L’Université du Québec à Montréal (UQAM) a, depuis les dernières semaines, resserré l’accès à ses locaux en dehors des heures d’ouverture régulières des pavillons, incluant ceux qui bénéficiaient dans le passé d’un accès 24 heures sur 24. Cette décision jugée impromptue suscite l’indignation chez des étudiants et des employés.
Après l’annonce de la fermeture de son réseau de bibliothèques le dimanche, l’administration uqamienne poursuit sa quête du retour à l’équilibre budgétaire et enchaîne les scénarios pour absorber les compressions imposées par Québec. Pour dégager des économies, le service de prévention et de la sécurité a réduit, à l’aube de la rentrée scolaire, son effectif de gardiennage à l’extérieur des créneaux d’ouverture de l’université. Les récentes restrictions d’accès la nuit seraient donc une «conséquence directe» de la réduction du nombre de gardiens de sécurité qui arpentent l’UQAM une fois les portes de l’établissement verrouillées, soutient la porte-parole Jenny Desrochers. Cette décision émane du vice-rectorat aux Ressources humaines, à l’administration et aux finances.
Les étudiants qui manifestent le besoin d’accéder à un local après 23 heures en semaine et après 18 heures la fin de semaine doivent fournir une requête auprès d’une unité compétente, tels que leur département d’études ou les Services à la vie étudiante (SVE). Cette demande doit ensuite faire l’objet d’une «évaluation plus poussée de la part des unités qui délivrent les autorisations d’accès la nuit», précise Jenny Desrochers. «Si l’étudiant a réellement besoin d’accéder à un certain moment, l’université va s’assurer que l’accès soit permis et que des agents de sécurité soient présents», a t-elle assuré au Montréal Campus. Elle se défend du même souffle des répercussions que pourraient engendrer une telle consigne sur la communauté estudiantine. «On parle d’une infime minorité d’étudiants qui doivent avoir accès à des locaux en dehors des heures d’ouverture pour des activités académiques ou de recherches», fait-elle observer.
Nombreux ou pas, des étudiants déplorent les nouvelles orientations de l’université et revendiquent plus de souplesse de la part de l’UQAM. La finissante au baccalauréat en communication (télévision), Catherine Ducharme, a fréquemment recours aux salles de montage de l’École des médias. Selon elle, priver les étudiants de cinéma et de télévision de ces locaux aura un impact négatif sur leurs résultats scolaires. «On ne peut pas faire du montage le jour puisqu’on est en classe. Alors on monte principalement le soir, témoigne-t-elle. Le problème là-dedans c’est qu’on n’a plus accès à ces logiciels qu’on ne peut pas avoir à la maison.» D’ordinaire, ces programmes se détaillent à plusieurs centaines de dollars et nécessitent bien souvent un puissant ordinateur.
Les associations étudiantes aussi touchées
Dans la foulée des évènements qui ont secoué l’UQAM au printemps 2015, l’établissement aurait révoqué l’accès 24 heures aux locaux aux étudiants nouvellement élus à la tête de l’Association étudiante de l’École des sciences de la gestion (AéESG). «[L’UQAM] a instauré un couvre-feu pendant la grève, explique le vice-président exécutif, Jérémie Leblanc. Quand la grève a pris fin et que les choses se sont calmées, les compressions ont fait en sorte que les accès ne sont pas revenus».
Suite à son élection, l’étudiant en administration raconte s’être vu accorder une autorisation d’accès aux locaux de son association par les Services à la vie étudiante. Or, moins d’un mois après son entrée en fonction, alors que lui et ses condisciples s’activaient à préparer la rentrée scolaire, un gardien de sécurité les a avisés que leur autorisation ne tenait plus et qu’ils devaient quitter immédiatement les lieux. «Notre premier réflexe a été de contacter les SVE, qui nous ont dit qu’ils n’avaient reçu aucun message comme quoi nos accès 24 heures ne tenaient plus», témoigne Jérémie Leblanc. Il insiste qu’un tel accès était «un privilège», mais il déplore «qu’au moment où l’accès a été coupé, personne n’a été informé» par l’UQAM.
La réduction du personnel de sécurité fait suite à l’embauche de plusieurs dizaines de gardiens au plus fort des perturbations qui ont secoué l’UQAM en mars et avril derniers. Rappelons que ce contrat, d’une valeur de 500 000$, avait été accordé de gré à gré à l’entreprise Gardium. «[Il] avait été octroyé pour les besoins ponctuels du printemps, mais présentement la situation est revenue à la normale d’un point de vue des mouvements étudiants, fait remarquer Jenny Desrochers. Par contre, les compressions budgétaires font leur effet et ça nous oblige à réduire la présence de gardiens de sécurité en dehors des heures d’ouverture.» Il est impossible de savoir si l’effectif de gardiennage était supérieur en nombre à pareille date l’an dernier et donc l’étendue des postes coupés, si postes coupés il y a.
Crédit photo : Catherine Legault
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