Ces uqamiens et uqamiennes qui voyagent malgré la pandémie

Des étudiants et étudiantes ont choisi de quitter la province en pleine pandémie de COVID-19 pour suivre leurs cours en ligne ailleurs ou alors pour aller visiter un autre pays. Portrait d’une situation qui peut sembler irréaliste, mais qui en tente plus d’un en ces temps difficiles.

Mathilde Rivard et Émilie Desgent-Daoust étudient toutes les deux à l’UQAM, la première en enseignement du français au secondaire et la seconde en journalisme. Elles habitent en appartement. En zone rouge, les deux étudiantes suivent des cours à distance et passent la majeure partie de leur temps dans leurs 3 ½. 

Pour fuir la pandémie, elles ont choisi de voyager. Mathilde s’est envolée vers l’Alberta au mois de septembre et y a suivi ses cours à distance durant deux semaines, en plus de faire de la randonnée en montagne. Émilie s’est plutôt rendue à Punta Cana pendant la semaine de relâche du mois d’octobre avec son copain pour profiter du soleil dans un tout-inclus.

La situation est incertaine et anxiogène pour les universitaires : horizon économique difficile, multiples pertes d’emplois étudiants, contacts limités avec la famille et les ami(e)s. Ce contexte amène cependant son lot d’atouts pour les touristes étudiant(e)s qui cherchent à quitter la situation pandémique québécoise selon le titulaire de la chaire de tourisme Transat et professeur  au département de marketing de l’UQAM, Marc-Antoine Vachon. Malgré la crise sanitaire, « certaines personnes préfèrent faire fi des recommandations et profiter de cet espace [qui se libère] dans leur vie pour aller vivre à un autre endroit », indique-t-il. 

Une question de frontières

Malgré les hausses de cas de contamination sur leurs territoires, les différentes provinces du pays demeurent ouvertes aux voyageurs et voyageuses canadien(ne)s, qui peuvent aller et venir sans effectuer de quarantaine. C’est d’ailleurs ce qui a convaincu Mathilde Rivard de partir pour l’Alberta. Selon le professeur au département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM Benoit Duguay,  peu de personnes le font réellement même si l’accès demeure facile. « Il y a des gens qui sont extrêmement inquiets et qui ne sortent même pas de chez eux. Ce n’est qu’une infime quantité de personnes qui voyagent en ce moment », explique-t-il. 

Pour les voyages internationaux comme celui d’Émilie, une quarantaine de quatorze jours doit être effectuée de retour au Canada. Malgré les réactions négatives de ses proches qui craignaient qu’elle contracte la COVID-19 à l’étranger, Émilie raconte qu’elle se sentait en sécurité : « Une fois à Punta Cana, j’ai subi un test de dépistage de la COVID-19. Au bout de dix minutes, j’ai su que mon résultat était négatif et on m’a permis d’aller dans l’hôtel. Sur le site du tout-inclus, seul le buffet était ouvert et il y avait seulement de 30 à 50% de l’achalandage habituel. La plage était donc vide et les employés de l’hôtel portaient en tout temps leur masque. »

L’étudiante de 3e année estime qu’elle avait peu de chances de contracter le virus grâce aux mesures mises en place par les acteurs du milieu touristique. 

Les risques de partir

Tandis que les autorités fédérales et provinciales ne recommandent de voyager qu’en ultime nécessité, Marc-Antoine Vachon estime pourtant que « le milieu a fait ses devoirs, [pour la sécurité des voyageurs], c’est incontestable. » 

L’aéroport Montréal Trudeau a été le troisième en Amérique du Nord à recevoir l’Airport Health Accreditation, certification remise aux établissements qui respectent les mesures de prévention à la COVID-19 suggérées par l’Organisation d’Aviation civile internationale (OACI). Benoit Duguay souligne que « les filtres à air des avions sont aussi performants que ceux des salles d’opération en hôpital. Donc, les cas de contamination en avion sont extrêmement rares. » 

Le danger est plutôt que les assureurs préfèrent ne pas fournir d’assurance voyage en pleine pandémie. Le professeur au département de marketing de L’UQAM, M. Vachon, mentionne que « quelques destinations assuraient […] mais vous voyez toutes les dérives qui peuvent arriver suite à ça : prouver que c’est la COVID-19, que vous n’étiez pas malade avant de venir. » 

Même si elle est au courant du risque de contracter la COVID-19 à l’étranger, Émilie Desgent-Daoust espère retourner dans le sud bientôt : « On s’est dit que si les prix restent encore bas, on pourrait y retourner au mois de janvier ou au mois de mars, dépendamment des restrictions. »

Mathilde Rivard a elle aussi choisi de ne pas s’arrêter à la pandémie : « Je pense repartir en janvier ou février vers la Colombie-Britannique. […] Une fois que cette pandémie-là va être finie, je vais devoir aller à mes cours et ça va être bien correct comme ça ! Mais au moins je vais avoir tiré parti de ça et j’en aurai profité autant que possible. »

Photo fournie par Mathilde Rivard

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