Trois ans après la fin des plus récentes grèves, une trentaine d’étudiants et d’étudiantes de trois universités du réseau de l’Université du Québec, dont l’Université du Québec à Montréal (UQAM), se sont rencontrées en ligne pour discuter d’un plan d’action en faveur de la rémunération des stages.
Les bourses de soutien à la persévérance, accordées par le gouvernement à la suite des grèves de 2018 et 2019, étaient parvenues à apaiser le mouvement étudiant.
Ces bourses se sont toutefois révélées insuffisantes et réservées qu’à certains domaines d’études. Par exemple, au baccalauréat en travail social et au baccalauréat en pratique sage-femme, le montant de la bourse n’est pas équivalent au salaire minimum. « La bourse est dérisoire […] On ne peut pas survivre six mois avec 2700 dollars », dénonce Julie Stéphanie, étudiante en propédeutique à la maîtrise en travail social à l’UQAM, un programme exclu de cette bourse.
Elle ajoute que le gouvernement peut tout aussi bien les donner que les retirer. « Ce n’est pas une revendication qu’on avait demandée. […] Notre revendication d’origine était un salaire pour les stagiaires, à tous les niveaux d’enseignement, tous programmes confondus », rappelle Camille Tremblay-Fournier, étudiante au baccalauréat en travail social et ancienne membre des Comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE) qui étaient à l’origine des précédentes manifestations.
Ainsi, dans un contexte où tout le monde se renvoie la balle, l’enjeu est toujours le même : des stages rémunérés pour tous et toutes.
Une lutte générale
Créé en septembre 2021 par des étudiants et des étudiantes à la propédeutique en maîtrise du travail social à l’UQAM, le comité avait pour but de comprendre pourquoi leur programme d’études n’avait pas accès aux bourses de soutien à la persévérance du gouvernement.
Le comité s’est par la suite agrandi afin de représenter l’ensemble des étudiants et des étudiantes. « On s’est vite rendu compte que le problème était plus profond », déclare Dahbia Illoul, étudiante en propédeutique en maîtrise du travail social.
« C’est un revirement du mouvement des années précédentes. […] Grâce à ça, maintenant, on est 330 dans le groupe Facebook du comité de mobilisation pour la grève des stages. […] La lutte est devenue générale pour tous les stagiaires de tous les domaines », affirme Dahbia.
Relancer le mouvement n’était toutefois pas évident. « On a tous été pris par la COVID-19, qui est la cause principale pour laquelle le mouvement a été mis sur pause », raconte Charlotte Perrier, étudiante dans le même programme que Julie et Dahbia.
La rencontre du 21 janvier dernier, qui a mêlé solidarité, égalité et partage, laisse entrevoir une nouvelle campagne pour laquelle le mot d’ordre est différent : viser plus haut et se différencier des années précédentes.
Les étudiants et les étudiantes ont discuté d’un plan d’action en posant les bases des revendications. Ils et elles souhaitent demander un salaire et non une bourse pour payer tous les stages sans discernement. De plus, ils et elles voudraient être syndiqué(e)s, avoir le statut de travailleur, des droits, une protection, ainsi que de bonnes conditions de travail.
Des causes qui ne manquent pas
Pour Charlotte Perrier, les stages sont une lutte pour l’égalité. « On voit que dans les domaines beaucoup plus masculins, le gouvernement trouve du financement pour payer les stagiaires, alors que pour les domaines plus féminins comme les infirmières ou les travailleuses sociales, ce sont des bourses ou des stages qui ne sont pas rémunérés », remarque-t-elle.
Des étudiants et des étudiantes déplorent le manque de reconnaissance envers le travail des stagiaires. « L’école fait en sorte qu’on nous habitue au travail gratuit et au don de soi », explique Dahbia, qui entend souvent dans son domaine plein de discours sur la vocation et la passion », au détriment d’une rémunération adéquate.
Ne pas être payé(e) pour un travail peut avoir un coût émotionnel, moral, physique et psychologique. Entre les cours et les stages, certains étudiants et certaines étudiantes doivent trouver un travail pour joindre les deux bouts.
Les mois à venir seront décisifs pour le mouvement, mais le comité peut déjà compter sur l’appui de l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) affilié à l’UQAM. Les déléguées étudiantes au Conseil d’administration de l’UQAM, Mariama Dioum et Élizabeth Duboc, ont également déclaré au Montréal Campus qu’elles allaient soutenir les prochaines démarches et les mobilisations.
Des associations étudiantes pourraient ainsi tenir des assemblées générales de grève dans les prochaines semaines sur le sujet
Mention photo Martin Ouellet-Diotte | Montréal Campus (Novembre 2017)
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