Dénonçant le rôle des policiers au sein de l’embourgeoisement des quartiers et de la répression des personnes itinérantes, des manifestants ont sillonné les rues de Montréal mercredi soir pour la 21e édition de la manifestation contre la brutalité policière. Biens matériels, forces de l’ordre et médias ont été ciblés par certains protestataires.
Les manifestants se sont rassemblés vers 19h à la place Valois dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, épicentre de la lutte contre l’embourgeoisement du secteur. Un choix géographique calculé par les organisateurs, issus du Collectif opposé à la brutalité policière (COBP), qui établissent des liens entre cette lutte et les difficultés dénoncées par le collectif.
« Les flics vont protéger les riches, ils vont protéger les condos, ils vont exercer un nettoyage social. On trouvait que cette année c’était un lieu et une lutte très d’actualité par rapport à la répression policière, c’est pour ça qu’on a choisi la place Valois », explique Claire*, une sympathisante du COBP impliquée au sein du comité d’organisation.
La manifestation s’est déroulée dans le calme, jusqu’à ce que la foule atteigne le centre-ville et projette des feux d’artifice vers les policiers et les médias sur place. Des protestataires munis de drapeaux noirs ont ensuite vandalisé quelques vitres et une voiture de police, ce qui a mené à une dispersion rapide des gens présents par le SPVM. Plusieurs manifestants et journalistes ont été poussés et projetés au sol par l’escouade antiémeute, mais la soirée s’est conclue sans arrestations et sans blessures sérieuses.
Solidarité & injustice
L’organisme SOS itinérance s’est joint pour une deuxième année consécutive à la manifestation, en solidarité avec les personnes en situation d’itinérance qui subissent elles aussi les effets de l’embourgeoisement du quartier. « Il y a des personnes itinérantes qui se logent, et elles sont déplacées systématiquement de la place Valois par les policiers du BEP [ la Brigade des espaces publics du SPVM] », relate Alexandre Paradis, fondateur de l’organisme SOS itinérance.
Largement vêtus de noir, un accoutrement associé à la tactique du Black Bloc, les autres individus venus dénoncer les abus policiers étaient également réunis par un sentiment d’injustice. « De la brutalité policière, j’en ai vu, j’en ai re-vu et j’en ai vécu. C’est des choses qui frustrent tellement qu’au lieu d’aller frapper des policiers, on vient ici aujourd’hui », raconte Steve*, étudiant du programme de design de l’environnement de l’UQAM.
Les médias pris pour cible
Quelques minutes avant la dispersion de la manifestation, une escarmouche entre un photographe et quelques protestataires a fait monter la tension d’un cran. Plusieurs manifestants ont alors entrepris de lancer des projectiles et des feux d’artifice aux médias à la tête du cortège.
« Ils ont une mentalité d’“on ne montre rien, on ne se fait pas filmer”. Un moment donné, il faut de la visibilité. Tu vas faire une manif dans le noir, personne ne va rien voir, et on ne va pas montrer la lutte? Je ne suis pas d’accord! », explique Julien Crête-Nadeau, qui se décrit comme étant un média indépendant et militant, en partageant sa consternation d’avoir été ciblé par la foule.
Ce n’est pas la première fois que les médias sont pris à partie dans les manifestations montréalaises, mais jusqu’à maintenant les médias indépendants et citoyens semblaient relativement tolérés, même par la frange plus radicale des contestataires.
* Noms fictifs, ces personnes désirant préserver leur anonymat par mesure de sécurité.
Photo: MARTIN OUELLET-DIOTTE MONTRÉAL CAMPUS
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