Adopter un compagnon de confinement

Le nombre d’adoptions d’animaux de compagnie a grimpé au Québec depuis le premier confinement pour contrecarrer la solitude engendrée par les mesures sanitaires liées à la COVID-19, si bien que des spécialistes du milieu craignent une vague d’abandon quand la vie reprendra son cours.

Les étudiantes de l’UQAM Katia Ranger et Sabrina Krause ont chacune adopté un chaton pendant le confinement. La situation entourant la COVID-19 leur a donné le coup de pouce nécessaire pour adopter un animal.

Elles s’entendent pour dire que la présence animale leur procure plusieurs bienfaits. L’étudiante au baccalauréat en stratégie de production Katia Ranger indique que la zoothérapie a pris tout son sens en période de confinement. La présence de son chaton lui est nécessaire maintenant qu’elle doit réduire ses contacts avec sa famille et ses amis.

Plusieurs études confirment les bienfaits de la présence animale chez l’humain: baisse de l’anxiété et du stress, développement du sens des responsabilités, sentiment d’accomplissement, augmentation de l’estime de soi et de la coopération, entre autres.

« Pendant le premier confinement, j’ai pensé adopter, mais comme c’était la première fois que j’avais cette idée-là, je l’ai laissée mijoter pour ne pas faire un coup de tête », raconte l’étudiante au baccalauréat en communication et politique à l’UQAM, Sabrina Krause.

Une forte demande

« La pandémie aura été positive sur certains aspects », se réjouit la directrice générale de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal Élise Desaulniers. « Même les tortues ont été adoptées », s’étonne-t-elle alors que son équipe perdait espoir de leur trouver une famille.

À la SPCA de Montréal, les adoptants et les adoptantes potentiel(le)s doivent désormais prendre rendez-vous et ne sont rencontrés qu’au compte-goutte. « Ça fait en sorte qu’on est facilement capable d’observer la hausse de la demande », explique Mme Desaulniers.

Il en va de même pour le processus d’abandon. Ceux et celles qui souhaitent confier leur animal au refuge doivent planifier un rendez-vous. « En faisant ça, on peut en discuter avec eux et trouver des solutions alternatives », raconte-t-elle.

Dans l’optique d’élever ou de socialiser son nouvel animal, le temps que nous accorde la réalité du télétravail ou des cours à distance en période de confinement est favorable. Cependant, le retour vers une routine plus habituelle fait craindre une vague d’abandons.

Mais cette potentielle vague d’abandon n’est pas forcément à craindre, selon Mme Desaulniers. En 2019, le taux de retour, c’est-à-dire le pourcentage d’animaux adoptés puis retournés à l’organisme montréalais était de 8 %. Pour l’année en cours, ce chiffre ne dépasse pas les 6 %. « Les habitudes adoptées par les gens en confinement ne vont pas nécessairement disparaître après la pandémie », croit-elle.

« Tout dépend des raisons pour lesquelles les gens adoptent », indique l’adjoint administratif de Zoothérapie Québec, Stéphan Francoeur. Selon lui, la décision d’adopter un animal doit être prise de manière réfléchie, les adoptions impulsives étant susceptibles de se conclure par l’abandon de l’animal.

Une pratique perturbée

La pandémie de COVID-19 aura perturbé l’offre et la demande chez l’organisme Zoothérapie Québec. « On a une demande plus forte que jamais, mais on ne peut pas y répondre », révèle Stéphan Francoeur. Il est difficile de combler les besoins en zoothérapie dans les Centres d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) puisque leur accès est présentement restreint, illustre M. Francoeur.

En temps normal, l’organisme dessert environ 115 établissements de santé, de services sociaux ou d’éducation dans la grande région de Montréal annuellement. L’équipe espère pouvoir reprendre ses activités le plus rapidement possible, dans un contexte où de nombreuses personnes souffrent d’isolement.

Mention photo: Édouard Desroches

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