Le Syndicat des étudiants et étudiantes employé-es de l’UQAM (SÉTUE) déplore le manque de coopération de la part de l’administration de l’UQAM au sujet de la rémunération des doctorants et doctorantes en psychologie à un taux inférieur que celui prévu par la convention collective, une situation décrite comme « une attitude patronale digne des pires antisyndicaux qu’on a vus au Québec » par un ancien doctorant en psychologie à l’UQAM.
Le docteur en psychologie Benjamin Gingras, diplômé de l’UQAM, a été au cœur des revendications concernant cette problématique depuis 2012. Il a dû attendre sa quatrième année de doctorat avant de bénéficier d’un taux salarial qui reflétait son statut académique. Selon lui, cet enjeu touche l’ensemble des doctorants et doctorantes en psychologie.
« On ne parle pas de cas isolés, dit-il. Si on se fie à une lecture textuelle de la convention collective, tous les doctorants en psychologie qui sont payés au taux de la maîtrise se voient lésés, privés d’une partie de leur salaire. Donc c’est une écrasante majorité. »
Jusqu’au début des années 2000, la formation académique nécessaire pour devenir psychologue au Québec incluait la maîtrise. Le doctorat est à présent requis. Le cheminement a été modifié pour laisser place à un passage direct du baccalauréat au doctorat. Il est alors question d’un doctorat plus long, d’une durée de quatre à six ans, voire même plus longtemps.
L’article 13.02 de la convention collective stipule que les membres de la communauté étudiante doivent être payé(e)s au plus haut niveau de scolarité à laquelle ils et elles sont inscrits. Le taux horaire pour le deuxième cycle est de 22,05 $ alors qu’il est de 24,23 $ pour le troisième.
Or, le cheminement classique en psychologie, c’est le passage accéléré « bacc-doc ». Les 45 crédits manquants dus à l’absence de maîtrise peuvent prendre entre quatre à cinq ans avant d’être obtenus. Dépendamment du moment où le stage ou l’internat est complété, le délai précédent l’apparition des crédits au dossier peut aller jusqu’à deux sessions.
Il n’est pas rare, selon la responsable à la convention collective du SÉTUE, Édith Perreault, que les étudiants et étudiantes soient payé(e)s au taux de la maîtrise jusqu’à la fin de leur cursus. Ils sont considérés comme étant à la maîtrise, bien qu’ils et elles soient inscrit(e)s au doctorat. Ils payent alors des frais de scolarité qui correspondent à ce niveau académique et l’université reçoit du financement en considérant ce pan de la communauté étudiante comme s’ils et elles étaient au doctorat.
Mme Perrault se dit particulièrement dérangée par le fait qu’actuellement, l’UQAM dépense plus d’argent en frais d’avocats que pour rembourser les montants qui seraient dus.
Benjamin Gingras décrit la situation actuelle comme « de l’acharnement de la part de l’UQAM ». Pour lui, le véritable enjeu, c’est « la non-reconnaissance de notre statut en tant que doctorant dès notre entrée au doctorat ». Il ajoute que le fait que l’administration uqamienne semble penser qu’elle peut interpréter la convention collective d’une manière totalement irraisonnée va au-delà des revendications de ces doctorants et doctorantes. « C’est un manque de respect pour la négociation, déplore-t-il, pour les ententes qu’on a pris ensemble entre les deux partis. »
Négociations et confusion
Selon Édith Perreault, l’UQAM insiste sur le fait que le SÉTUE aurait accepté oralement l’entente sans rédiger quoi que ce soit qui indique un accord entre les deux partis lors du dernier arbitrage en octobre 2018.
Édith Perreault doute de la validité d’un tel justificatif, qu’elle décrit comme « très bas ». À son avis, cette entente n’a pas eu lieu puisqu’il serait très étonnant que deux partis s’entendent sur un accord qui était déjà un cheval de bataille il y trois ans, et ce, sans le rédiger.
« On conserve systématiquement une trace écrite justement pour éviter ce genre de malentendu, indique-t-elle. Je crois les membres du comité de négociation du SÉTUE qui étaient présents en octobre dernier et nient l’existence d’une telle entente, ce genre d’accord est toujours rédigé. »
L’administration de l’UQAM n’a quant à elle pas voulu se prononcer sur l’affaire. « L’Université ne commente pas une affaire déjà soumise à un tribunal », a déclaré sa responsable des relations avec la presse, Jenny Desrochers.
Les prochaines séances d’arbitrage auront lieu le 19 et le 20 mars. L’arbitre tranchera alors selon la crédibilité des témoins, soit les membres des comités de négociation respectifs d’il y a trois ans.
L’ancien doctorant Benjamin Gingras se dit confiant à l’aube de cet arbitrage qui, selon lui, ira en leur faveur. Mme Perreault exprime quant à elle un point de vue ambivalent. « Qu’on perde ou qu’on gagne, l’UQAM va revenir sur le sujet lors de la négociation de la prochaine convention. Ils ne veulent pas céder. »
photo: LUDOVIC THÉBERGE MONTRÉAL CAMPUS
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