Le doyen de la Faculté de science politique et de droit, Hugo Cyr, prévoit organiser des assemblées mensuelles afin de favoriser le dialogue entre les étudiants, les professeurs, les chargés de cours et les employés du département dont les opinions politiques sont divergentes, et surtout, polarisées autour des mouvements de contestation étudiante.
Il ne fait aucun doute que le département de science politique est engagé et que ses membres débattent d’idéologies très différentes. «La Faculté est militante et active politiquement, convient Hugo Cyr. Des tensions peuvent naître, en particulier lors des situations de grève».
La tâche s’annonce ardue, car le climat est particulièrement tendu depuis un an. «La gauche et la droite du département sont en conflit depuis un certain temps et sont en conflit ouvert depuis l’année dernière», indique Benjamin Pillet, membre du comité de publication d’Union Libre, le journal indépendant des étudiants de science politique et de droit.
Une candidature contestée
Le 23 janvier, Union Libre a publié la lettre d’opinion d’un doctorant en science politique dénonçant vertement l’élection unilatérale de la professeure Carolle Simard à la direction du Département de science politique, seule candidate en lice pour le poste. Dans ce billet incendiaire, l’étudiant rappelle les sorties médiatiques de la professeure, très dure à l’égard des étudiants militants. «[L’élection] jouerait en défaveur des mouvements étudiants parce que Carolle Simard s’est toujours montrée très farouchement opposée à ceux-ci, explique Benjamin Pillet. Elle a des positions relativement conservatrices et ce n’est pas quelqu’un qui est ouvert au dialogue avec les étudiants.» Le témoignage de deux militants qui racontent avoir été expulsés manu-militari lorsqu’ils ont voulu obtenir la levée d’un cours donné par Mme Simard est jointe à l’article. L’Association étudiante de science politique et droit (AFESPED) avait voté la grève pendant la session d’hiver 2015.
Quoi qu’il en soit, Carolle Simard a bel et bien été élue lors de la dernière assemblée départementale, à 22 voix favorables et 2 contre. Benjamin Pillet rappelle toutefois qu’une abstention à l’UQAM est considérée comme un vote favorable [NDLR: Après vérification, l’article 2.10 du règlement 2 de l’UQAM indique que «les membres qui s’abstiennent de voter ne sont pas considérés comme votant pour les fins de calculer la majorité».]
La lettre qui a mis le feu aux poudres
Il y a près d’un an jour pour jour, le 24 février 2015, le quotidien Le Devoir publiait une lettre co-signée par le vice-doyen de la Faculté de science politique et de droit, Jean-Guy Prévost, et par 13 professeurs, dont Carolle Simard. On y dénonçait le «climat d’intimidation» à l’UQAM par «des commandos autoproclamés et parfois masqués» qui perturbent le bon déroulement des cours dans l’institution. Le problème, c’est que plusieurs professeurs signataires n’avaient pas été avisés que la lettre serait publiée dans les médias et diffusée à tous les membres de l’UQAM par courriel. Ce malentendu a contribué à la «détérioration du climat» au sein du département et au «conflit ouvert» entre la gauche et la droite, explique Benjamin Pillet.
Depuis sa nomination en juin 2015, le doyen Hugo Cyr cherche à assainir le climat de la Faculté et à encourager l’échange d’idées. C’est pourquoi il souhaite organiser des «town hall meetings», des assemblées publiques où tous les membres de la Faculté pourront échanger en «terrain neutre». Or, puisque l’association facultaire, l’AFESPED, a été démantelée, la communication avec les associations étudiantes modulaires a été difficile. «Les associations étaient toutes en période d’élections lorsque je les ai contactées», raconte M. Cyr. Il prévoit les relancer d’ici quelques jours, car il souhaite commencer les assemblées «le plus tôt possible». Sans donner de noms, le doyen a affirmé que les professeurs à qui il a parlé de son projet trouvent que «l’idée est intéressante». Benjamin Pillet, pour sa part, ne partage pas l’enthousiasme du doyen. «La réaction de [certains] professeurs a toujours été une fin de non-recevoir, dit-il. Il y a des gens comme Hugo Cyr qui veulent rétablir un dialogue, mais c’est un dialogue qui n’existe pas.»
Photo: Alexis Boulianne
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