La 19e édition des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) a pris fin le 20 novembre après dix jours consécutifs de projection. Surtout marqué par les multiples honneurs remportés par les jeunes réalisateurs canadiens, le festival a encore une fois profité de l’apport des réalisateurs, venus partager leurs témoignages et leur expérience à la suite des projections de leurs oeuvres.
Présentant plus de dix documentaires à chaque jour, le festival a donné de quoi se régaler aux cinéphiles montréalais. Avec la multitude de bonnes projections au programme, il était parfois triste de ne pouvoir se dédoubler ou se détripler.
La cérémonie de clôture s’est terminée avec une remise de prix fort attendue et les jeunes talents du pays se sont illustrés dans diverses catégories.
Carlo Guillermo Proto a gagné le Prix des étudiants en plus de mettre la main sur le Grand prix de la compétition nationale longs métrages avec son documentaire Resurrecting Hassan. Le cinéaste canado-chilien propose une touchante incursion dans la vie bien particulière du trio Harting, une famille non-voyante. L’œuvre dégage une gamme d’émotions si brillamment transmise que l’expérience semble plus réelle que l’écoute d’un simple film.
Le premier documentaire de la jeune réalisatrice d’origine kurde Zaynê Akyol a quant à lui amplement convaincu le jury de lui accorder le prix du meilleur espoir Québec/Canada. Son long métrage Gulîstan, terre de roses dépeint avec verve la vie des combattantes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation politique et armée qui combat présentement le groupe armé État islamique.
Causant un vif émoi, le long métrage a fait surgir de nombreuses questions chez les spectateurs, abasourdis par la nature de ce documentaire complètement aux antipodes des films de guerre traditionnels. D’ailleurs, au lieu d’être présenté deux fois comme toutes les productions du festival, Gulîstan, terre de roses a été projeté trois fois en raison de l’important achalandage pour y assister.
L’oeil derrière la lentille
La beauté des RIDM réside dans la diversité des genres et des propos, en plus d’initier le public aux enjeux qui entourent le cinéma documentaire. Un atelier sur la réalisation de documentaires, une projection de courts-métrages de la relève d’ici, une discussion sur les dangers de la réalité virtuelle et de nombreuses autres activités ont été organisées toute la durée du festival.
Un autre aspect à souligner réside dans la disponibilité et l’accessibilité des réalisateurs. Après les projections de la plupart des documentaires, les créateurs apparaissaient, souvent sous un tonnerre d’applaudissements, afin de prendre part à la séance de questions du public. Que ce soit pour préciser les éléments factuels présentés ou pour en savoir plus sur les motivations des cinéastes, il était toujours intéressant de mettre un visage et une idée sur l’oeuvre cinématographique qui venait d’être visionnée.
Dans le cas d’un long métrage comme Resurrecting Hassan, filmé de manière très intrusive et presque choquante en raison de la proximité des caméras auprès des protagonistes Denis, Peggy et Lauviah Hartings, le public se sentait rassuré d’obtenir certaines explications. Les cinéastes ne cherchaient pas à justifier leurs œuvres, loin de là, mais bien à rectifier certaines interprétations injustes d’un auditoire se basant sur sa propre vision des choses, sa propre expérience.
Les RIDM permettent une écoute juste et une découverte renouvelée de certains sujets jamais abordés. Il mène le public à critiquer, à louanger, à adorer ou encore à détester les oeuvres présentées, tout en suscitant la réflexion et l’introspection, pour le meilleur et pour le pire.
Photo: ONF/NFB
Le long métrage Gulîstan a valu à la réalisatrice Zaynê Akyol le prix du Meilleur espoir Québec/Canada.
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