Près de 5000 personnes ont défilé dans les rues du centre-ville de Montréal dimanche dernier pour la grande manifestation contre la haine et la racisme, dans le but de contrer les mouvements d’extrême droite qui semblent gagner en puissance depuis quelques années.
La marche a débuté vers 14h30 au parc Émilie-Gamelin, où plus de 160 groupes venant d’horizons et de communautés différentes se sont réunis contre le racisme et la haine. Diverses associations étudiantes de l’UQAM étaient présentes, telles que l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE), l’Association étudiante du secteur des sciences (AÉSS), l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) et le Cercle des Premières Nations de l’UQAM. Plusieurs groupes féministes et de défense des droits LGBT étaient également de la partie. Autant de bannières différentes pour un seul événement est tout à fait normal, selon la militante antiraciste et organisatrice communautaire Safa Chebi. « Le racisme ne concerne pas qu’une classe, c’est un problème de société. C’est une question de droit et de justice sociale qui nous concerne tous en tant qu’être humain. Il faut donc s’y attaquer tous ensemble », explique-t-elle.
Diverses affiches déambulaient dans les rues avec des slogans haut en couleurs, tels que « Loi 62, loi de peureux » ou encore « Des ponts, pas des murs ». « Face à des cas comme la loi 62, qui stigmatisent une classe de femmes bien précise, les associations féministes et antiracistes se doivent de travailler main dans la main », affirme la co-vice-présidente de la Fédération des femmes du Québec Marlihan Lopez.
Montée de l’extrême droite
L’année 2017 a enregistré une augmentation des violences et des tensions raciales, mais le phénomène est loin d’être récent, explique le militant antiraciste et membre de Solidarité sans frontières et du Collectif de résistance antiraciste de Montréal Anas Bouslikhane. « Ce n’est pas la première fois que l’on assiste à de tels événements. On constate que ces tendances xénophobes reviennent toujours par vague. Celles-ci seraient dues à une vision ethnocentriste, qui essaie de protéger ses privilèges politiques et sociaux, mais qui conduit surtout à une réclusion générale », précise-t-il.
Cette manifestation a été organisée en guise de riposte à l’accumulation des événements qui ont facilité l’installation d’un climat xénophobe dans la province. La tuerie du Centre culturel islamique de Québec rappelle à quel point la stigmatisation perpétuelle et systématique d’une communauté peut être dangereuse. « On avait remarqué un clivage entre les communautés musulmanes et le reste de la société québécoise, suite à la publication de la charte des valeurs. Si on ajoute à ce manque de communication, la tolérance, les discours haineux dans les espaces publics et l’inaction des autorités, on se rend vite compte l’attentat de Québec n’a rien de surprenant », ajoute Mme Chebbi.
La manifestation a pris fin dans le calme, aux alentours de 17h. Les militants se sont arrêtés à la Place du Canada, devant la statue de John. A MacDonald, l’un des pères fondateurs du Canada. Celle-ci avait été vandalisée dans la nuit de samedi à dimanche, suite à la polémique qui entoure le passé du premier premier ministre du pays, accusé du génocide d’Amérindiens. La journée s’est déroulée sans incident et dans la bonne humeur, malgré une forte présence policière.
photo: MARTIN OUELLET MONTRÉAL CAMPUS
La statue de John A. Macdonald a été recouverte de peinture rouge la veille de la manifestation par des antiracistes pour dénoncer les idées suprémacistes de l’homme d’État.
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