays : nos forêts, présentée les 29 et 30 septembre derniers au Théâtre Outremont, à l’occasion du Festival international de littérature (FIL).

Femmes pays : nos forêts est une naissance. C’est le résultat d’une communion entre la poésie et le roman. Ce projet a démarré avec l’intuition d’Hélène Dorion, autrice du recueil de poèmes Mes forêts. En lisant le livre Femme forêt d’Anaïs Barbeau-Lavallette, elle a eu l’impression que celui-ci répondait à sa poésie. « Elle s’est dit que cela pouvait être joli d’avoir un spectacle où on aurait à la fois des extraits du livre d’Anaïs et de ses poèmes », explique Michelle Corbeil, directrice générale et artistique du FIL.

La metteuse en scène Véronique Côté a reçu carte blanche pour former un nouveau texte à l’aide d’extraits des deux œuvres littéraires. Selon Michelle Corbeil, les deux autrices n’ont pas participé au montage pour laisser la metteuse en scène exprimer sa créativité. « Ça prenait une personne sensible à la lecture ou à la poésie pour être capable de faire ce montage miroir entre les deux textes », déclare la directrice générale et artistique.

Une interprétation remarquable 

Grâce à un décor sobre et des extraits bien choisis, Femmes pays : nos forêts propose une alternance harmonieuse entre la poésie et le roman, la tension et le rire ainsi que la peur et le bonheur. Par exemple, la metteuse en scène a su recréer l’ambiance autour de la naissance du fils aîné d’Anaïs Barbeau-Lavalette, au bord d’une autoroute, en habillant le texte d’effets sonores. L’émotion liée à cet accouchement particulier a été transmise par le biais de maniements savants entre les sons et les lumières. 

Les lectrices Eve Landry et Lise Roy ont su dompter les textes des deux autrices sur la scène du Théâtre Outremont. La voix profonde de Lise Roy déclamait les poèmes aux mille forêts d’Hélène Dorion, tandis qu’Eve Landry a fait goûter au public son talent en incarnant le texte d’Anaïs Barbeau-Lavalette. Au grand plaisir des oreilles des spectateurs et spectatrices, la comédienne et actrice s’est aussi adonnée à une courte prestation musicale en compagnie de Florence Blain Mbaye à la guitare. 

Peu d’effets sonores et visuels

D’après Michelle Corbeil, l’utilisation des outils du théâtre et des arts vivants jumelée à une conception sonore et visuelle est essentielle pour réaliser une lecture-spectacle comme Femmes pays : nos forêts. Dans ce cas-ci, l’utilisation des effets sonores et visuels aurait pu être davantage exploitée. Sur les deux heures de la représentation, les spectateurs et spectatrices n’ont bénéficié qu’à trois reprises des magnifiques images de forêts verdoyantes tirées du film Je me soulève d’Hugo Latulippe, projetées sur un écran géant à l’arrière de la scène.

Même constat concernant la musique : les premières notes de la guitare de Florence Blain Mbaye ne se sont fait entendre qu’à la moitié du spectacle, si bien qu’on pouvait se questionner sur la pertinence de sa présence, assise sur sa chaise à attendre son tour pendant si longtemps. Quelques séquences musicales supplémentaires où les voix des trois interprètes se seraient mêlées auraient permis d’aérer la lecture.

Une oeuvre unique

Pour Michelle Corbeil, cette création est une œuvre à part entière, bien qu’elle soit le fruit du livre Femme forêt et du recueil Mes poèmes. « En discutant avec Anaïs, elle me disait qu’on a l’impression d’avoir un troisième livre. C’est un objet terminé que l’on peut représenter de cette façon-là dans un autre espace au Québec », rapporte-t-elle. 

De ce constat, la directrice générale et artistique du FIL entrevoit la possibilité de faire une tournée avec les artistes pour offrir d’autres représentations à travers la province. « Je crois qu’Anaïs et Hélène sont des autrices très aimées. Avec ces deux lectrices d’exceptions que sont Eve et Lise et les choix [en matière de mise en scène] de Véronique, je crois que ce spectacle pourrait être présenté un peu partout au Québec », estime Michelle Corbeil.

Mention photo : Alexandre Cotton|Festival international de littérature

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