Les futures sages-femmes pavent la voie à une GGI

Impliquées depuis les tous débuts pour la rémunération des stages, certaines étudiantes en pratique sage-femme disent éprouver une incompréhension face à la direction que semble prendre le mouvement.

La session d’hiver s’est entamée avec le dénouement d’une longue discussion sur la rémunération des stages, alors que certaines associations étudiantes, dont l’Association facultaire étudiante des sciences humaines de l’UQAM (AFESH), l’Association facultaire étudiante des arts de l’UQAM (AFEA) et l’Association des étudiantes sages-femmes du Québec (AESFQ) ont voté pour un mandat de grève générale illimitée (GGI).

Plusieurs associations étudiantes, dont l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE) et l’Association facultaire étudiante de science politique et de droit de l’UQAM (AFESPED), ont quant à elles voté en défaveur d’une GGI. Selon l’étudiante en pratique sage-femme à l’Université de Québec à Trois-Rivières (UQTR) Bérangère Paradis-Deschênes, ces récentes décisions prises trahissent « une forme de désolidarisation ».

« Depuis que les plans d’action ont été adoptés, la stratégie a toujours été de déclencher la grève générale illimitée au début de la session d’hiver », explique-t-elle. Or, la GGI adoptée par certaines associations étudiantes ne sera déclenchée que le 18 mars prochain.

« On trouve ça particulier que, tout d’un coup, cette décision soit prise. On craint de ne pas partir en grève générale illimitée tout le monde ensemble », souligne celle qui a aussi travaillé à la mise sur pied du comité Mobilisation, qui milite pour la rémunération des stages.

Le budget annuel du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur n’étant dévoilé qu’à la fin mars, l’étudiante s’inquiète qu’un départ de grève si tardif laisse trop peu de temps au ministre Jean-François Roberge pour y inclure les mesures financières d’une rémunération des stages.

Des conditions de stage particulières

Si l’AESFQ a été la première association étudiante à voter un mandat de GGI cet hiver, cela fait aussi plusieurs années qu’elle milite en faveur de la rémunération des stages. « Il y avait déjà un mémoire écrit sur l’état des conditions financières des étudiantes sages-femmes au Québec. L’hiver passé, des filles l’ont remis à jour et l’ont envoyé au ministère de l’Éducation », explique Victoria, également étudiante en pratique sage-femme à l’UQTR.

Le document en question témoigne des conditions de stage particulières avec lesquelles doivent composer les étudiants et étudiantes sages-femmes. Sans pouvoir compter sur une rémunération, ces derniers et ces dernières doivent souvent se plier à des dépenses supplémentaires, incluant l’achat d’une voiture. « Quand on se fait appeler pour un accouchement, on doit pouvoir y aller directement. On ne peut pas prendre le bus », exemplifie Victoria, avant d’ajouter que les milieux de stage sont attribués partout à travers la province, ce qui force plusieurs étudiants et étudiantes à déménager.

« Il y a des filles avec des enfants et un conjoint, qui doivent vivre loin de leur famille pendant huit mois. D’autres doivent payer deux loyers en même temps, parce qu’elles ne peuvent pas se débarrasser de leur appartement pour quelques mois », explique-t-elle.  

Au total, ce sont 2352 heures de stage non rémunérées que doivent réaliser les étudiants et étudiantes sages-femmes durant leurs quatre années d’études, selon l’AESFQ. De ces heures, une grande majorité serait complétée lors de fêtes, de jours fériés et de quarts de nuit. « On peut faire de la garde 24 heures sur 24 pendant des périodes qui varient de trois à dix jours. C’est un horaire défavorable, pour lequel on n’a aucune compensation », s’indigne Victoria.

Une compensation monétaire, comme l’ont obtenue les étudiants et les étudiantes en enseignement au printemps 2018 pour leur quatrième et dernier stage, n’est toutefois pas ce que réclament les sages-femmes. « Ce qu’on veut, c’est une rémunération, avec le statut de salarié et les droits qui viennent avec. On a peur que [le gouvernement] nous donne une compensation juste pour nous faire taire », s’inquiète Victoria.

De son côté, Bérangère Paradis-Deschênes dit « ne pas se faire de faux espoirs » quant à la récente promesse du ministre Jean-François Roberge de revoir l’encadrement des stages. « Pour l’instant, on est contentes qu’un canal de communication se soit ouvert, mais on est très conscientes qu’il va falloir maintenir la pression sur le gouvernement, si on veut qu’il reste ouvert », explique-t-elle.

photo: GRACIEUSETÉ ASSOCIATION DES ÉTUDIANTES SAGES-FEMMES DU QUÉBEC

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