La Galerie de l’UQAM s’adapte à la pandémie

Si les mesures sanitaires ont forcé la Galerie de l’UQAM à fermer ses portes au mois de mars 2020, cette dernière est demeurée active dans le but de faire vivre la communauté artistique locale. En optant pour un virage numérique, la salle d’exposition a su captiver l’intérêt des consommateurs et des consommatrices d’art contemporain de la province et d’ailleurs.

La directrice de la Galerie de l’UQAM, Louise Déry, explique qu’au moment où le gouvernement déclarait l’urgence sanitaire, elle et son équipe commençaient déjà à prévoir des stratégies pour garder l’art vivant à Montréal. « Dès le début de la pandémie, on savait qu’il fallait miser sur le virtuel, on a donc investi pour améliorer l’interface de notre site Internet », remarque Mme Déry. 

Le plan était de mettre de l’avant l’exposition en ligne, qui figurait déjà sur la programmation de la Galerie. D’anciennes exhibitions ont également été ajoutées à l’offre numérique afin d’offrir aux amateurs et aux amatrices d’art contemporain la chance de se remémorer les oeuvres ayant marqué l’histoire de la Galerie. 

L’art contemporain à distance

« Lorsqu’on a réalisé que la pandémie allait durer plus de trois mois, nous avons commencé la planification d’une programmation annuelle, essentiellement virtuelle », précise Mme Déry. Ainsi est né, au mois de mai 2020, le projet QUADrature, une exposition à quatre volets diffusée entièrement sur le site internet de la Galerie. 

Puisqu’elle est entièrement financée grâce aux subventions gouvernementales et aux dons de la clientèle, la pandémie n’a pas engendré de pertes économiques majeures pour la salle d’exposition. Selon Louise Déry, les subventions ont même grandement aidé à mettre en place les expositions en ligne. 

Précisons que les coûts d’une exposition virtuelle peuvent grimper jusqu’à 200 000$. Ce montant comprend entre autres la maintenance du site internet, les licences des œuvres et la rémunération juste des commissaires et des artistes.  

La directrice précise que son intention était d’offrir des contrats pour garder au travail les artistes et les commissaires locaux. « J’ai imaginé QUADrature pour quatre commissaires invité(e)s à développer un volet du projet impliquant chacun quatre artistes », mentionne-t-elle. Les volets ont été présentés successivement au courant de l’année et sont désormais regroupés dans une même exposition virtuelle, disponible sur le site internet de la Galerie. 

«  Je me considère très chanceuse d’avoir eu la chance d’exposer mon art et d’avoir pu continuer la pratique de mon métier! », se réjouie l’artiste iranienne Leila Zelli.   Cette dernière a participé à l’exposition Quelque part, autrement, le deuxième volet de QUADrature dont le thème était de repenser nos sociétés pour qu’elles soient plus justes. Son œuvre audiovisuelle intitulée Pourquoi devrais-je m’arrêter? met de l’avant des jeunes filles iraniennes qui pratiquent le Varzesh-e Bâstâni, un sport iranien interdit aux femmes, mélangeant lutte et haltérophilie . « Je suis particulièrement fière parce que le format a permis aux filles iraniennes qui sont au cœur de mon œuvre d’assister au résultat final, malgré la distance »,  souligne-t-elle

L’étudiante en stratégie de production à l’UQAM Sandrine Janelle a adoré la formule virtuelle offerte par la Galerie. « Les œuvres étaient vraiment adaptées au médium. Ce n’était pas comme les expositions où tu te promènes virtuellement dans le musée et qui finissent par étourdir », estime celle qui est une grande passionnée d’art contemporain. 

L’anticipation d’un retour à la normal

Leila Zelli est consciente que ce modèle n’est pas viable pour tous les types d’artistes.  Elle nomme les sculpteurs et les sculptrices ainsi que les peintres en tant qu’exemple, pour qui les expositions en présentiel sont essentielles puisqu’il est impossible de contempler l’œuvre dans son entièreté sur le web. Selon l’artiste, ces formes d’art s’apprécient davantage en personne.  « Même moi j’ai hâte de retrouver les salles d’exposition pour être témoin des réactions du public. Je veux pouvoir contempler les œuvres et sentir leur présence », concède l’artiste iranienne.

C’est un sentiment que partage également l’étudiante Sandrine Janelle. «C’est bien de s’adapter malgré la pandémie, mais rien n’égale le sentiment de se retrouver les deux pieds et la tête au musée! », déplore-t-elle.

Mme Déry se réjouit de pouvoir rouvrir les portes de sa Galerie ce printemps, notamment avec une exposition en salle axée sur les œuvres de Françoise Sullivan, une artiste québécoise de renommée internationale. Puisque le projet QUADrature a connu un grand succès, elle prévoit la tenue d’un autre événement virtuel qui suivra la même formule pour l’année prochaine.

Mention photo Manon Touffet | Montréal Campus

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