La plume acerbe de Koriass est de retour sur des tonalités originales et transitant dans un style plus newschool qu’auparavant. De grands noms sont réunis sur le projet, allant de Larry Kidd à Sabrina Halde de la formation Groenland, accompagnant le rappeur dans sa recherche vers le Love Suprême.
C’est un de ces albums qu’il ne faut pas écouter en mode aléatoire. Les morceaux transitent entre eux, créant l’histoire et le message transmis par le projet. Alors que les pistes traitent pour la plupart de recherche de gloire, d’un amour-propre trop flamboyant ou d’arrogance mal placée, les interludes découpent savamment le tout. Hate Suprême, le titre de ces cinq interludes interprétés par Gilbert Sicotte, remettent en question les conséquences associées à l’ascension vers la gloire.
Par ce procédé, on sent immédiatement que c’est un album très personnel. Des regrets, des erreurs, des accomplissements, tout ce qui est en lien avec la montée vers la célébrité y est relaté. Contrairement à Rue des Saules, dernier opus de Koriass, où l’on sentait une extériorisation des sentiments, c’est plutôt une introspection qui est exposée dans ces textes-ci. C’est toutefois un projet aux propos quelques peu répétitifs qui est livré, ramenant continuellement cette idée du gars «né pour un p’tit pain» que l’artiste a contré par le rap.
La construction du flow du rappeur stagne, donnant l’impression d’entendre des textes semblables les uns aux autres, mais interprétés sur des vagues musicales constamment épatantes. Co-composé par Ruffsound et Philippe Brault, l’album recèle une intelligence musicale, une originalité sonore incontestablement acquise et des collaborations efficaces, mais on ne peut en dire autant sur le plan de la performance vocale.
Koriass expose aisément sa maîtrise de l’art de la rime et des séquences multisyllabiques travaillées, mais certaines punchlines font grincer des dents. Des comparaisons et expressions donnent l’impression d’entendre un père essayant d’adhérer aux tendances de la nouvelle génération, tant par les références que par le style. Pensons notamment à «Je m’en viens take over la planète, Korey du Nord» ou encore à «Y’a des filles qui ouvrent les jambes comme elles ouvrent des fenêtres». Ce n’est pas tant la signification que la pauvreté des figures de style en tant que tel qui bourdonne à l’oreille.
Un album qui, malgré un assemblage instrumental des plus léchés et des collaborations savamment choisies, déçoit par moments côté paroles, plutôt du côté contenant que contenu. Vu l’amalgame des deux éléments, qui reste somme toute de haute qualité, Love Suprême laissera l’auditeur, qui a pour but non pas d’analyser, mais de se divertir, fort satisfait.
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