Une jeune fille grandit sans présence paternelle et tente de découvrir l’identité de cet homme, seconde partie d’elle-même, qui laisse un vide dans sa vie. C’est l’histoire qui est racontée dans Blanc dehors, le dernier récit de la professeure en littérature de l’UQAM, romancière et essayiste, Martine Delvaux, paru en août 2015 aux Éditions Héliotrope.
Québec, 1968. Un enfant nait d’une union hors mariage entre une fille-mère et un homme inconnu. Toute sa vie, l’enfant souffrira de ce manque comme un trou, laissé dans son être, une partie de son identité manquante. C’est alors que cette enfant qui évolue se questionne et est poursuivie par ce désir de connaître son géniteur et ainsi, découvrir ses propres origines.
«Je n’écris pas un livre sur ma mère amnésique, ni sur mon père disparu, ni sur leur histoire d’amour inconnue. J’écris pour remplir des trous, mettre des mots à la place des blancs.»*
La narratrice, cette enfant devenue adulte et qui s’est interrogée toute son existence, c’est l’auteure qui livre son histoire autobiographique, personnelle, intime. L’auteure se révèle, sans censure et avec sensibilité. Immanquablement, l’autofiction occupe également une certaine place dans le livre. Ce qu’elle croit connaitre de son père est incertain. Ces histoires sont le fruit de ses fantasmes, de ses inventions et de son imagination, des images qu’elle se fait de lui avec le peu d’information que ses proches ont pu lui révéler sur son père biologique.
L’abandon, le silence, l’inconnu, la honte, le trouble sont les thèmes autour desquels la narratrice tourne sans cesse dans son récit. Percutants, ils illustrent cette souffrance, ce traumatisme et cette envie de trouver des réponses.
Les nombreuses références socio-historiques du Québec ajoutent au réalisme de l’histoire. L’époque qui l’a vu naitre avec l’arrivée de la pilule anticonceptionnelle, les orphelinats tenus par les sœurs, la légalisation du divorce, la légalisation de l’avortement et la révolte féministe au temps de Duplessis servent de point d’ancrage dans le récit, et l’auteure en soulève l’importance dans sa propre histoire.
Un livre qui comble les blancs, libère et donne un nouveau souffle à certains tabous.
*page 121
4/5
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