Ce texte est paru dans l’édition papier du 4 décembre 2019
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Les universitaires qui souhaitent recevoir de l’aide alimentaire de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) manquent de ressources, car aucune banque alimentaire n’est actuellement offerte, et ce, même si ce modèle est demandé par la communauté étudiante.
Certaines ressources restent tout de même accessibles pour les étudiants et étudiantes de l’UQAM. Le Comité de Soutien aux Parents Étudiants (CSPE-UQAM) offre par exemple des paniers de fruits et légumes et occasionnellement des produits invendus provenant des services alimentaires de l’Université aux membres qui sont inscrit(e)s au programme.
Des denrées non périssables sont parfois déposées au Groupe de recherches d’intérêt public de l’UQAM (GRIP-UQAM) et il existe même un réfrigérateur communautaire au pavillon Sherbrooke. Cette installation permet aux étudiants et étudiantes de déposer et de prendre de la nourriture pour éviter le gaspillage alimentaire. Or, ces services restent malgré tout méconnus et peu fiables pour ceux et celles qui doivent concilier études et travail.
Selon l’étudiante au baccalauréat en arts visuels et médiatiques à l’UQAM Catherine Robitaille, les réfrigérateurs communautaires et le dumpster diving ne sont pas adaptés au rythme de vie des universitaires.
Le dumpster diving, ou déchétarisme, est l’action de fouiller dans les poubelles de commerces afin de trouver des aliments qui seraient encore consommables, mais qui ne sont pas en assez bon état pour être servis à la clientèle.
« Le problème c’est qu’avec la plupart des frigos communautaires ou les [points de chute] de nourriture, il faut se déplacer rapidement et c’est souvent pendant les cours. Si j’arrive trop tard, il ne reste plus rien », explique-t-elle.
C’est pourquoi Catherine Robitaille mentionne qu’un service de banque alimentaire à l’Université serait plus utile par son accessibilité, pour la communauté étudiante.
Et l’UQAM dans tout ça ?
La directrice des relations de presse de l’UQAM, Jennifer Desrochers, souligne qu’un projet de banque alimentaire peut être proposé par les universitaires aux Services à la vie étudiante.
« Ils devront quand même faire une étude de faisabilité, parce qu’il y a toutes sortes de règles et de consignes à respecter si on veut en former un », commente-t-elle.
Le directeur général de Moisson Montréal, Richard Daneau, indique quant à lui que son organisme pourrait aider l’UQAM à offrir de la nourriture aux étudiants et étudiantes dans le besoin. Il explique cependant que la banque alimentaire devra respecter la mission de Moisson Montréal, qui est de lutter contre la faim et la pauvreté à Montréal.
« Les organismes qui redonnent cette nourriture-là ont la responsabilité de [former] les gens à qui ils la donnent. Ils doivent s’assurer qu’elle est distribuée aux personnes pauvres parce que c’est avec cette prémisse que nous recevons des dons », ajoute-t-il.
Des exemples gagnants
Plusieurs écoles au Québec ont déjà adopté un système de banque alimentaire, qui se révèle très efficace, de manière générale.
L’Université de Montréal (UdeM) possède une banque alimentaire indépendante depuis 2015. Elle offre chaque lundi des paniers alimentaires aux étudiants et étudiantes qui sont inscrit(e)s au programme d’aide. Toutes les semaines, la Banque Alimentaire aide environ 160 personnes.
Depuis 2019, ce sont déjà plus de 3934 paniers qui ont été offerts, ce qui correspond à près de 55 tonnes de nourriture distribuée. L’équipe comporte 20 bénévoles qui vont chercher la nourriture à Moisson Montréal, qui l’installent dans la cafétéria de l’école, qui distribuent les paniers et qui s’assurent de tout nettoyer à la fin de la journée.
La Banque Alimentaire de l’UdeM ne possédant toutefois pas de local, c’est la cafétéria qui lui prête un espace pour faire les distributions.
Selon la bénévole Mélanie Kitzinger, il serait important d’avoir un local permanent pour entreposer la nourriture. « Il faut vraiment que tout parte pendant les distributions », ajoute-t-elle, préoccupée.
Il est aussi difficile pour l’équipe d’avoir des bénévoles permanent(e)s. « En ce qui concerne le recrutement, c’est compliqué, puisqu’il faut donner du temps et de l’énergie. Tu soulèves parfois des charges lourdes et tu t’occupes du compost », raconte-t-elle.
L’UdeM offre tout de même un soutien financier pour la location d’un camion ou bien l’achat de chandails pour les bénévoles.
Selon Mélanie Chartrand, l’organisatrice de la banque alimentaire de l’École secondaire privée pour adultes Félix-Antoine à Montréal, il faut d’autres types d’aide pour nourrir les élèves convenablement.
« C’est bien beau avoir de la nourriture, mais le trois quarts des étudiants et étudiantes ne savent pas la cuisiner », insiste-t-elle. Selon Mme Chartrand, les écoles devraient disposer d’une cuisine collective pour apprendre aux gens à apprêter la nourriture qu’ils reçoivent.
Photo | Florian Cruzille MONTRÉAL CAMPUS
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