Les femmes qui sont DJ ne représentent qu’une minime part du monde de la musique électronique. Bien que la situation évolue tranquillement depuis les dernières années, elles ne font que 10% de la petite pointe de l’iceberg des artistes de ce milieu. Une tendance que l’Igloofest a tenté de combattre.
Stefny Winter est un témoin clé de ce changement dans le monde un peu machiste des DJs. Faisant partie de ce milieu depuis la moitié des années 1990, alors que ce type de musique se faisait encore uniquement sur des vinyles, elle a eu à jongler avec des égos masculins imposants. L’un d’entre eux a même tenté de la retirer de la scène lors de son premier soir de résidence dans un bar de Denver, au Colorado. «Aujourd’hui, je ne sens plus cette friction entre les hommes et les femmes qui pratiquent ce métier», tient-elle tout de même à préciser. Laura Scavo, DJ nouvellement arrivée dans l’industrie, pense elle aussi être traitée de la même manière que ses alter egos masculins, «et si un homme pense que j’ai eu un contrat à cause de mon sexe, c’est qu’il a des doutes sur son propre talent», ajoute-t-elle. Elle croit que c’est uniquement le talent qui permet à un DJ de se démarquer, et non son sexe.
Bien que la relation homme/femme au sein même des DJs ait changé, il n’en reste pas moins que ces dernières sont sous-représentées dans les classements de l’industrie. Alors que celui du Resident Advisor Magazine n’est composé de femmes qu’à 9%, celui du DJ Mag n’en contient que 3%. «C’est un cercle vicieux, les noms affichés dans ces classements sont ceux des DJs les plus populaires. Ils sont donc toujours réinvités dans les festivals, ce qui laisse très peu de place aux quelques femmes présentes», explique la directrice de la programmation à Igloofest, Marie-Laure Saidani. Les artistes féminines n’ont actuellement qu’entre 7 et 18% des places disponibles dans les programmations de festivals.
Vers la parité
L’équipe d’Igloofest porte, elle, une attention particulière à donner une place plus importante aux femmes sur ses affiches, aux dires de Marie-Laure Saidani et de Maripierre d’Amour, directrice des communication et marketing du festival. Cette année, elles représentaient 30% de la programmation de cette rencontre annuelle hivernale, un pourcentage qui montre une progression vers cette idée d’une parité entre les hommes et les femmes. Ça n’a toutefois pas toujours été le cas. «Depuis les 10 dernières années, les femmes représentaient en moyenne 12,2% des DJs présents à Igloofest. C’est un ratio qui n’a pas évolué constamment, mais qui a fluctué avec les années. Le processus doit se faire naturellement, pas pour atteindre un idéal qu’on devrait absolument obtenir parce qu’on est en 2016», explique la directrice de programmation. Comme le fait remarquer Maripierre d’Amour, l’équipe d’Igloofest se félicite d’offrir une programmation solide aux festivaliers. «On célèbre le talent, mais il y a aussi un effort conscient de dénicher autant de talents masculins que féminins», précise-t-elle. Un pas en avant pour que le terme DJ ne soit plus uniquement accordé au masculin sur la scène montréalaise.
Photo: Romain Rabasa
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