Des restaurants aux épiceries en passant par les cafétérias, les mouvements végétariens et végétaliens germent et les salles de sport ne sont pas en reste.
La popularité grandissante du mouvement porté par des athlètes professionnel(le)s devenu(e)s égéries de la diète végétale comme Carl Lewis, les sœurs Williams et Novak Djokovic incitent beaucoup de sportifs et de sportives à réduire ou même à éliminer leur consommation de viande.
« Beaucoup d’athlètes préfèrent une alimentation végétarienne ou végétalienne à une alimentation carnivore », dénote la nutritionniste certifiée en sport et membre de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec (OPDQ), Kathryn Adel. « Ça va avec la proportion générale de la population qui devient végé ou végane. Il y a un mouvement présentement, une mode. Ça se ressent aussi dans le milieu du sport », explique l’ancienne athlète du Rouge et Or de l’Université Laval en course de demi-fond.
Les équipes sportives de l’UQAM ne sont pas indifférentes à ce phénomène. Les équipes de cheerleading, de badminton et de cross-country-athlétisme sont les programmes sportifs les plus impliqués dans l’alimentation végétale. Selon la co-entraîneure-chef de l’équipe de cheerleading des Citadins, Izabelle Bernier, il y a six athlètes sur 23 qui sont végétariennes dans son équipe. C’est plus de trois fois l’estimation du nombre de végétariens et végétariennes au Canada selon les données de l’Institut des sciences analytiques et agroalimentaires de l’Université Dalhousie. Les conclusions de l’étude réalisée par le professeur Sylvain Charlebois en 2018 indiquaient que 7,1% des canadiens se disaient végétariens tandis que 2,3% se décrivaient comme végétaliens.
Un écart qui s’explique ?
Il n’y a pas de corrélation claire entre être l’athlète et l’adoption de ce type de régime, prévient Kathryn Adel. « C’est d’abord et avant tout une question de valeurs et de choix. Ça ne convient pas à tout le monde », précise-t-elle.
« C’est notamment pour les bénéfices sur ma santé que je suis devenue végétarienne », témoigne Tiphaine Marrocq, voltige dans l’équipe de cheerleading des Citadins. « Je mange beaucoup moins de gras et plus de fruits et plus de légumes. Je me sens moins lourde », raconte-t-elle.
« C’est pour l’environnement que je suis devenue végétarienne. Le gaspillage des ressources et les changements climatiques m’ont amené à vouloir le devenir », indique quant à elle Romane Bonenfant, également voltige dans la même équipe et lauréate des prix Leadership et engagement social des Citadins et du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ).
Les athlètes qui font le saut en retirent des bénéfices tangibles sur leurs performances sportives, souligne Kathryn Adel. Des études ont notamment documenté les gains sur la récupération du corps après un effort physique. Riche en antioxydants, l’alimentation végétarienne ou végétalienne aide à diminuer l’inflammation et favorisent une meilleure récupération après un entraînement. Les athlètes peuvent donc s’entraîner plus régulièrement et, conséquemment, améliorer leurs performances sportives. C’est ce qui pourrait expliquer la proportion grandissante d’athlètes qui deviennent végétariens ou véganes, selon Mme Adel.
Une diète onéreuse ?
Contrairement aux croyances populaires, « ça ne coûte pas plus cher être végétarien que d’être carnivore. Il faut simplement regarder les spéciaux [dans les circulaires d’épiceries] », indique Kathryn Adel. Lorsque Tiphaine Marrocq et son copain sont devenu(e)s végétarien et végétarienne il y a trois ans, ils ont remarqué la baisse du coût de leur panier d’épicerie. « Avant, on allait acheter en grande quantité de la viande hachée et des fruits de mer. Ça nous coûtait vraiment cher, mentionne-t-elle. En remplaçant la viande par du tofu et des légumineuses achetés en gros, on économise beaucoup », relate l’athlète qui commence sa deuxième année avec les Citadins.
Il n’est donc pas incompatible d’être un ou une athlète qui vit avec des contraintes budgétaires et qui souhaite tout de même être végétarien. Au contraire, dénote Tiphaine Marrocq. Il suffit de s’assurer d’avoir une alimentation complète et d’acheter consciencieusement.
photo: FÉLIX LEBEL MONTRÉAL CAMPUS
Laisser un commentaire