La campagne Ça va aller, de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM), vise à inciter la communauté universitaire à discuter de santé mentale. L’initiative ne fait toutefois pas l’unanimité : elle ne s’attaquerait pas aux problèmes de fond, selon une étudiante concernée.
Lancée sous forme d’affiches, de murales et de dépliants informatifs, Ça va aller propose diverses activités de groupe organisées par le Centre de santé et de consultation psychologique de l’Université de Montréal (CSCP), comme des ateliers de méditation et un service téléphonique d’aide 24/7. On réfère également les utilisateurs et les utilisatrices du site de la campagne à des ressources généralement extérieures, comme Suicide Action Montréal et Info-Santé, sous l’onglet Services de soutien. Le CSCP aurait dépensé près de 138 000 $ dans la campagne, selon Radio-Canada.
Si elles s’avèrent un bon point de départ, ces initiatives ne sont pas suffisantes pour améliorer concrètement la santé mentale au sein de la communauté étudiante, avance Jacinthe Pilette, étudiante en troisième année au baccalauréat en physique. « La campagne se concentre sur des problèmes généraux afin de rejoindre le plus de gens possible, mais ne s’attaque pas assez aux problèmes propres aux étudiants, comme l’anxiété de performance et les modalités d’évaluation trop stressantes, par exemple », explique-t-elle. Elle ajoute que cette initiative n’aidera pas à réduire le temps d’attente pour rencontrer un professionnel ou une professionnelle de la santé mentale au CSCP, qui est de près de trois mois.
La directrice du CSCP, Virginie Allard, se dit d’accord, mais soulève le fait qu’une telle augmentation de l’achalandage validerait la nécessité de cette campagne. « Si ça se trouve, la demande de consultation va augmenter, parce que les étudiants vont prendre un moment d’arrêt pour penser à leur santé mentale », affirme-t-elle.
Elle spécifie que les cas sont toujours traités en fonction de l’urgence de l’état des utilisateurs et des utilisatrices. « Il faut être réaliste, si les étudiants attendent chez nous trois mois, ils attendraient plus d’un an dans le secteur de la santé », ajoute-t-elle.
Un dialogue à grande échelle
Ça va aller est le résultat de l’enquête Ça va ?, menée en 2015-2016 par la FAECUM, qui se penchait sur la santé psychologique de la population étudiante de l’Université de Montréal. Cette dernière révélait que près de 75 % des répondants et des répondantes souhaitaient améliorer l’état de leur santé mentale.
La principale stratégie de la campagne est d’inciter au dialogue, selon le secrétaire général de la FAECUM, Matis Allali. « On demande toujours aux gens comment ils vont, mais on ne prend même pas le temps de se demander si nous-même, on se porte bien », constate-t-il.
M. Allali est tout de même conscient que la campagne risque de laisser de côté une partie de la communauté de l’université, dont les gens en état de crise psychologique grave. « Le but, c’est vraiment d’inciter la discussion, et qu’il ne soit plus tabou de parler de son état mental avec les autres, mais c’est sûr qu’on ne peut pas rejoindre tout le monde », rappelle-t-il.
Jacinthe Pilette collabore au sein de son association étudiante en physique pour identifier les problèmes propres à ce domaine. Selon elle, cette approche permettrait la mise en place de services plus spécifiques à chaque programme d’étude. « C’est sûr que la FAECUM ne peut pas rencontrer chaque association de l’université, parce qu’elles sont nombreuses, mais un travail pourrait être fait pour proposer une campagne qui rentre plus directement dans le problème », reconnaît-elle.
photo: GRACIEUSETÉ DE LA FAECUM
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