Enfants chéris du rap québécois de la nouvelle école, les membres de Dead Obies reviennent avec un opus flambant neuf intitulé Gesamtkunstwerk. Enregistré devant leur public aussi bien qu’en studio, l’album rassemble clichés et extravagances, ancré dans cette tonalité fougueuse et vive qui distingue le groupe. Le tout délaisse toutefois le côté personnel et introspectif de leurs projets précédents.
Dès la première écoute, certains morceaux dégagent une ambiance plus accessible par rapport à ce que le groupe présentait auparavant, que ce soit dans Montréal $ud ou sur un des volumes de Collation. Pour le mieux, dans le cas de Waiting, et le pas si mieux dans le cas de Where They @, avec une trame sonore un peu trop visiblement inspirée de My N**** de YG. Certains textes suscitent peu d’engouement, malgré leur côté accrocheur.
Leur chimie, qui ne passe pas inaperçue,, cette énergie infatigable, la cohérence des couplets et la dynamique endémique à la Dead Obies continuent de figurer partout sur le projet, au plus grand plaisir de leurs fans, comme on peut l’entendre au fil des morceaux.
Un clin d’œil bien spécial est d’ailleurs livré à leurs admirateurs, alors que sont placés ici et là commentaires, louanges et compliments, avec ou sans distorsions sonores, à l’égard du sextuor. C’était une première pour les membres que d’enregistrer devant leur auditoire. La proximité ressentie entre les partis donne un effet charmant au procédé et recrée cette connexion extrasensorielle constamment présente entre le groupe et le public lors de leurs concerts. Faire contribuer indirectement l’assistance à la création du projet est une réussite pour la formation qui voulait miser sur ce lien, cette création artistique commune qui n’est pas toujours exploitée par les artistes.
Étant tous de fins paroliers à leur manière, les cinq rappeurs se sont toujours démarqués par leurs couplets enflammés mis en valeur par les créations musicales de VNCE. Certains verses sont toujours aussi élaborés et construits avec finesse et acuité, mais un côté pop, volontairement plus accrocheur, prend parfois le dessus.
Les punchlines sont certes faciles à retenir, mais certains membres semblent avoir perdu de leur verve passée en s’y adonnant à l’excès. Yes McCan, qui n’en finissait pas d’impressionner avec ses tournures de phrases, ses jeux de mots et ses rythmiques tumultueuses, semble avoir remisé une partie de ces atouts indétrônables au placard, temporairement espérons-le.
VNCE reste constant dans sa production musicale impeccable, sons organiques et synthés incontestablement distinctifs à l’appui. Des éléments nouveaux se sont ajoutés à la banque musicale du groupe, tels des refrains chantés par des voix féminines et les enregistrements live, évidemment, changeant complètement la dynamique de certains morceaux.
En faisant primer l’accessibilité sur l’introspection, le groupe n’a ni mal visé, ni visé juste. C’est un projet complet, toujours évocateur de leur capacité à enflammer une foule et à élaborer des morceaux entraînants et singuliers, tant dans le patois que dans la production musicale, qui ne cause toutefois pas un émoi aussi généralisé que lors de l’écoute de leurs réalisations précédentes.
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