Des courts métrages encore plus courts

Les Sommets du cinéma d’animation présenteront ce soir, à la Cinémathèque québécoise, leur première compétition internationale de films très courts. En tout, 33 cinéastes, dont 12 Québécois, tenteront de séduire le public avec des créations originales de moins de 2 minutes 30 secondes, top chrono.

« En moins d’une heure, le public pourra visionner plus de trente films. C’est exceptionnel », s’exclame d’entrée de jeu le directeur artistique des Sommets du cinéma d’animation, Marco de Blois. Pour le quinzième anniversaire de l’évènement, les organisateurs partageaient un désir d’innover, confie-t-il.  

Selon lui, les différentes compétitions québécoises de courts-métrages laissent peu de place aux très courtes créations cinématographiques. « Ce sont des films souvent difficiles à insérer dans une programmation, précise-t-il. La plupart du temps, ils servent à ponctuer la grille. »

Avec cette compétition, M. de Bois souhaite mettre de l’avant ces « mal-aimés » qui, à son avis, se démarquent par leur efficacité et leur trame narrative concise.

À compter de 21 heures, 33 films de genres différents, allant de la comédie au drame en passant par l’expérimentation, seront en compétition.

La programmation comprend aussi deux productions cinématographiques encore plus courtes qui reprennent, en une minute seulement, de grands classiques du cinéma. L’Empire des sens, production japonaise de Nagisa Oshima sortie en 1976, est d’abord revisité par le cinéaste français Franck Dion. Pour sa part, Zaven Najjar, artiste provenant aussi de la France, reprend 2001, l’Odyssée de l’espace, réalisé par Stanley Kubrick en 1968.

Pour Jean-Philippe Fauteux, chargé de cours à l’École de design de l’UQAM, cette compétition renoue avec une formule délaissée depuis quelques années. « Les catégories de films très courts ont un peu disparu et ont été fondues dans de nouvelles catégories plus larges qui ne tiennent pas vraiment compte des durées », explique-t-il.

Néanmoins, ces créations de courtes durées ne seraient plus à la fine pointe de l’innovation dans le milieu du cinéma d’animation. « Aujourd’hui, si l’on veut tenter d’identifier une nouvelle tendance, il faudrait plutôt pencher vers les ultras courts-métrages ». Cet enseignant, également organisateur du festival d’exploration audiovisuelle DÉRAPAGE, souligne que ce sont plutôt les GIF — clips très brefs majoritairement présents sur les réseaux sociaux — qui gagnent en popularité.

Un prétexte compétitif

Contrairement au jury des compétitions internationales et étudiantes qui sera composé d’experts du milieu,  celui du  concours des très courts-métrages sera constitué de membres du public, une façon novatrice de procéder, selon le directeur artistique de l’événement.

Les juges seront choisis au hasard sur place, a annoncé Marco de Blois. « Les personnes seront sélectionnées ce soir. Ni moi ni eux ne sommes au courant au moment où on se parle », mentionne-t-il. Il précise toutefois que l’organisation s’assurera qu’il n’y ait pas de conflit d’intérêts. De toute évidence, les représentants du jury ne devront pas être liés de près avec les réalisateurs.

Tant qu’à faire quelque chose qui va marquer l’imaginaire, nous voulions le faire en grand
Marco de Blois, directeur artistique des Sommets du cinéma d’animation

Pour la diplômée de l’École de design de l’UQAM, Amélie Tourangeau, qui présentera ce soir Euphoria, son premier court métrage individuel, la compétition n’est qu’un prétexte pour faire davantage connaître son travail.

« Je suis déjà de bonne humeur que mon court soit présenté là-bas, explique-t-elle. Ce serait flatteur de remporter la compétition, mais ce n’est pas mon objectif principal ». Celle qui codirige le Studio Conifère, une boîte de production de contenus audiovisuels, présentera un film « rétrofuturiste » d’une minute quinze secondes abordant la colonisation d’une autre planète. Même si cette dernière reste critique face à son premier court métrage individuel, elle est excitée d’offrir son film au public.

Cet enthousiasme est aussi partagé par l’artiste visuelle Caroline Caza qui participe à la compétition avec son œuvre expérimentale Rivage. « Je ne fais pas mes films pour gagner des prix. Peu importe le jury, je souhaite qu’ils soient vus », conclut-elle.

Les Sommets du cinéma d’animation débutent ce soir et se terminent dimanche.

Photo: SOMMETS DU CINÉMA D’ANIMATION MONTRÉAL CAMPUS
Image tirée du court métrage Euphoria

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