La Chaire de recherche sur les enjeux de la diversité en éducation et en formation (CREDEF) vise à rendre accessible des outils pour la formation en enseignement qui tiennent compte des récentes recherches sur la diversité ethnoculturelle. La chaire vise à ce que ses travaux soient diffusés dans le milieu scolaire ainsi que communautaire et gouvernemental, entre autres.
La titulaire de la chaire et professeure au Département d’éducation et de formation spécialisées de l’UQAM, Geneviève Audet, crée en janvier 2020 la chaire avec l’idée de « centraliser la recherche sur certains enjeux [quant à la diversité ethnoculturelle]. » Elle considère que l’UQAM avait, en quelque sorte, perdu son leadership sur les thèmes liés à la diversité ethnoculturelle dans les années 1980 et 1990, devancée par l’Université de Montréal qui s’est davantage penchée sur ce type de recherches. La titulaire de la chaire vise en ce sens à ce que l’université redevienne un chef de file sur la diversité.
La CREDEF « prend le pouls du terrain pour mieux créer des outils servant à former, entre autres, les futurs enseignants […] en abordant la diversité de manière assez large, » explique la chercheuse Gabrielle Morin. Également candidate à la maîtrise en sexologie, elle pense que la chaire « possède une grande pertinence quant à son actualité. »
Selon Geneviève Audet, la grande polarisation sociale dans laquelle reste plongé le Québec témoigne de la pertinence de cette chaire financée par l’université: « L’UQAM est quand même la seule université québécoise qui offre un cours obligatoire portant sur la diversité ethnoculturelle, religieuse et linguistique à l’ensemble de ses étudiant(e)s en enseignement », illustre la titulaire.
Raconter pour mieux comprendre
La fondation de la plupart des travaux de Geneviève Audet dans le cadre de la chaire est la méthodologie des récits de pratique: « C’est une façon de donner parole à des agents scolaires pour nous renseigner sur la réalité qu’ils vivent […] C’est travailler avec des gens et non sur eux, » décrit la titulaire.
Ainsi, le projet Tisser des liens, lancé par la chaire, présente des récits d’acteurs et d’actrices dédié(e)s aux relations école-famille-communautaire, ayant adapté(e)s leurs pratiques en contexte de pandémie. « Ce sont des récits, publiés récemment, qui sont très imagés et qui ont permis la création d’un beau matériel de formation », dévoile la coordonnatrice de la CREDEF, Stéphanie Thibodeau.
Le projet Intervenir en contexte de diversité ethnoculturelle : se raconter regroupe des récits de pratiques d’enseignant(e)s sur des situations vécues auprès d’élèves immigrant(e)s ou réfugié(e)s. « Les enseignants racontent comment ils ont agi et réfléchi, ayant vécu une situation les ayant mis face à la diversité, et comment certains motifs ou croyances mènent à la prise de décision », indique la chercheuse à la chaire et stagiaire postdoctorale au département d’éducation et de formation spécialisées, Rola Koubeissy.
Aussi, un colloque, S’intéresser à la diversité ethnoculturelle, religieuse et linguistique en milieux éducatifs: la parole aux étudiant-es!, est prévu pour les 4 et 5 mars prochains. Fait pour et par les étudiantes et étudiants, en collaboration avec Le Laboratoire Éducation et Diversité en Région (LEDiR), la discussion portera sur les enjeux relatifs à la diversité en milieux éducatifs. Les chercheurs et chercheuses présenteront l’avancement de leurs projets, permettant une réflexion vaste sur ces divers enjeux.
Une chaire vectrice de changements
La CREDEF cherche également à « être à l’écoute de ce qui se passe et documenter des aspects actuels de la diversité, » explique Geneviève Audet. Ainsi, une des recherches menées par la chaire recueille des témoignages de professeur(e)s d’université sur leur manière d’aborder des sujets sensibles dans leur cours.
« C’est dans l’idée que l’éducation soit un vecteur de changement que la chaire a toute sa pertinence », décrit Stéphanie Thibodeau. La controverse autour du « mot en n » à l’Université d’Ottawa, et les récents actes discriminatoires dont a été victime Safia Nolin lors d’un cours en ligne à l’UQAM illustrent bien la pertinence d’une telle chaire selon la coordonnatrice de la chaire. « La grossophobie, la lesbophobie et le racisme, ça ne passe plus, il faut que ça change », affirme-t-elle. Fière d’agir en tant qu’actrice et alliée, elle juge aussi que le développement de l’éducation antiraciste et anti-oppressive devrait être une responsabilité collective, et non reposer uniquement sur les personnes marginalisées.
Geneviève Audet estime également que la portée de la chaire est grande. Si elle sert principalement à la faculté d’éducation, la titulaire croit que son projet de recherche peut être bénéfique en dehors des murs de cette faculté, que tous et toutes peuvent bénéficier de s’intéresser à la diversité. « La diversité n’est pas un problème à résoudre, mais un atout », enchérit Rola Koubeissy.
Photo fournie par la CREDEF
Laisser un commentaire