La société pour s’intégrer, l’art pour l’espoir

Création unique de l’enseignant à l’École supérieure de théâtre l’UQAM Ney Wendell dans le contexte de la crise des réfugiés syriens, Le Collectif pour l’espoir a pour mission bien spéciale de rejoindre le plus de réfugiés de jeune âge via des exercices de création par le théâtre. Regard sur cette initiative artistique, presque thérapeutique.

Une vingtaine de chaises. Une grande table avec quelques notes éparpillées çà et là. Quatre ou cinq larges blocs empilés dans le fond de la salle, les seuls objets qui serviront au processus créatif. Dès le départ, le ton est donné lors du visionnement des séquences filmées dans des camps de réfugiés. La caméra partage avec le groupe la précarité, l’entassement, le vide matériel et créatif. Les personnes présentes à l’École supérieure de théâtre de l’UQAM en ce 27 février au matin peuvent maintenant se réunir en cercle, revenir sur les progrès accomplis durant la rencontre précédente et mettre collectivement la main à la pâte pour créer. «Il faut aider ces enfants-là à faire sortir l’expressivité. Les mots, les émotions, les mouvements, les sensations», avance Ney Wendell.

Nature, langue universelle

Lors de la première rencontre du collectif, tenue le 20 février, la nature était le socle sur lequel tous les exercices ont été composés, et ce, de façon complètement spontanée. La possibilité pour les jeunes réfugiés d’incarner leurs aspirations, envies, questionnements, peurs et espoirs dans des éléments faisant partie de la faune et de la flore les entourant a séduit l’ensemble du groupe de création. «Chaque phénomène, animal, arbre, plante, représente une partie de l’imaginaire d’un enfant. Il peut ainsi exprimer une émotion complexe d’une façon simple», analyse Guillaume, étudiant à la maîtrise en théâtre. Quatre heures d’essais, de briefings, de recommencements, de partages: le succès d’un exercice repose entièrement sur l’imagination des personnes impliquées. Des arbres se font bercer par le son de la pluie. Un oiseau tente de s’installer sur une branche alors que le vent s’agite dangereusement. Alors que le contexte (quelques arbres de formes et de tailles différentes, soumis aux volontés de la nature) et l’enjeu (l’oiseau doit parvenir à se déposer malgré les intempéries) sont déterminés dès le départ, ce sont aux participants d’improviser, d’insuffler la vie et les émotions dans un acte spontané.

Faire une différence

Alice, comme la plupart des membres du collectif, a entendu parler de cet atelier bien spécial par le biais du calendrier des événements en ligne de l’UQAM. «Ce processus demande une bienveillance entre tous et chacun, une écoute avec laquelle on arrive à mettre en place des exercices pédagogiques qui sont intéressants à tester, même pour nous, comme adultes», explique-t-elle. Plus de la moitié du groupe du 27 février n’était pas présente à la rencontre du 20, et vice-versa. Cela n’empêche pas une uniformité dans les exercices mis sur pied durant les deux séances. «Chacun peut apporter sa pierre à l’édifice. Ce collectif est très ouvert, tout le monde peut contribuer», note Ney Wendell. La rencontre se termine dans les sourires, les poignées de mains et les accolades. Toutes les étincelles, les flammes créatrices ont été capturées. D’autres rencontres auront lieu dans les semaines suivantes afin de peaufiner le travail brut qui a été accompli durant les deux séances initiales. Le groupe quitte avec le sentiment d’avoir fait une différence. «On crée quelque chose, on embarque dans l’action plutôt que de s’asseoir et de ressentir la douleur, clôt Christianne. L’espoir, on le vit, on le porte en soi».

Photo : Carl Palin

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