À l’aube du mandat de la nouvelle rectrice, Magda Fusaro, une partie de la communauté de l’UQAM espère que s’effectue une cassure entre la gouvernance de la nouvelle administration et celle de son prédécesseur, Robert Proulx.
La nouvelle tête dirigeante de l’UQAM a été élue en novembre dernier, après trois tours de consultation auprès des différents groupes de l’UQAM. L’une de ses promesses phares : améliorer la communication au sein de l’université.
« Un premier, un deuxième, un troisième vote : on a bien vu comment des divisions étaient en place [dans la communauté] », expose la présidente du Syndicat des professeurs et professeures de l’UQAM (SPUQ), Michèle Nevert.
La baisse du financement octroyé par le gouvernement de Philippe Couillard dans les dernières années ainsi que la diminution du nombre d’étudiants a contribué à accentuer les tensions au sein de l’université. La communication entre les différents groupes de l’UQAM et la direction pendant le mandat de Robert Proulx était parfois difficile.
« C’était coupé, il y avait une déconnexion complète. Ce n’était pas juste M. Proulx, c’était toute la direction. On espère qu’il va y avoir des changements […] pour que la reconnexion se fasse », affirme la présidente du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQAM (SCCUQ), Marie Blais.
Engagements nombreux
Le Studio-théâtre Alfred-Laliberté était bondé, le 24 janvier dernier, lors de l’allocution de la nouvelle rectrice, entrée en fonction au début de l’année 2018. Le programme du jour était chargé alors que la rectrice déclinait ses engagements pour les prochains mois. La rencontre s’intitulait « Une communauté, 10 actions, 100 jours ».
Transparence, nouveaux vice-rectorats, bourses plus nombreuses pour les étudiants, rayonnement de l’UQAM à l’international, disponibilité de la rectrice ou encore écologie : voilà quelques-unes des propositions qu’a amenées la rectrice.
Les délégués étudiants se gardent toutefois une réserve et attendent la concrétisation de ces nombreux projets. « Ce sont des promesses qui sont faites chaque fois qu’il y a un nouveau recteur ou une nouvelle rectrice. On ne prend donc rien pour acquis », indique le co-représentant étudiant sur le conseil d’administration de l’université Samuel Cossette, en poste depuis 2015.
Le changement de ton entre cette prise de parole de Mme Fusaro et les allocutions de son prédécesseur est toutefois notable, selon Michèle Nevert. « Toutes les personnes qui voulaient poser des questions pouvaient le faire. Auparavant, c’était : “ vous avez 15 minutes” », dit la professeure de littérature et présidente du SPUQ.
« Il doit y avoir plus de collégialité qu’avant, pas juste une petite clique de vice-recteurs. Il faut impliquer plus de gens », expose la co-représentante étudiante au conseil d’administration de l’UQAM Nadia Lafrenière.
Une autre mesure phare du mandat de Magda Fusaro est la transparence budgétaire de l’administration. Les finances de l’UQAM représentant un dossier très complexe, les groupes uqamiens voudraient que l’administration joue cartes sur table. « Quand on fait des compressions, on veut savoir sur quelle base », exprime la présidente du SCCUQ, Marie Blais.
En ce qui a trait au budget, Mme Fusaro propose plus de clarté et d’accessibilité. La rectrice compte notamment créer des groupes de travail en matière de gestion financière.
Réponse de la rectrice
La nouvelle tête dirigeante de l’UQAM compte se démarquer de son prédécesseur à certains égards. En entrevue avec le Montréal Campus, Mme Fusaro a exprimé son désir de s’impliquer directement à l’UQAM.
« Les éléments où je pense qu’on pourra observer une différence [avec M. Proulx], c’est que je suis sur le terrain. Je marche tout le temps. Je collabore à tout », affirme la rectrice.
Mme Fusaro souhaite que l’image qui reste d’elle à la fin de son mandat, en 2023, soit celle d’une rectrice qui n’a pas eu peur de s’exprimer. Elle compte « prendre position » sans toutefois parler au nom des différents groupes qui constituent l’UQAM.
Des demandes d’appui
Les dossiers auxquels devra s’attaquer Mme Fusaro sont nombreux et les demandes d’appui fusent de partout.
Les étudiants voudraient être mieux épaulés par la direction dans leurs revendications, selon le co-représentant étudiant sur le conseil d’administration de l’université Samuel Cossette. « L’administration a mis des bâtons dans les roues de certaines campagnes étudiantes », affirme l’étudiant à la maîtrise en communication, faisant référence, entre autres, aux manifestations de 2012 et de 2015.
La présidente du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’UQAM demande au gouvernement un plus grand équilibre budgétaire entre les différents domaines de formation. « Il faut que le secteur des arts soit aussi bien financé [que les autres]. On ne veut pas que [le financement] aille seulement en ingénierie ou en médecine », soutient Marie Blais. Elle souhaite donc que la rectrice soit « au front » des négociations de la formule de financement avec le gouvernement québécois.
Rectorat : un sport d’équipe
La nouvelle rectrice est bien connue au sein de l’UQAM, où elle travaille depuis 2001. Mme Fusaro a été professeure, directrice de programme et vice-rectrice. « Magda Fusaro, c’est une femme qui a une compréhension de l’organisation. Elle la voit dans son sens large », croit le responsable des communications au Syndicat des employées et employés de l’UQAM (SEUQAM), Alain Roy.
Mme Fusaro n’agit néanmoins pas seule dans l’exercice du pouvoir. Dans les semaines qui suivent auront lieu des élections afin d’élire un vice-recteur à la vie académique ainsi qu’un vice-recteur aux services informatiques, qui occupera le poste laissé vacant par Magda Fusaro.
« Il n’y a pas qu’un seul sauveur dans une université et encore moins dans la nôtre. C’est une équipe », relativise la présidente du SPUQ, Michèle Nevert.
photo : MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS
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