Une plainte auprès de l’ambassade canadienne au Mexique relativement à la mort de l’activiste Mariano Abarca a été déposée mardi dernier à Ottawa alors que le gouvernement canadien tente de contrôler les activités des entreprises minières canadiennes à l’étranger depuis plusieurs années.
Présents à l’UQAM mercredi dernier pour participer à un panel sur les enjeux de l’industrie minière en territoire autochtone dans les Amériques, des défenseurs des droits de la personne au Mexique ont discuté de solutions concrètes aux problèmes causés par les entreprises minières.
La plainte déposée auprès du Commissariat à l’intégrité du secteur public du Canada dénonce les actions de la minière Blackfire Exploration qui ont mené au meurtre de l’activiste mexicain en 2009 dans l’État de Chiapas, au Mexique.
Près de 200 conflits liés à des violations environnementales, socioéconomiques et des droits de la personne en Amérique latine sont causés par les projets de minières canadiennes, révèle une étude menée par l’Observatoire des conflits miniers en Amérique latine.
Plainte contre Blackfire Exploration
« L’ambassade est accusée d’avoir soutenu l’entreprise minière malgré qu’elle ait été mise au courant des manifestations contre les violations des droits environnementaux et des droits de la personne commises par la société Blackfire », déclare l’avocat de la famille Abarca, Miguel Angel de los Santos.
La famille de M. Abarca accuse l’ambassade canadienne d’avoir fourni un soutien à l’entreprise Blackfire en 2009.« Il y a des preuves suffisantes pour démontrer quelle était la relation entre le gouvernement mexicain, l’ambassade canadienne et l’entreprise Blackfire », affirme le fils de Mariano Abarca, Jose Luis Abarca.
« Depuis des années, les ambassades du Canada à l’étranger ont fonctionné comme des bureaux de relations publiques pour les entreprises minières essayant de discréditer les protestations », déclare le professeur émérite en anthropologie à l’Université de Montréal et chercheur associé au Groupe de recherche sur les espaces publics et les innovations politiques (GREPIP) de l’UQAM, Pierre Beaucage.
Une enquête menée par la Gendarmerie royale du Canada en 2015 démontre que l’entreprise Blackfire aurait détourné des fonds au profit du gouvernement mexicain pour étouffer le mécontentement populaire.
Le Canada est considéré comme l’une des puissances minières à travers le monde. En 2012, la bourse de Toronto administrait 70 % des actions émises par le secteur minier sur le plan mondial, selon le groupe TMX. Les entreprises canadiennes minières ont accumulé des profits de plus de 20 milliards de dollars au Mexique en 2013, selon une recherche réalisée par Mines Alerte Canada, une organisation qui appuie des organismes environnementaux, autochtones et syndicaux.
Actions gouvernementales
Le gouvernement canadien a entrepris des actions pour lutter contre la corruption des entreprises minières à l’étranger. Le ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne, a annoncé à la mi-janvier la création d’un poste d’ombudsman pour la responsabilité sociale des entreprises. Ce dernier aura le pouvoir d’enquêter sur les actions des entreprises canadiennes à l’étranger.
« [Il s’agit] d’une action qui n’est pas suffisante si le gouvernement va encore se limiter à conseiller les entreprises au lieu de punir ses actions illégales », explique la coordinatrice du programme latino-américain de Mines Alerte Canada, Jen Moore.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement crée un organisme de vigilance pour les entreprises à l’étranger. En 2014, il a approuvé la Loi sur les mesures de transparence dans le secteur extractif, chargé d’examiner les pratiques des entreprises minières à l’étranger.
« Un gouvernement progressiste comme celui du Canada prétend apporter des solutions à tous nos problèmes à travers une petite fenêtre où on ira déposer nos plaintes. Cependant, le gouvernement canadien n’a jamais créé une loi qui punit les entreprises et prévient la souffrance de notre peuple », dénonce le porte-parole du Réseau mexicain des personnes affectées par l’exploitation minière, Miguel Mijangos.
photo : SARAH XENOS MONTRÉAL CAMPUS
Des défenseurs des droits de la personne au Mexique se sont réunis mercredi dernier à l’UQAM.
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